Prenez les larmes, prenez-les, prenez les armes et les affiches !
Pour entamer le semestre en Communication graphique, les étudiants de troisième année ont dû créer des affiches à partir d’un entretien de Georges Didi-Huberman paru dans Libération le 2 septembre 2016 intitulé «Les larmes sont une manifestation de la puissance politique».
L’écrivain, philosophe et historien de l’art introduit son nouveau livre Peuples en larmes, peuples en armes, dans lequel il met l’accent sur la puissance politique des larmes ; il renverse la tendance avec force et justesse : de signe d’impuissance et de fragilité, elles deviennent symbole de révolte et d’affirmation. L’émotion est alors politique et historique, les larmes sont un soulèvement. Pour se faire, il s’appuie sur la tragédie du Cuirassé Potemkine, film soviétique muet de Sergueï Eisenstein, sorti en 1925. La photographie de la pleureuse sur l’article est issue de ce dernier.
Ainsi donc, le contenu de cet article devient support du sujet initié par Philippe Delangle et Yohanna My Nguyen, consistant à interpréter en affiches les propos de Didi-Huberman. Une affiche qui se veut intelligible et autonome dès sa première lecture.
Les règles du jeu étaient strictes : les étudiants devaient penser leurs propositions à partir d’un scan de l’article, pas de texte dactylographié, ni d’ajout iconographique donc. Pour autant, les réponses ont été diverses, tant du point de vue de l’interprétation : poétique, réflexive, engagée, révélatrice, accusatrice… que dans les formes qu’elles ont revêtues.
Par exemple, une série d’affiches implique un temps de lecture particulier : parallèle, chronologique (par une installation dans l’espace nécessitant une déambulation), ou encore à différents niveaux d’interprétation (ensemble d’affiches indépendantes qui, présentées en mosaïque se lisent simultanément).
D’autres ont privilégié un dispositif de superposition de supports imprimables afin de générer des effets graphiques. Le format papier a parfois même été détourné dans le but de faire du support un objet.
Quant à la forme papier, certains l’ont augmentée d’un dispositif interactif tantôt performatif, tantôt digital avec des formes typographiques en mouvement.
L’ensemble du travail des étudiants a investi l’espace lors d’une restitution groupée, tenue à la HEAR le 27 octobre dernier.
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