Sürkrüt

Blog de l’atelier de Communication graphique de la HEAR

Simple mais de Bongoût, portrait de Christian Gfeller


Christian Gfeller vit et travaille à Berlin au sein du duo créatif Bongoût. Dans Bongoût il y a Anna Hellsgård, Christian Gfeller, une galerie, un site Internet, des publications, un atelier de sérigraphie et un studio de design graphique. Si on prend juste l’atelier et le studio ça s’appelle Re:Surgo! et c’est par ici : http://www.resurgo-berlin.com/

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Je pourrais rédiger un joli paragraphe pour vous présenter le parcours de Christian Gfeller, mais on y perdrait l’efficacité redoutable avec laquelle il me l’a résumé lui même :

-> Né en 1973

-> Arrivé à Berlin en 1979

-> Bac F12 à Illkirch Graffenstaden en internat

-> Arts déco Strasbourg (entré en 1992, je crois)

-> Premières publications Bongoût en avril 1995

-> Atelier communication visuelle

-> J’ai quitté l’école le jour du diplôme blanc, en milieu de 5e année

-> 2 ans plus tard, j’ai fait une année post diplôme aux Arts Déco (6e année)

-> Rencontré Anna Hellsgård le 11 sept 2001 à Berlin

-> Bordeaux 2001 / 2003

-> Berlin depuis 2003.

Avec la même efficacité, il s’est prêté à un questionnaire de Proust un peu dépoussiéré. Avant de vous laisser savourer les réponses et afin d’éviter que le lectorat le moins tenace passe à côté,  précisons que vous pourrez rencontrer Bongoût ainsi que leur travail :

  • À la médiathèque Malraux pour la rétrospective Bongoût / Re:Surgo! Du 5 mars au 20 mai. Les piques assiette seront attristés d’apprendre qu’il n’y aura pas de vernissage tandis que le public sincère sera ému d’apprendre qu’il pourra assister à une visite guidée le 19 mars au matin.

  • Chez Jean François Kaiser pour leur expo solo du 9 au 24 mars, vernissage le 11.

  • Au festival Central Vapeur le weekend du 18 au 20 mars.

Maintenant que vous n’avez plus d’excuse pour passer à côté du travail de Christian Gfeller, voici un extrait de son monde intérieur :

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1) Si j’étais un caractère typographique

Je ne veux pas être un caractère de typographie. D´ailleurs, je ne pense pas qu’avec la technologie actuelle il soit possible de me transformer en caractère de typographie.

2) La qualité que je préfère chez un artiste/ graphiste

Que son travail ne se répète pas de façon systématique. Il y a ces dernières années une approche façonnée par le marché qui pousse les créatifs à se comporter comme des produits. Le geste créatif se résume à une signature, un gimmick. One trick poney. C’est à mourir d’ennui. Sans prise de risque, il n’y a pas de magie.

3) Mon principal défaut

Talk too much.

4) Le principal défaut de mon travail

La difficulté d’y trouver une logique intrinsèque à court terme. Sur la longueur, ça semble le faire.

5) Ma principale qualité

J’ai les yeux noisette. C’est assez rare.

6) La principale qualité de mon travail

Il me fait avancer dans la vie et c’est un formidable compagnon de route.

7) Mon occupation préférée

Ne rien faire. Ça semble paradoxale, mais c’est la vérité.

8) Mon rêve de bonheur

La Kaufmann Desert House designé par Richard Neutra à Palm Spring en Californie.

9) Quel serait mon plus grand malheur

Ne jamais voir la planète Terre de l’espace.

10) À part moi, qui voudrais-je être ?

Lemmy, mais il est mort. Du coup, je préfère rester moi.

11) Le pays imaginaire dans lequel j’aimerais vivre

Un monde d’utopie, sans frontière, sans banque et sans religion. Ça simplifierait bien la choucroute dans laquelle on se trouve en ce moment. On y arrivera un jour, je n’en désespère pas.

12) L’œuvre littéraire dans laquelle j’aimerais vivre

Walden semble attractif, mais 5 jours c’est le maximum.

13) Le morceau de musique dans lequel j’aimerais vivre

This Boots are made for walking de Nancy Sinatra. Et si possible, dans le Scopitone de 1966.

14) Le réalisateur que je choisirais pour diriger ma vie.

Tarkovsky et Bergmann sont mes favoris, mais ils ne sont plus très en forme. Une collab entre Werner Herzog et Woody Allen, ça devrait être assez drôle.

15) La couleur que j’ai sans arrêt envie d’utiliser

Rose fluo… un cheval de Troyes, l’ambassadeur du mauvais goût.

16) Si je ne devais utiliser qu’une seule typo jusqu’à la fin de ma vie

Meta ! Go, Meta go !

17) La forme que je préfère

Patate !

18) Si j’étais un support de communication

…pffff….

19) Si j’étais une technique d’impression

mmmmhhhh… la sérigraphie ??

20) Mes auteurs favoris

Henri Miller, Blaise Cendras, Edgard Hilsenrath, Krishnamurti, Henri Laborit, Knut Hamsun, Georges Bataille, Thor Heyerdahl, Alan Watts… dans cette direction.

21) Mes artistes/ graphistes favoris

Sterling Ruby, Roman Cieslewicz, Waled Beshty, Hergé, Rachel Harrison, Hamony Korine, Thomas Schutte, Carl André, Isa Genzken, Christopher Wool.

22) Un travail/ une œuvre/ une idée dont j’aurais aimé être l’auteur

Étant donnés de Marcel Duchamp… et plus récemment, la pièce pour dOCUMENTA (13) de Pierre Huygues.

23) Mes héros de fiction

Les Rapetou.

24) Dans ma playlist de travail

J’achète beaucoup trop de vinyles.  Du coup je ne vais pas me lancer dans une liste sans fin. Je fais une petite sélection de mes derniers coups de cœur… les albums qui tournent sur ma platine :

– Maki Asakawa, s/t

– Nick Cave, Push The Sky Away

– Death Grip, the Money Store

– Liars, Drum’s not Dead

– Municipal Waste, the Fatal feast

– Psychic Ills, Hazed Dream

– Pj Harvey, Let England Shake

… et les compilations Born Bad vol. 1 à 8.

25) Mes sources d’inspiration et 26) Mes principales obsessions

Des monographies d’art contemporain, des livres sur le graphisme, la peinture abstraite, les bagnoles de la première moitié des 70s, les graph’zines, les affiches, l’illustration et autres livres d’images, une collection de vinyles et une perte de temps considérable à regarder toutes sortes de séries, de documentaires et télé réalités.

27) Si je n’avais pas été graphiste j’aurais aimé être

Je ne suis pas graphiste, et pour être honnête, je fais mon possible pour ne pas être mis dans une boîte.

28) Le personnage historique que j’admire le plus

Ma chienne, Skye.

29) Le livre que tout le monde devrait avoir lu

Un livre qui nous invite à repenser nos comportements, du genre Plaidoyer pour les Animaux de Mattieu Ricard. Je ne l’ai pas lu, pas celui -là en particulier, mais les livres qui ouvrent le chemin ne peuvent faire que du bien.

30) Une typo qui me donne envie de vomir

Helvetica. Ce n’est pas vraiment la typo en elle-même, mais plutôt tout ce qu’elle véhicule. Corporate bitch.

31) Mon tic de graphiste

Expliquer aux non-initiés le concept de l´approche en typographie. Ça met tout de suite les pendules à l’heure.

32) Le don de la nature que j’aimerais avoir, 33) La technique que j’aimerais maîtriser et 34) Le savoir que j’aimerais posséder

Jouer de l’accordéon, une compréhension éclairée des théories de la mécanique quantique, parler japonais, espagnol et russe, et enfin trouver le temps d’apprendre à brasser de la bière.

35) Comment j’aimerais mourir

Coucou, surprise !

36) La faute qui m’inspire le plus d’indulgence

Celle qui n’est commise qu’une seule fois.

37) Ce que j’aimerais qu’on se dire en regardant mon travail

«Trop facile.»

«C´est n’importe quoi.»

«Je veux faire la même chose»

38) Ma devise

Relax, Focus, Enjoy.

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Interview d’Arthur Bonifay


Peux tu te présenter en quelques mots?

Je suis Arthur, un designer graphique de 26 ans vivant et travaillant dans le onzième arrondissement de Paris. Je travaille essentiellement sur des projets d’identité et d’édition pour lesquels je m’emploie à fournir un design simple et ambitieux, mettant en lumière la force des idées. Je porte un intérêt particulier à la typographie et au dessin.

Quel est ton parcours?

Après avoir passé un bac scientifique (avec option arts plastiques) en 2006 au lycée Bellevue de Fort-de-France, je suis arrivé à Paris où j’ai fait une MANAA à l’école Estienne, puis ai passé un BTS en communication visuelle (option graphisme, publicité, édition) à l’ENSAAMA Olivier de Serres. J’ai ensuite intégré l’école des Arts décoratifs de Strasbourg (devenue HEAR durant mon passage) en équivalence en troisième année où j’ai obtenu mon DNAP puis mon DNSEP en Communication graphique.

Pourquoi as-tu choisi cette orientation, quelles ont été tes motivations?

Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours voulu travailler dans le milieu artistique. En débutant mon année de MANAA je pensais me tourner vers l’animation, cependant j’ai rapidement compris que c’était une discipline qui nécessitait un acharnement et une répétition des gestes qui ne me convenaient pas. J’adorais dessiner mais les échelles de temps de travail comparées au résultat m’ont finalement découragé. J’avais besoin de plus d’immédiateté. Je me suis alors tourné vers le design graphique sans savoir complètement ce que c’était mais avec l’idée que c’était une discipline qui en recouvrait beaucoup d’autres, et qui par conséquent me permettrait d’avoir une production très variée.

As tu eu des évènements, des rencontres qui ont joués un rôle important dans ton parcours?

Aux Arts décoratifs je retiens surtout la sensation de liberté qui m’est apparue après un BTS très professionnalisant. Les sujets que j’ai notamment pu avoir avec Christophe Jacquet (Toffe) ou Pierre di Sciullo en 3e année étaient libératoires. Aussi, l’accès aux différents ateliers était une chance que je mesure encore mieux maintenant que je n’y suis plus.

Au cours de ma première année en école d’art j’ai rencontré Geff Pellet et Emmanuel Besse, nous sommes d’abord devenus amis puis avons rapidement compris que nous partagions des  ambitions communes. Nous ne nous sommes pas éloignés pendant notre BTS alors que nous n’étions plus dans les mêmes classes. Nous débordions d’envie et voulions sans cesse nous impressionner les uns les autres. Nous nous retrouvions plusieurs fois par semaine le soir pour mener des projets communs (des éditions, des caractères typographiques, des dessins, des courts-métrages etc.) ou pour se donner un œil sur nos sujets de cours respectifs. Cette émulation productive a atteint son paroxysme lorsque nous nous sommes retrouvés dans la même classe en 3e année aux Arts décoratifs de Strasbourg. C’est à ce moment que nous avons monté Large (avec Léo Carbonnet, ami d’enfance d’Emmanuel), qui à l’époque se matérialisait surtout par la mise en relation de nos références sur un blog commun.

Plan et programme de l'exposition, Avant Première, des étudianst de la Hear.

Plan et programme de l’exposition, Avant Première, des étudiant de la Hear.

 

En sortant de l’école quels choix se sont présentés à toi?

Après le DNSEP je suis retourné à Paris. Cet été là, le rédacteur en chef d’Illimité (le magazine des cinéma UGC) venait de se séparer de sa graphiste, il avait vu notre blog et avait apprécié notre travail. Il nous a proposé de renouveler la maquette de son mensuel.
Nous avions à gérer un tirage à 360 000 exemplaires au sortir des études, à un moment où les enjeux de la «pop culture» nous motivaient énormément (nous ne souhaitions pas nous cantonner à ne travailler que pour le milieu culturel). Au final c’était l’excuse idéale pour tenter l’aventure en freelance.

Redesign d’Illimité, le magazine mensuel des cinémas UGC. Magazine, 200 × 285 mm, 44 pp. Septembre 2012 – Février 2013.

Redesign d’Illimité, le magazine mensuel des cinémas UGC.
Magazine. Septembre 2012 – Février 2013.

Peux-tu nous expliquer ce qu’est Large? Comment fonctionnez-vous?

Large est la réunion de quatre designers graphiques indépendants, nous n’avons jamais eu de structure juridique, simplement un nom déposé à l’INPI et un site commun (http://large.la/). Nous démarchons donc chacun de notre côté et quand nous avons besoin de travailler à plusieurs, nous faisons appel les uns aux autres ; cependant même si nous avons toujours un regard sur les travaux en cours, nous travaillons rarement à plus de deux sur un même projet.
Aujourd’hui notre situation a évolué, notre groupe est en pause. Après deux années de freelance à quatre, notre situation financière s’est compliquée. Nous nous sommes heurtés au manque de confiance de beaucoup de clients — et clients potentiels — envers de jeunes graphistes ambitieux mais avec peu de références. Nous étions très exigeants avec notre travail et ne comptions pas nos heures, il en résulte que nous avons des productions dont nous sommes fiers mais n’avons pas été économiquement réalistes.
J’ai depuis intégré l’atelier LM communiquer où j’y apprend la signalétique – ce que personne dans Large ne maîtrise — et m’imprègne d’une rigueur nouvelle.

Identité de Temple, studio photo spécialisé dans les nouvelles techniques de prise de vue numérique. Logotype (Polices : Bancal & Simplon BP Mono). Cartes de visite, 85 × 55 mm. Mai 2013.

Identité de Temple, studio photo spécialisé dans les nouvelles techniques de prise de vue numérique.
Logotype (Polices : Bancal & Simplon BP Mono). Cartes de visite, 85 × 55 mm. Mai 2013.

Conception graphique de La Life, le journal du Festival de l’affiche et du graphisme de Chaumont. Affiches, 750 × 1000 mm. Mai 2013.

Conception graphique de La Life, le journal du Festival de l’affiche et du graphisme de Chaumont.
Affiches, 750 × 1000 mm. Mai 2013.

Identité du festival musical Les Siestes électroniques de Toulouse. Affiches, 1200 × 1760 mm et 400 × 600 mm. Avril 2013.

Identité du festival musical Les Siestes électroniques de Toulouse.
Affiches, 1200 × 1760 mm et 400 × 600 mm. Avril 2013.

Comment articules-tu ton travail d’illustrateur avec ta pratique de graphiste?

Aujourd’hui je suis designer graphique avant d’être dessinateur/illustrateur. Avec mon poste chez LM communiquer qui m’occupe la journée, je dessine le soir et les weekends. J’ai souvent travaillé par périodes avant cela, alternant des semaines plus tournées sur un travail graphique avec des semaines plus illustratives. Mes envies restent cependant les mêmes et j’essaie d’avoir une radicalité et une économie dans les signes que je dessine ou que je que je fasse un livre. Il est selon moi naturel d’être pluridisciplinaire en tant que créateur, cela permet de ne pas s’enfermer dans des schémas de réflexions qui peuvent devenir systématiques.

J’ai vu que vous aviez pas mal de projets en collaboration, notamment tes illustration pour Building Paris qui s’occupe de la conception de INA Global et de SNATCH Magazine ou encore avec Pierre Vanni. Comment se déroulent ces collaborations? Qu’est ce qui vous réunis?

Les collaborations sont à vrai dire souvent des questions d’affinités. Le blog de Large, sur lequel nous écrivions nos réflexions sur le design graphique, nous a fait rencontrer beaucoup de personnes de ce petit milieu, avec lesquelles pour certaines nous nous sommes liées d’amitié. Au final, je connaissais chacun des graphistes que tu cites dans ta question (Benoît Santiard et Guillaume Grall, Majan Dutertre et Pierre Vanni) depuis plusieurs années avant que nous travaillions ensemble. J’imagine qu’il était plus simple pour eux de faire appel à moi sachant que nous partagions des mêmes goûts et une certaine vision du graphisme.

Illustration de l’entretien avec Bernard Stiegler l’Europe doit réinventer le web, paru dans INA Global. Magazine. Février 2014

Illustration de l’entretien avec Bernard Stiegler l’Europe doit réinventer le web, paru dans INA Global. Magazine. Février 2014

Qu’est que ce qui est important, selon toi, pour (être/un) graphiste?

Pas de secret : la curiosité.

Tu as gagné une sacrée photo de moi 😉

Arthur Bonifay

Arthur Bonifay

 

http://large.la/

http://art-bon.com/

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«En prenant à gauche en bas de l’escalier» – Coline Sunier & Charles Mazé


Coline Sunier & Charles Mazé

À: Mayssa Jaoudat
Rép: Ceci n’est pas une demande de stage.

Depuis combien de temps avez-vous quitté la section com graph des arts déco ?
Nous avons tous les deux obtenu notre DNSEP en 2008, donc cela fait 6 ans et demi.

Pourquoi avoir choisi celle-ci, et avoir choisi les arts déco ?
L’École des arts décoratifs de Strasbourg avait une bonne réputation en France, en grande partie grâce à son option Illustration. Nous sommes tous les deux rentrés en équivalence en 4e année. Coline était à l’ÉSAD •Valence auparavant, qui ne délivrait pas encore de DNSEP à ce moment-là.

Comment s’est passé la sortie de l’école ?
En prenant à gauche en bas de l’escalier.

 

 future est un site internant poursuivant et augmentant les activités de △⋔☼ sous la forme de publications en ligne et imprimées.

http://f-u-t-u-r-e.org/ est un site internent poursuivant et augmentant les activités de △⋔☼ sous la forme de publications en ligne et imprimées.

 

 

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Louie Louie – Retranscription d’un programme de rencontres accueilli par l’École supérieure des beaux-arts d’Angers et l’École nationale supérieure d’art de Bourges.

 

Quel est votre parcours depuis ?

À la sortie de l’école, pour Coline, un stage chez les designers LUST, à La Haye au Pays-Bas. Pour Charles, un master en dessin de caractère typographique (Master Type & Media) à la KABK de La Haye.
Notre atelier est à Bruxelles, où nous nous sommes arrêtés sur la route en rentrant des Pays-Bas il y a 5 ans et demi.
Cette année, nous avons la chance d’être pensionnaires à la Villa Médicis à Rome, pour une résidence d’un an jusqu’en août 2015. Cette parenthèse nous permet de continuer à développer nos recherches sans être dans une situation de «commande», ce qui est très important à nos yeux. Nous retrouvons donc le luxe d’être étudiants et chercheurs en quelque sorte !

Avez-vous réussi à lancer votre activité directement à la sortie de l’école ?
Dès la cinquième année, nous avons eu la chance de commencer à travailler ensemble sur un projet de revue universitaire, intitulée 2.0.1  Cette revue, qui a existé de 2008 à 2011, nous a donné l’occasion de mettre à l’épreuve une approche décalée par rapport à ce que ce type de publication implique habituellement. D’autre part elle nous a permis de commencer à travailler avant même la sortie de l’école. De ce premier travail ont découlé de nombreuses autres collaborations (certaines encore en cours avec le site http://f-u-t-u-r-e.org) et travaux, des invitations pour des workshops, etc.

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Site internet de Cataloged.

 

Quel est votre regard sur votre travail en tant que designer graphique ? Avez-vous une orientation spécifique ?
Voir dans les autres réponses.

Pourquoi avoir choisi de travailler à deux ? Comment vous organisez-vous ?
Ce choix s’est fait plutôt naturellement lorsque nous étions encore étudiants. Au départ on travaillait sur le même fichier, on n’a pas mis longtemps à se rendre compte que ce n’était pas la bonne méthode. Maintenant, les projets se construisent ensemble, puis un de nous deux consacre plus d’espace de cerveau que l’autre à un projet en particulier. Mais chacun suit chaque projet et nous essayons d’être toujours ensemble aux réunions.

Que retirez-vous de votre expérience de jury en écoles d’art ? Et celle des workshops ?
Les jurys nous apportent toujours beaucoup, c’est très intéressant de voir d’autres pensées en action et de voir comment elles se formalisent.
Nous avons déjà réalisé huit workshops dans différentes écoles d’art entre 2009 et 20013 : à l’ESAC de Pau, l’ESADSE à Saint-Étienne, l’ESBA à Angers, l’ERBA à Rennes, le Festival international de l’affiche de Chaumont, l’ÉSAD •Valence, et enfin l’ENSBA de Lyon.
Pour ne prendre que deux exemples : les workshops Ambiance scandale, danse de vandales à l’École des beaux-arts de Rennes (2011-2012), puis Il n’y a que la canaille / Qui mette son nom sur les murailles à l’École supérieure des beaux-arts de Lyon (2013) étaient pensés dans une continuité. Nous y avons encadré un petit nombre d’étudiants à la création de deux gazettes sur la collecte, le catalogage et la retranscription graphique des traces de vandalisme sur des œuvres d’art dans l’espace public. L’intérêt avait été porté sur la production d’un contenu parallèlement à la mise en place de formes, et la prise en compte d’un contexte particulier (les œuvres d’art dans ces deux espaces publics) et ce dans un temps réduit. Cette posture que nous appliquons le plus souvent possible nous permet d’être toujours en train d’apprendre et d’imaginer des réponses spécifiques à chaque projet.

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Revue ∆⅄⎈ N°1 – BAT Editions

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Revue ∆⅄⎈ N°1 – BAT Editions

Arrivez-vous à concilier vos envies personnelles (en terme de projet) et votre travail professionnel ?
Oui, notamment en étant à la Villa Médicis cette année. À l’atelier, chaque projet demande une phase de recherche importante qui nous permet de ne pas répondre juste à une demande et faire des grilles de mises en page.

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Come vanno le cose? – Conçu et réalisé lors d’une résidence à l’Académie de France à Rome—Villa Medici – BAT Editions

http://www.cataloged.cc/

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Portrait de Pierre Faedi : monter une imprimerie.


Nous nous trouvons près de Rotonde dans la banlieue de Strasbourg. Le quartier est humble et s’organise en petites maisons et HLM autour des avenues qui mènent à la gare. Nous avons rendez-vous dans une de ces maisons qui ne laissent rien présager d’atypique depuis l’extérieur, au 28 de la rue d’Oberhausbergen à Cronenbourg. Je retrouve Pierre Faedi dans les sous-sols. Le plafond est bas, l’air est chaud, une scie tourne régulièrement quelque part dans la cave, on peut sentir une odeur de brulée.

Un atelier sans prétention, mais complet. Trois personnes sont en train d’imprimer sur une grande table de 120 par 90cm. Le bruit de l’aspiration rythme le passage des feuilles et le vrombissement du Karcher, celui des écrans. Les étagères regroupent une vingtaine de pots d’encres. Une petite salle est consacrée au papier. Autour de la table, on s’applique à passer la dernière couleur avant l’interview de Pierre. Je regarde les trois hommes caler la 4e couche dans l’obscurité et la tirer dans un espace exigu. Tout se déroule bien, le tirage est propre. Retour à la surface.

Sous-sols et atelier de sérigraphie de PIerre Faedi.

Sous-sols et atelier de sérigraphie de Pierre Faedi.

Comment s’est déroulée ta sortie de l’école et ton arrivée dans le monde professionnel ?

Je ne suis pas sortie tout de suite de l’école après mon diplôme, j’ai d’abord fait une année de monitorat vidéo pour me rassurer. Après j’ai dû me confronter au travail. J’étais déjà à la maison des artistes pendant mes études, mais cela ne suffisait pas à me faire vivre et faire un boulot alimentaire ne m’attirait pas franchement. J’ai eu une opportunité de travailler avec Centrale Vapeur, qui m’a proposé d’investir la cave de leurs locaux du pôle rotonde. C’était un peu déroutant, car il n’y avait rien dans ces espaces.

Il a donc fallu ramener tout le matériel ici…

Oui ! Cela a été des rencontres, des coups de fil, des coups de bol. L’avantage de la sérigraphie c’est que tu peux partir de pas grand chose et d’un peu de bricolage pour commencer à produire. Après, quand tu sors de l’atelier des Arts Déco de Strasbourg c’est dur de se retrouver avec du matériel moins performant, mais c’est aussi quelque chose d’excitant, c’est un défi. J’ai commencé dans ma chambre avec une petite table sur mon lit. Mon atelier a grandi d’année en année.

Pourquoi avoir choisi de monter une imprimerie à la sortie de l’école ?

J’ai toujours eu besoin d’imprimer des choses. Monter une imprimerie n’est pas une fin en soi, mais j’aime expérimenter les couleurs, les jeux de matière et j’avais envie d’avoir un espace à moi pour chercher de nouvelles formes. Aujourd’hui je produis des images pour moi, mais cet atelier me sert aussi à participer à des projets d’édition ou plus simplement à répondre à des commandes commerciales.

Comment organises-tu ton temps entre l’impression pour autrui et la pratique personnelle ?

Il faut se mettre dans la peau de l’imprimeur et comprendre ce que l’autre attend de toi. Cela prend beaucoup de temps et d’énergie. Il est parfois nécessaire de passer mes projets personnels au second plan. Cependant, même en travaillant pour les autres, j’apprends et leurs projets font avancer ma pratique d’imprimeur et de créateur.

Est-ce que tu t’y retrouves financièrement ?

Pas vraiment. Tout l’argent que je gagne ici est directement réinvesti dans le matériel et les consommables. Il est rare qu’il me reste quelque chose. Pour l’instant je cherche un équilibre. Je touche le RSA qui me permet de vivre et de dégager du temps pour monter et faire grandir cet atelier. J’espère pouvoir inverser la tendance. Dans cinq ou six ans, si j’en suis toujours au même point, je songerai à faire autre chose, mais pour l’instant je reste confiant.

Pierre Faedi regroupe dans son atelier des machines de sérigraphie, de riso et prochainement une petite presse offset une couleur.

Vous pouvez retrouver une trace vidéo de ce portrait sur : http://youtu.be/zmztngHTk-o.

Et plus d’information sur Pierre Faedi sur son site : www.pierre-faedi.com.

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Interview Yannick Mathey


Yannick sort en 2010 des Arts Décoratifs de Strasbourg avec pour projet de diplôme l’application « Proto-typo ». Ce projet a pour but de faire le pont entre deux univers basés sur des systèmes : le dessin de caractères et le processus automatisé.

Il trouve un travail au studio « Les designers anonymes » à Paris. Le fait d’avoir des notions en intégration de web l’a aidé à se démarquer des autres graphistes.

Il a très vite observé que le monde du travail était vraiment différent de celui de l’école. Ici, pas le temps de faire des beaux objets en sérigraphie.

Après avoir passé un an et demi en agence, il s’installe en indépendant, ce qu’il est encore aujourd’hui. Il n’a pas cherché à développer le côté graphiste-auteur car il est dur de vendre ce genre de projet. « On vient te chercher pour un style pas pour quelque chose de lambda ».

Il a effectué quelques collaborations pour plusieurs projets mais il fait surtout du web design et intégration.

Actuellement il travaille avec l’agence « Cheval Vert ». Pour lui le travail à plusieurs est une grande source d’enrichissement, il y a moins d’hésitation.

Pour lui la confrontation entre le marketing et le graphisme est difficile. Il faut prendre le temps d’expliquer sa démarche.

Yannick a passé un an à Londres. Il recommande vivement cette ville dans laquelle le bon graphisme réside. Il y est plus facile de trouver du travail en freelance. Cela l’a amené à ouvrir son esprit et à découvrir de nouvelles personnes.

Il garde contact avec des anciens de l’école avec lesquels il travaille parfois lorsqu’ils ont besoin de renfort sur un projet.

Dernier conseil: « être confiant dans son travail ».

http://yannickmathey.com
http://www.prototypo.io

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