“Petite planète”, découvrir le monde autrement
Dès 1952, la collection Petite planète parait aux éditions du Seuil sous la direction de Chris Marker. Celle-ci se démarque du paysage des livres de voyage et de géographie, à la fois par son contenu et sa mise en forme. En effet, elle est pensée comme « l’équivalent, plutôt, de la conversation que vous aimeriez avoir avec un homme intelligent et connaissant bien le pays qui vous intéresse ». Les sujets abordés ne sont pas ceux du tourisme de base et des notions arrêtées, mais la vision de pays en changement dans le contexte d’un monde résolument moderne. Marker entend « renseigner dès l’abord ses lecteurs sur les problème humains qui se posent dans les pays » en question.
L’accent est également mis sur l’image (quasiment la moitié des pages) et son articulation dans l’espace du livre. Certaines utilisations sont osées, parfois jusqu’à devenir incommodes, voire illisibles. Juliette Caputo, en charge de la maquette, n’hésitait pas, ainsi, à jouer de superpositions, de rotations ou de recadrages forcés. Chaque numéro se voit associé une couleur, utilisée tant pour les reproductions photographiques que les illustrations (d’animaux, en majeure partie).
L’ensemble ainsi créé est fort et tout en modestie. Il se distingue par une qualité à tous les niveaux, contenu textuel et visuel, mais également mise en forme, impression et façonnage. La collection Petite planète est une invitation a redécouvrir les productions d’une autre époque et à trouver l’inspiration dans une édition qui, bien que destinée à un public étendu, se risque à de l’inattendu et du nouveau.
Catégorie: Observatoire | 2 Commentaires
[…] → cit. comgraph.hear.fr […]
Magnifique description d’une collection que je lis depuis mon adolescence et qui a façonné ma vision du monde. Votre article a 1000 fois raison de souligner l’importance de la mise en page (le formatage de l’information) dans la transmission de l’information. La lecture de tels livres laisse une trace indélébile dans l’esprit du lecteur. La forme a servi le fond ! Juliette Caputo était la maquettiste de la collection et on retrouve cette mise en page dans d’autres livres édités par les éditions du Seuil dont elle a assuré la mise en page (ainsi, « Terre d’Israël » paru en 1973).