Sürkrüt

Blog de l’atelier de Communication graphique de la HEAR

Pimp that type/Petit devient grand (Quelques propositions des étudiants de l’atelier d’année 3)


Il était demandé de partir d’un objet réel (et non d’une reproduction) de petite taille pouvant être contemporain ou plus ancien* dont le contenu et l’aspect graphique/typographique étaient suffisamment intéressants et complexes pour en magnifier les éléments : à la fois les rendre plus grands mais aussi les rendre plus efficaces et plus lisibles. Les propositions graphiques devaient aller au-delà du simple zoom et s’approprier les codes et les enjeux du format poster.

Si l’intégralité du contenu du document de départ devait figurer sur le poster final, le degré de réinterprétation était laissé au choix de chaque étudiant. On devait cependant être en mesure de retrouver quel document était à la base du travail.

* Cela pouvait être : un ticket de métro, de bus, de tram, de cinéma, de parking, de stationnement, de caisse, de péage d’autoroute, de consigne, de pressing, de restaurant, un billet de tombola, de concert, de spectacle, de train, d’avion, une carte d’embarquement, des cartes de crédit, bancaires, des étiquettes de vêtements, des notices, des timbres, des envois postaux…

 

Massif certif, de Lucas Descroix

Mon document source, un certificat d’assurance, a particulièrement attiré mon attention par sa trame de fond. Il s’agit d’un complexe motif typographique, une accumulation, vraisemblablement réalisée de façon numérique, des lettres C et A. Aussi j’ai choisi, pour son agrandissement, de me baser sur la perception visuelle plutôt qu’une reproduction à l’identique. La gravure sur bois m’a permis d’obtenir ceci, par sa matière et sa grossièreté.

(gravure sur bois & transfert, format 40 x 60 cm)

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Déteinte, de Léna Robin

J’ai choisi de ré-interpréter une étiquette présente sur un jean de la marque H&M, mettant en garde contre le fait que le tissu foncé du jean pouvait déteindre sur d’autres supports.
En réutilisant les éléments typographiques de l’étiquette originale et en remaniant leur mise en page, j’ai d’abord réalisé un poster-type, mettant le français en avant, dans le but d’en faire un élément davantage didactique et fonctionnel. Ce poster a servi de base à des expérimentations sérigraphiques, générant des impressions aux dégradés aléatoires, imprévisibles et uniques, comme pourraient le faire des tissus qui auraient déteint.
Ces détériorations sont aussi un moyen de renforcer le lien de cause à effet, énoncé dans les informations contenues dans l’étiquette.

(sérigraphie sur tissu, deux passages, format 60 x 80 cm)

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Alsa, de Iris Winckler

J’ai réinterprété le célèbre sachet de levure Alsa. Les éléments typographiques et décoratifs ont été réorganisés selon une dynamique plus appropriée au format de l’affiche.

(impression laser, format 60 x 40 cm)

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Poinçon, de Paul Cabanes

C’est un ticket de bateau menant vers des îles en Grèce qui est à l’origine de ces affiches. Blanc, épuré et seulement typographique, il était parsemé de poinçons après avoir été validé. C’est sur ce détail que jouent ces affiches. Elles sont la version augmentée du ticket, où les îles ne sont plus qu’une simple idée, mais viennent se dessiner sur la surface du papier comme une cartographie réalisée en poinçons.

(perforation & transfert, format 60 x 40 cm)

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Daniel Eatock, exposition individuelle de groupe : “One Hundred and Forty Thousand and Four Hundred Seconds / 26 m2 / Title: _________ / Echo / 105 x 148 mm / daniel@eatock.com / NO SMOKING (thank you) / Once Upon a Time… / Actual Size / Utilitarian Poster Falling”, avec Caroline Bluche, Margot Cannizzo, Louison Coulom, Léopoldine Charon, Miklós Ferencz, Marisol Godard, Alban Leven, Charlotte Parisse, Pedro Seromenho, Elsa Varin, Florian Veltman


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Daniel Eatock, Timbre en caoutchouc, 2013. Production : Haute école des arts du Rhin.

L’artiste britannique Daniel Eatock a été invité par l’atelier de Communication graphique pour une résidence qui a donné lieu à une conférence / performance le 21 mars, et se conclura par une exposition – la première présentation monographique de son travail en France –, du 17 mai au 6 juin 2013 à la Chaufferie, galerie de l’école.

Basé à Londres, Daniel Eatock (né en 1975), diplômé du Royal College of Art est un artiste et designer dont la pratique se fonde autant sur son expérience en tant que graphiste qu’elle se nourrit, entre autres, de son intérêt pour l’art conceptuel des années 1960. Souvent réflexive, son approche hybride et multidisciplinaire est emprunte d’humour, d’ingéniosité, de goût pour les classifications, portant un regard critique sur des situations visuellement contradictoires ou paradoxales. Nombre de ses projets sollicitent la participation des autres, suscitant collaborations et situations d’échange, en proposant par exemple des « modèles » à compléter, ou des structures laissée vides. C’est le cas d’Indexhibit, un modèle de site web/portfolio dont il est co initiateur avec Jeffery Vaska, et utilisé par un nombre considérable d’artistes, designers, architectes et autres. Son propre site, créé avec cet outil, est pour lui à la fois un lieu de création, un lieu d’exposition et une véritable archive en ligne. Une monographie consacrée à son travail, Imprint, a été publiée en 2008 par Princeton Architectural Press.

À partir d’une proposition de Jérôme Saint-Loubert Bié, et grâce à des échanges réguliers avec l’artiste depuis octobre 2012, un groupe d’étudiants en quatrième année a conçu avec l’artiste une présentation inédite de son travail qui prend la forme singulière d’une “exposition individuelle de groupe”. Les onze étudiants ont chacun proposé à l’artiste de revisiter ou de réactualiser un travail ou un ensemble de travaux pour l’occasion, ce qui a aussi été déclencheur de propositions entièrement nouvelles, donnant lieu à de nouvelles productions. Daniel Eatock aime en effet se saisir des situations, des hasards, des contraintes et des circonstances singulières, et revendique le fait de « souvent changer d’avis pour faire un tour complet et revenir au point de départ… »

L’exposition sera immédiatement suivie d’une publication conçue en collaboration avec Daniel Eatock, intitulée 26m2, disponible à travers la plateforme d’impression à la demande lulu.com. Ce catalogue sera composé de 740 pages, le maximum proposé par le service en ligne, ce qui représente une surface totale de papier de quasiment 26 m2. Il rendra compte spécifiquement des projets développés avec les étudiants pour cette exposition et sera disponible au moment même où celle ci fermera ses portes, le 6 juin.

Exposition : du 17 Mai au 6 Juin 2013
Vernissage : Jeudi 16 mai 2013, 18h30
Finissage et lancement de la publication : Jeudi 6 juin 2013, 18h00
La Chaufferie, 5 rue de la Manufacture des Tabacs, Strasbourg

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« 32 heures chrono », workshop avec Grégoire Romanet


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Le 2 avril dernier à 10 heures du matin, en ce premier jour de workshop, assis autour d’une table de la salle Prechter, notre équipe de quinze participants (année trois et quatre confondues) attendait avec impatience Grégoire Romanet. Pour seuls indices du déroulé de cette semaine nous disposions de la durée qui nous était impartie et du lieu à investir, autant dire qu’un grand mystère planait parmi nous. La salle Prechter est une pièce de notre école conçue pour accueillir des expositions. Elle n’est que très rarement utilisée et peu connue des élèves. Quelque peu cachée, nous redoutions que Grégoire ne trouve le chemin pour y accéder… Mais il arrivait, enfin ! Notre rencontre avec le graphiste pouvait commencer.

 Les fouilles

Comment commencer ? Comment choisir une piste de travail ? Partir d’une thématique ou plutôt de nos contraintes matérielles (scotchs de couleurs, imprimante noir et blanc, papier A4 et A3, ficelle) ou encore de l’historique du lieu ? Nous nous sommes mis d’accord pour entamer des recherches sur la salle Prechter et donc la rue Prechter que l’on voit à travers la baie vitrée de la pièce. Quelle est leur histoire, quelles sont leurs anecdotes, leurs origines ? La machine était lancée. À notre grande satisfaction, l’exploration de ce lieu a révélé une histoire d’une grande richesse, beaucoup de pistes, de détails surgissaient au fil du temps, autant de matière à interroger et à donner à voir. Par petites équipes nous nous sommes répartis le travail d’investigation afin de déterrer les fragments oubliés de la rue et réaliser une véritable fouille archéologique du lieu.

Le collectif

Systématiquement nous accrochions nos trouvailles au mur, images, textes, données, dates, références graphiques, afin d’exposer à tout le groupe l’avancement des recherches. L’idée de collectif a été primordiale dans le déroulement du workshop. Nous avancions tous ensemble en rebondissant sur les idées des uns, les images des autres, et par la discussion lors de tours de table. Jusqu’à la production du contenu final nous avons partagé notre stock de visuels, toute la matière récupérée lors de nos recherches.

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Une idée forte est ressortie de notre démarche de «fouilles » et de la configuration du lieu. La salle se situe en effet en dessous du niveau du trottoir : les passants parfois curieux de la rue Prechter jetaient un œil à travers la vitre et regardaient, vue d’en haut, ce que nous faisions. Ce rapport entre la rue et l’intérieur de l’école nous a interpellés, la salle Prechter devenait comme une vitrine à travers laquelle nous pouvions dialoguer vers l’extérieur. D’autre part, l’idée « d’archéologique », le fait de déterrer, de remonter à la surface les différentes couches de l’histoire du lieu nous a beaucoup plu. Nous avions donc l’envie de montrer, à travers un jeu sur les points de vue et les niveaux, les fragments et les éléments historiques redécouverts de cet endroit.

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L’installation

Le projet a pris la forme d’une grille réalisée en ficelle, comme lors de fouilles archéologiques, sur lesquelles nous avons accroché des affiches produites avec les moyens du bord. Chaque image est une interprétation de l’un d’entre nous sur un aspect ou sur l’ensemble de l’histoire du lieu. Le but était de composer depuis l’extérieur une surface de fragments d’images qui prolongerait le niveau du sol ; et de proposer aux visiteurs depuis l’intérieur, par la descente des escaliers, la découverte de l’archéologie de la salle Prechter. L’entrée ne pouvait se faire que par la porte donnant sur la rue ce qui permettait de proposer une vue d’ensemble avant de s’intéresser à la narration des affiches. D’autres formats reprenant des phrases, chiffres, listes, tirées de nos recherches ont été accrochés au-dessus du niveau afin d’attirer le regard du passant, l’amener à se questionner pour ensuite se plonger dans les images.

Un grand  merci de la part de tous les étudiants à Grégoire Romanet pour ce workshop, merci à notre professeur Philippe Delangle de l’avoir organisé et à notre directeur David Cascaro d’avoir permis la prolongation du temps d’accrochage.

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Typographie et design éditorial, un spécimen typographique


Pour ce sujet les étudiants de 4e année étaient invités, à partir d’une sélection de caractères imposés, à réinventer le format du spécimen typographique, objet éditorial présentant un caractère typographique et destiné la plupart du temps à le promouvoir commercialement.
À travers leur spécimen «subjectif», et après une courte recherche historique, les étudiants ont mis en pages et en images un ou plusieurs aspects spécifiques au caractère liés tantôt à son créateur, tantôt à son contexte de création ou à ses domaines d’application.

Un specimen du Baskerville, Léopoldine Charon

Le Baskerville a été créé par John Baskerville en 1756. Ce spécimen présente le caractère en reprenant des extraits du Chien des Baskerville de Sir Arthur Conan Doyle (qui nomma son roman en hommage au typographe), ainsi que des images de son adaptation cinématographique de 1939. Prenant la forme d’une sorte de journal, Il joue sur la re-création de l’espace du livre de poche et de l’atmosphère de l’enquête policière.

 

 

Neeeeeeeeeeeeutralité, Alban Leven

Ce spécimen et son court film dérivé mettent en scène la notion de neutralité évoquée par le caractère Akzidenz Grotesk dessiné par la fonderie Hermann Berthold AG en 1896.

leeeeeeeeeeee film

 

Courier New, De la machine à écrire à l’art ASCII, Céline Kriebs

Le dessin du Courier New créé par Adrian Frutiger en 1990 est basé sur celui du Courier créé par Howard Kettler en 1956. Ce spécimen présente l’histoire du Courier New illustré en Art ASCII, uniquement réalisé en caractères contenus dans le code ASCII.

 

Aux bords de la pageMarisol Godard
Un specimen d’espace

La Franklin Gothic, créée en 1902 par Morris Fuller Benton, est un caractère utilisé fréquemment dans les installations typographiques de l’artiste conceptuel Lawrence Weiner. En référence à son travail sur le langage, l’énoncé, l’espace du musée et l’espace urbain cette édition propose une illustration de l’œuvre de Georges Perec Espèce d’Espaces à la manière de l’artiste. Il est donc question ici de l’espace du livre, de la page, du mot et de la lettre sur la feuille blanche.

 

Bodoni, Valentin Robinet

Ce spécimen de poche interroge les rapports d’échelle et de corps de texte. Chaque page, présentant un corps du caractère par ordre croissant est un zoom sur le texte introductif du Manuel typographique publié par Margherita dall’Aglio en 1818 après la mort de son mari, Giambatista Bodoni créateur du caractère éponyme.

 

Un spécimen sur l’Optima, Charlotte Parisse

L’Optima fut utilisée par son créateur, Hermann Zapf, pour son faire part de mariage avec Gudrun von Hesse. Le spécimen se compose d’une variation de parodies de faire-parts de mariage «kitsch». Sur chaque double mettant en scène une photographie d’époque, les faire-part insérés à la manière d’un album de mariage, peuvent être retirés pour laisser apparaître une partie de l’image.

 

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