L’an dernier, alors que Face lisait au-dessus de l’épaule de Pile, elle lui chuchota : — Tu sais Pile, c’est drôle, j’ai écrit récemment des choses similaires. Je te ferai lire. Face lui a lu. Et elles ont continué à écrire, puis elles se sont lues de nouveau – puis elles ont lu, ensemble, pour d’autres. Pile racontait son père, la Martinique, des épisodes amers parfois. Face racontait sa mère, le Vietnam. Ensemble et chacune à leur manière, elles entreprennent ainsi d’écrire des textes qui retracent une partie des questionnements dûs à leurs origines. Leur vient alors l’idée de rassembler leurs textes dans un même livre. Pile et Face signent alors deux ensembles de textes qui suggèrent, traversent et soulèvent des questions de différence, d’identité, de métissages, d’appropriation, sur la famille, les colonies françaises, sur ce qu’il y a dans l’assiette et au-delà du miroir. Les récits ainsi cumulés, ne parlent plus seulement de l’histoire de Pile et de Face, perdues entre la France, celle où elles vivent et où elles ont toujours vécu, le Vietnam et la Martinique, mais apportent une dimension universelle à ces textes et portraits métissés. Le livre, tête-bêche, suit l’idée de deux faces, celle de leurs deux histoires séparées, celle du Vietnam (Recto/ FACE/ A) de la Martinique (Verso/ PILE/ B) et un objet commun, celui qu’elles tentent de faire exister par leur être et leur récit.