Sürkrüt

Blog de l’atelier de Communication graphique de la HEAR

Interview Yannick Mathey


Yannick sort en 2010 des Arts Décoratifs de Strasbourg avec pour projet de diplôme l’application « Proto-typo ». Ce projet a pour but de faire le pont entre deux univers basés sur des systèmes : le dessin de caractères et le processus automatisé.

Il trouve un travail au studio « Les designers anonymes » à Paris. Le fait d’avoir des notions en intégration de web l’a aidé à se démarquer des autres graphistes.

Il a très vite observé que le monde du travail était vraiment différent de celui de l’école. Ici, pas le temps de faire des beaux objets en sérigraphie.

Après avoir passé un an et demi en agence, il s’installe en indépendant, ce qu’il est encore aujourd’hui. Il n’a pas cherché à développer le côté graphiste-auteur car il est dur de vendre ce genre de projet. « On vient te chercher pour un style pas pour quelque chose de lambda ».

Il a effectué quelques collaborations pour plusieurs projets mais il fait surtout du web design et intégration.

Actuellement il travaille avec l’agence « Cheval Vert ». Pour lui le travail à plusieurs est une grande source d’enrichissement, il y a moins d’hésitation.

Pour lui la confrontation entre le marketing et le graphisme est difficile. Il faut prendre le temps d’expliquer sa démarche.

Yannick a passé un an à Londres. Il recommande vivement cette ville dans laquelle le bon graphisme réside. Il y est plus facile de trouver du travail en freelance. Cela l’a amené à ouvrir son esprit et à découvrir de nouvelles personnes.

Il garde contact avec des anciens de l’école avec lesquels il travaille parfois lorsqu’ils ont besoin de renfort sur un projet.

Dernier conseil: « être confiant dans son travail ».

http://yannickmathey.com
http://www.prototypo.io

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3 questions à Leslie David, ancienne étudiante


Acteur Leslie David (notament vu dans The Office et motif de la graphiste Leslie David

Acteur Leslie David (notament vu dans The Office) et motif de la graphiste Leslie David

Quel est votre métier ?

J’en ai plusieurs à la fois, illustratrice, graphiste, designer, mais au final il s’agit du même processus : créer des images ou des objets. Je n’aime pas trop le terme « directrice artistique », je le trouve assez prétentieux.

Dessiniez-vous déjà des ronds et des carrés dans votre tendre enfance ?
Petite je passais des heures à dessiner, bricoler, faire des collages. Je crois que je recopiais ma mère qui faisait la même chose. (J’avais l’agenda le plus beau de tout le collège, du vrai scrapbooking avant l’heure avec paillettes et photos de chats.)

Comment s’est passé la transition école-vie professionnelle?En 4e année j’ai demandé un stage dans une agence et ils m’ont proposé un poste à la place. J’ai hésité quelques jours, mais finalement tout le monde autour de moi était ok pour dire que c’était une très bonne opportunité (enfin, pas tous les profs). Ça s’est donc passé assez simplement, même si je n’étais pas vraiment préparée au monde du travail (en agence surtout). J’avais quand même commencé à bosser en parallèle de mes études, quand j’étais encore à l’école j’avais envoyé un petit portfolio d’illustrations à quelques magazines et j’ai pu faire mes premières commandes en étant encore étudiante. Je recommande vraiment ça à tous les étudiants qui ont envie de développer leur univers (et de se faire une peu d’argent de poche ! J’avais travaillé dans une pizzeria avant ça et c’était moins sympa !) ça m’a beaucoup appris d’avoir de vraies contraintes de temps, de formats, de moyens, avec un sujet réel. Et surtout grâce à ça, j’ai pu me trouver un agent rapidement et développer un réseau très tôt. Mes premières illustrations ont été publiées dans Têtu Magazine, que ma mère achetait fièrement à la maison de la presse de Montélimar.

J’ai aussi fait énormément de stages, que j’essayais de cibler par rapport à mon travail et à mes affinités graphiques. Jai fait (et je m’en suis rendue compte après) beaucoup de stages avec des femmes graphistes travaillant à leur compte (Ich & Kar, Sylvia Tournerie, Deanne Cheuk). J’avais besoin de modèles pour me projeter dans mon avenir professionnel, ça m’a beaucoup aidé.

http://leslie-david.com

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Rencontre avec Tom Henni


Vendredi dernier, Tom Henni donnait une conférence sur son travail à l’occasion du Printemps de la typographie, organisé par l’école Estienne. Cette année, le colloque traitait de l’ornementation. Si le travail de Tom est loin d’être baroque, c’est son goût pour la trame manuelle et son rapport avec l’abstraction qui l’a certainement envoyé ici. Il nous a parlé de sa fascination pour la forme, pour l’image. Mais aussi de son besoin de trouver un rythme, comme s’il dansait lorsqu’il dessine ; son rapport à l’ornement est lié à cette pratique. Me sentant proche de ce procédé graphique fortement porté par le dessin, je lui ai posé quelques questions.

L. O. : J’ai été touchée par ta façon de parler de ton travail. Tu as beaucoup insisté sur la notion de lenteur et de rythme que tu avais besoin de trouver pour bosser sur un projet. C’est quelque chose qui transparaît particulièrement dans ton projet pour le festival Spontanéous. La vision classique du graphiste veut qu’il soit en permanence en train de courir après les commandes, contraint à travailler dans l’urgence ; qu’en est-il en réalité pour toi ?

T. H. : En réalité, je cours moi aussi toujours après le temps. Mais je sais que c’est un idéal de travail. Il s’agit en fait de trouver ce temps, de l’aménager. Ce qui implique aussi des compressions à d’autres moments… Je me souviens d’une de mes premières charrettes, une quinzaine de fada avec des nuits blanches dans tous les sens. Au milieu, j’avais prévu un week-end au ski en famille. Le truc pouvait pas plus mal tomber, je croyais que ça allait me tuer physiquement, en fait ça m’a sauvé, j’ai re-attaqué avec zéro stress et l’énergie canalisée. Comme quoi dès fois prendre le temps de ne rien faire, ça permet d’être plus efficace après…

L. O. : J’ai longtemps considéré les études comme un cocon avant la confrontation avec un marché du travail très difficile. Y a-t-il eu un réel changement de rythme en sortant de l’école ?

T. H. : Du rythme très certainement, il s’agit en fait de trouver son rythme, tout le temps. J’ai commencé en collocation avec des amis, sortant aussi de l’école. On a pris un grand appartement à Lyon, qui était aussi notre atelier. Quand on est quatre, ça stimule et ça structure en même temps. La collocation a en fait été un enchaînement depuis la vie d’étudiant à celle d’indépendant… Ensuite on s’est tous mis en ménage dans nos couples respectifs. Très vite la question d’un atelier partagé s’est posée à nouveau ; le regroupement, ça offre un cadre de travail motivant et structurant.

L. O. : Après avoir fait un BTS communication visuelle à la Martinière, à Lyon, tu as fait ton DNAP aux Arts Déco en graphisme, et ton DNSEP en illustration. Le dessin est un outil que tu utilises souvent, dans ton travail de commande comme dans tes projets d’exposition (je n’ai pas trouvé d’images sur ton site, mais je pensais à l’exposition que tu nous as montré, avec des tasseaux de bois qui portaient tes dessins). Est-ce que c’était déjà le cas quand tu étais encore en section graphisme ?

T. H. : Oui en fait je n’ai pas fait de DNAP, il n’y en avait pas à l’époque. Je suis allé jusqu’au bout de la quatrième année et puis ça ne collait pas avec la pédagogie proposée. Dans l’impasse, j’ai tenté une petite pirouette et j’ai réussi à passer ma quatrième et cinquième année en un an en illustration. Ça été à la fois difficile et en même temps ça m’a fait un cursus qui ressemblait plus à mon profil, un peu sur-mesure… un peu casse-gueule aussi.

L. O. : J’aimerais que tu me parles de ton année en graphisme ; peut-être en comparaison avec ton BTS à la Martinière, puis à ton passage en atelier d’illu ?

 T. H. : Disons que je n’arrivais pas à comprendre le mode d’incitation au travail qu’il y avait en com graph, et je fréquentais plus de gens en illustration, qui étaient tous parfaitement détendus et productifs à la fois. Ça n’a pas tant été la question des cours, mais plutôt du mode d’échange proposé par les enseignants… Quelque chose de très difficile à mesurer sauf en le vivant… Je crois que beaucoup de personnes ont mal vécu ce stress dans l’option au fil des années. Il y a pas mal de gens qui n’arrivaient pas à trouver un cadre qui leur correspondait. Je pense à Marjanne Satrapi, Coline Sunier, par exemple, par ailleurs d’autres y ont sûrement bien réagi…

 L. O. : Ta façon d’appréhender la couleur, par aplats francs, et avec des jeux de superpositions, me fait penser que tu as dû fréquenter l’atelier de sérigraphie de l’école. Je pense notamment à ton très beau travail d’identité visuelle pour  la librairie Ouvrir L’œil. Est-ce que ça a été le cas ?  Quels sont les ateliers, ou peut être les cours, qui ont pu faire évoluer ta pratique durant tes études ici ?

 T. H. : Oui beaucoup. J’ai énormément appris de Bernard, le technicien, et des autres étudiants qui étaient à l’atelier de sérigraphie à l’époque. À Strasbourg, je crois que la modalité d’apprentissage est la suivante : les enseignants proposent un cadre et un regard, les techniciens détiennent les savoir-faire. L’étudiant doit joindre les deux avec ses envies et de la méthode. J’aimais aussi beaucoup les questions que posait Pierre di Sciullo, même si je paniquais pour y répondre, mais ça m’a beaucoup et longtemps travaillé. Il avait aussi fait un atelier qui s’appelait « couche par couche » avec Charles Kalt et Yann Owens (qui est maintenant au Havre et fait des trucs incroyables là-bas). Ce que la classe a fait pendant ce long workshop et cette question de l’image imprimée en couches continuent d’alimenter mes recherches aujourd’hui. Mais bien sûr l’école c’est aussi une génération de gens qui s’apportent mutuellement des choses et constituent par la suite un réseau professionnel. C’est très certainement ça le plus important, au final.

http://tomhenni.fr

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Portrait – Fanette Mellier


Ancienne étudiante de l’atelier communication graphique aux Arts décoratifs de Strasbourg, Fanette Mellier m’a parlé de son parcours.

À l’âge de 19 ans, elle intègre, après deux années de tronc commun aux Arts décoratifs, l’atelier de communication graphique. Lorsque Fanette Mellier évoque sa rencontre avec le graphisme, elle la qualifie de «coup de foudre». L’envie de faire du graphisme lui a paru aussi naturelle qu’évidente. En effet, le souvenir du premier contact avec cette discipline a été pour elle une sentation réelle de découverte d’un monde pasionnant, faisant le pont entre les mots et l’image. L’évidence de cette rencontre avec le graphisme a ainsi laissé la place à un cursus simple et sans embûches, encourageant Fanette Mellier à trouver sa voie rapidement. Elle se décrit comme une étudiante sérieuse et assidue, et ironiquement «un peu austère». Lorsqu’elle se remémore les cours au sein de l’atelier de communication graphique, nous pouvons penser à ceux que nous vivons aujourd’hui : à la manière d’un atelier, entre tours de table, discussions collectives et individuelles. Elle évoque à juste titre le chemin parcouru en termes de connaissances (et de reconnaissance !) par le graphisme entre son époque et la précédente : avant l’atelier se nommait même «Publicité».

Le graphisme imprègne toute sa vie, professionnelle et personnelle. Il s’agit pour elle d’une véritable «colonne vertébrale», un choix de vie. Et si cette discipline lui semble fondamentale, elle insiste aussi sur la chance inestimable qu’elle a eu d’intégrer l’atelier des Arts décoratifs de Strasbourg, dirigé par Philippe Delangle.

Lorsqu’elle parle de l’apprentissage du graphisme, Fanette Mellier souligne l’ébullition de la discipline dans l’enseignement et l’intérêt croissant qu’elle suscite pour les institutions et les chercheurs, entre autres. Selon elle, «il y a de plus en plus de bons graphistes !». Cependant, s’il existe à certains égards un «défaut» de l’enseignement, celui-ci proviendrait du pas que prend la théorie sur la pratique, qui selon elle apparaît comme un déséquilibre évident. En effet, la rédaction du mémoire occupe beaucoup de temps dans le parcours d’un étudiant, ce qui entraîne une impasse sur la mise en forme du projet graphique, alors que le métier de graphiste est avant tout un métier de plasticien. «Comprendre cela est essentiel : le graphisme se pratique. C’est en pratiquant qu’on devient bon.»

Durant sa dernière année, les étudiants n’avaient pas de mémoire à rédiger, mais devaient proposer trois projets : «écran», «édition» et «communication», à travailler en groupe. Selon elle, c’est ce qui lui a permis de travailler pour la première fois sur des projets d’ampleur : en construire les fondements, l’argumentation, puis les réaliser, les présenter, et les défendre ! Son projet de diplôme a été le point de départ de son parcours de création dans le graphisme : un manifeste autour de la question du lien entre technique et plasticité qui imprègne tout son parcours.

Après son diplôme, Pierre di Sciullio, qui était son professeur, lui a proposé de travailler à ses côtés, et Fanette Mellier s’installe à Paris en 2000 afin de débuter sa vie professionnelle.

Lorsqu’il faut donner un conseil aux futurs étudiants en graphisme, elle répond : «Je leur dirai une chose: soyez curieux, soyez impatients et soyez patients, pratiquez ! N’accordez pas d’importance à la visibilité et la reconnaissance qui ne sont pas un but en soi (et parfois un feu de paille), l’important est de labourer. Tous les graphistes d’exception dont je suis proche ont deux point communs: ils sont travailleurs et pensent librement. »

http://fanettemellier.com

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Critical – political – Hans-Rudolf Lutz (1939 – 1998), Swiss Typographer, Author, Designer, Publisher, Collector, Visual Director, Teacher


Conférence (en anglais) de Tania Prill et Sebastian Cremers

Affiche de Kenza Boukeroui et Josué Graesslin, atelier de Communication graphique de la Hear.

Affiche de Kenza Boukeroui et Josué Graesslin, atelier de Communication graphique de la Hear.

Hans-Rudolf Lutz a été formé à Bâle par Emil Ruder et Robert Büchler. Il a publié, écrit, illustré et produit des livres sur l’art et le langage de la communication visuelle. Son travail a influencé la manière dont le graphisme et la typographie réagissent en fonction des changements culturels et sociaux. Sebastian Cremers et Tania Prill présenteront une sélection de son travail, ainsi que leur réédition de la publication The Miami Herald et leur dernier livre 336 pages 336 books.

Hans-Rudolf Lutz, vers 1965.

Hans-Rudolf Lutz, vers 1965.

Détail du livre de Hans-Rudolf Lutz "Die Hieroglyphen von heute", 1990

Détail du livre de Hans-Rudolf Lutz « Die Hieroglyphen von heute », 1990

Tania Prill a fondé en 2010 avec Alberto Vieceli le studio de design graphique Prill & Vieceli (aujourd’hui Prill Vieceli Cremers). Son travail a notamment été récompensé par le Prix Jan Tschichold, et au Concours suisse de design. Tania Prill enseigne le graphisme depuis 1996 dans différentes écoles en Suisse et à l’étranger. Elle est professeur de typographie à l’université d’art et de design de Brême et y dirige avec Samuel Nyholm le master ”From Aleph to Eternity“. Elle a été mariée à Hans-Rudolh Lutz, dont elle gère le fonds et les archives.

Sebastian Cremers a étudié le design graphique à la Rietveld Academie et enseigne à Zurich et à l’étranger. Associé du studio Prill Vieceli Cremers depuis 2010, il a fondé en 2012 la plateforme éditoriale “every edition“.

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Hans-Rudolf Lutz studied in Basel under Emil Ruder and Robert Büchler. He edited, wrote, illustrated and produced books about visual communication art and language. His body of work influenced the awareness how typography and communication design react upon social and cultural changes. Besides a selection of his work, Sebastian Cremers and Tania Prill are going to present their reissue of the publication The Miami Herald and their latest book 336 pages 336 books.

In 2010 Tania Prill founded the Swiss design studio Prill & Vieceli (now: Prill Vieceli Cremers) together with Alberto Vieceli. Her works have been awarded with the Jan Tschichold Preis and the Swiss Design Award amongst others. Since 1996 Tania Prill teaches communication design at universities in Switzerland and abroad. She is professor of typography at the University of Arts and Design Bremen and runs the MA-Studio ”From Aleph to Eternity“ together with Samuel Nyholm. She was married to Hans-Rudolf Lutz and takes care of his estate.

Sebastian Cremers studied design at the Rietveld Academie and teaches communication design in Zurich and abroad. Since 2010 partner of the Swiss design studio Prill Vieceli Cremers. 2012 he founded the publishing platform “every edition“.


“critical – political – Hans-Rudolf Lutz (1939 – 1998), Swiss Typographer, Author, Designer, Publisher, Collector, Visual Director, Teacher.” Jeudi 26 mars 2015, 18 heures, auditorium de la Hear (Strasbourg)

PrillViceliCremers
Verlag Hans-Rudolf Lutz
everyedition

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