04/11/2012 |
Par Alban Leven
En 1951, Ralph Baer ( parfois surnommé le père des jeux vidéo ) est chargé par la société Loral Electronics, de concevoir un téléviseur très haut de gamme et original. C’est alors qu’il émet l’hypothèse de rajouter à cette dernière un système permettant de jouer. Cette idée est totalement rejetée par la direction de l’entreprise mais confère à Baer le statut de première personne à avoir eu l’idée d’un jeu vidéo. Ce n’est que seize ans plus tard, en 1967, qu’il réalise son rêve et crée les premiers jeux jouables sur une télé: Chase Game, sorte de joystick permettant de jouer à un jeu de tennis et à un jeu de voitures. R. Baer dépose le brevet en 1968. En 1972, il conçoit la première console de jeux de salon, l’Odyssey de Magnavox.
En 1952 en revanche, Alexander Shafto Douglas, étudiant à l’université de Cambridge au Royaume-Uni est le premier à réaliser un jeu vidéo: Oxo, un morpion dont l’un des joueurs est contrôlé par un ordinateur de l’époque. L’intention de cette réalisation est d’illustrer sa thèse sur les interactions homme-machine. Chercheur en physique et en informatique A.S. Douglas conçoit Oxo, qui n’a qu’un point commun avec sa thèse: l’ordinateur Edsac (Electronic Delay Storage Automatic Calculator), l’un des premiers ordinateurs au monde (1949). La machine réalise six cents opérations par seconde (peu de choses au regard des milliards d’opérations réalisées chaque seconde par nos ordinateurs contemporains). Une machine gigantesque à la fiabilité toute relative, comme le sont les premiers ordinateurs. Le jeu est visualisé sur un tube cathodique où les neuf cases sont représentées. Un joueur sélectionne la case dans laquelle il veut inscrire une croix ou un rond grâce à un cadran de téléphone (les cases sont numérotées de 1 à 9).
En 1958 Willy Higinbotham, un physicien au Brookhaven National Laboratory (centre de recherche nucléaire gouvernemental) crée sur un ordinateur analogique, servant à la base aux calculs des trajectoires de missiles nucléaires, couplé à un oscilloscope qui fait office d’écran, un jeu de tennis multijoueur, “tennis for two”. Le court est une simple ligne horizontale sur laquelle un point rebondit. Ce projet n’était pour lui qu’un moyen d’amuser les physiciens pendant les pauses café et, n’anticipant pas l’incroyable succès futur des jeux vidéo, il ne déposera aucun brevet pour sa “console de jeu”.
Ce n’est qu’en 1961 que le premier jeu sera réellement commercialisé et diffusé, Spacewar, créé et programmé par Steve Russel, Martin Graetz et Wayne Wiitanen, un groupe d’étudiants du MIT (Massachusetts Institute of Technology). Le but alors n’était pas de créer un jeu en lui-même, mais d’expérimenter les possibilités du nouvel ordinateur PDP-1 (1959). Ils veulent en effet mettre en place un programme de démonstration capable de prouver les réelles capacités de l’ordinateur sur lequel il tourne. W. Wiitanen propose alors à ses amis de se concentrer sur l’idée de jeu, plutôt que sur celle de démonstration. L’idée de contrôler des objets affichés à l’écran s’impose alors d’elle même. Techniquement, ce premier jeu entièrement interactif pesait 9 Ko…
Durant des années, Spacewar sera revu, corrigé et amélioré par d’autres hackers, que ce soit sur PDP-1 ou sur tous les autres mini-ordinateurs apparus par la suite. En 1969, sur un système PLATO, réseau reliant tous les ordinateurs du MIT et ceux des autres universités Américaines, Rick Blomme en programmera une version jouable sur deux ordinateurs différents au sein du même réseau, local ou distant. Il s’agit du premier jeu on-line, ce qui met une fois de plus Spacewar au centre des grandes innovations qui ont fait l’histoire des jeux vidéo.
Les années 1970 ont vu l’apparition des jeux vidéo en tant que produits commercialisés en masse, tout d’abord sous la forme de bornes d’arcade, puis de consoles de salon. Une fulgurante épopée du jeu vidéo s’en suivra, synthétisée ici : A Short Visual History of Videogames.
Lien supplémentaire: Chronologie du design interactif et du jeu vidéo par Etienne Mineur.