Sürkrüt

Blog de l’atelier de Communication graphique de la HEAR

Design graphique éditorial, autour du “Musée imaginaire”


Sélection de travaux réalisés pour le sujet de Musée imaginaire par les étudiants de l’atelier Communication graphique, année 3 (2011-2012)

Il s’agit d’une déclinaison proposée aux étudiants de 3e année d’un exercice que j’ai eu l’occasion de proposer sous différentes formes et dans des contextes variés à des étudiants d’art, de photographie ou de design graphique depuis 2001, la première fois avec Céline Flécheux, alors enseignante en histoire de l’art à l’École nationale supérieure d’art de Nancy.

La photographie, le film, la vidéo, reproduits et imprimés ou diffusés sur écran nous donnent aujourd’hui accès à une quantité innombrable d’œuvres et d’images tout en nous autorisant toutes les confrontations possibles.

Partant de ce constat, chaque étudiant était invité à réunir un corpus d’images de toutes provenances constituant un ensemble de références ayant influencé leur regard, leur manière de travailler et leurs recherches. Ces références pouvaient se rapporter à tous les champs, artistiques, ou non artistiques.

À partir de ces ensembles d’images et de textes, de leurs légendes, et de commentaires, les étudiants devaient mettre en scène leur propre « musée imaginaire » – en référence à André Malraux – sous forme éditoriale avec la consigne d’instaurer un dialogue entre les œuvres (reproductions de peintures ou de sculptures, objets graphiques, photographies, photogrammes, dessins, textes, etc.).

Les étudiants ont opté pour des choix variés de mise en forme, matérielle et graphique, dont voici une sélection parmi la quinzaine de projets réalisés. Les relations spécifiques, rencontres inattendues, comparaisons, confrontations, oppositions ou rapprochements entre les œuvres opérés par les étudiants traduisent les relations spécifiques qu’ils entretiennent avec elles.

À l’opposé de “beaux-livres”, ces projets constituent des objets éditoriaux expérimentaux et réflectifs, interrogeant les formes de l’édition dans toutes ses composantes.

 

Flap Book, de Léopoldine Charon

Ma sélection touche à tous les domaines artistiques (photo, peinture, graphisme…) et même autres (motifs, cartes, tableaux…). Elle fait ainsi appel à toute l’imagerie qui m’a marquée depuis le début de ma formation artistique, mes sources d’inspiration, images qui ont généré un questionnement, une démarche intéressante. À des images simplement choisies pour la forme, se mêlent des images qui font sens, et à des références issues des “classiques” de la culture graphique et artistique, se mêlent des références plus contemporaines et personnelles. Cette iconographie renvoie à toutes les notions que j’aborde dans mon travail, la question du signe, des symboles, du rythme, des séquences, des découpes, des motifs, des paysages, de la profondeur… Le principe de mon livre est de mettre en avant la diversité des sources iconographiques utilisées et la multiplicité des raisonnances qu’elles peuvent créer entre elles. Les pages sont coupées en deux parties égales dans le sens de la largeur, créant deux bandes, chacune d’elle comportant une image de sorte que le vis-à-vis peut changer constamment en fonction des pages que le lecteur tourne. Ainsi mon “musée imaginaire” peut devenir aussi celui d’un autre lecteur qui choisira ses correspondances entre les images. C’est un livre qui peut se “lire” dans tous les sens. Le lecteur va tourner la partie haute, la partie basse, revenir en arrière, s’arrêter… Des liens vont se tisser entre les images du haut et celles du bas, des liens au hasard de la lecture, aléatoires, évidents aussi parfois.

 

aléatoire ; variations ; infini ; ordre ; règles ; hasard ; musée ; possible ; lieu ; territoire ; mental ; chaos ; construction ; composition ; images, de Marisol Godard

“Nous demandons seulement un peu d’ordre pour nous protéger du chaos. Rien n’est plus douloureux, plus angoissant qu’une pensée qui s’échappe à elle-même, des idées qui fuient, qui disparaissent à peine ébauchées, déjà rongées par l’oubli ou précipitées dans d’autres que nous ne maîtrisons pas davantage. Ce sont des variabilités infinies dont la disparition et l’apparition coïncident. Ce sont des vitesses infinies qui se confondent avec l’immobilité du néant incolore et silencieux qu’elles parcourent, sans nature ni pensée. C’est l’instant dont nous ne savons s’il est trop long ou trop court pour le temps. Nous recevons des coups de fouet qui claquent comme des artères. Nous perdons sans cesse nos idées. C’est pourquoi nous voulons tant nous accrocher à des opinions arrêtées. Nous demandons seulement que nos idées s’enchaînent suivant un minimum de règles constantes, et l’association des idées n’a jamais eu d’autre sens, nous fournir ces règles protectrices, ressemblance, contiguïté, causalité, qui nous permettent de mettre un peu d’ordre dans les idées, de passer de l’une à l’autre suivant un ordre de l’espace et du temps, empêchant notre “fantaisie” (le délire, la folie) de parcourir l’univers dans l’instant pour y engendrer des chevaux ailés et des dragons de feu.”
Gilles Deleuze et Felix Guattari, Qu’est-ce que la philosophie ?

Cette édition questionne par une sélection personnelle de références visuelles notre rapport aux images à travers notre mémoire. Passées par le filtre de notre subjectivité, du temps, de notre interprétation, comment ressurgissent-elles ? Notre réappropriation des références donne-t-elle lieu à un ordre, une classification possible ? Elles semblent au contraire échapper à tout ordre subjectif et paraissent obéir à des associations hasardeuses, absurdes, désordonnées. Dans cette édition, la numérotation des images correspond à cet “ordre désordonné” élaboré personnellement par associations de formes, de sens, de symboles, de mots, de sons, comme se déroule parfois le fil de notre pensée. Puis, la composition des pages, la connexion des images entre elles et leurs modifications intrinsèques sont générées de manière aléatoire, répondant à un programme informatique à travers cinq tirages. Premièrement l’ordre des images, puis le nombre d’image par page (de un à six), la modification de chacune d’entre elle (couleur, noir et blanc, sans la couche cyan, magenta, jaune ou noire), leur position dans la page (haut, bas, gauche, droite, centrée) et enfin le tirage du titre (deux mots parmi quinze notions). Chaque exemplaire est différent, chacun propose de nouvelles associations d’images, une nouvelle façon de saisir ces références, un ordre donné dans l’infinité des possibles. Cette disposition et ces modifications obéissant aux mathématiques font écho aux déformations qu’opère notre mémoire, à l’interprétation inévitable et unique de chacun, à l’infinité des appropriations possibles, à notre volonté de classifier et de trouver un ordre, un sens absolu.

Ici, les images débordent donc de l’appropriation personnelle et de la volonté d’archivage pour devenir une matière visuelle modulable, aléatoire, qui invite chacun à regarder surgir la puissance du hasard et le sens de chacun des exemplaires. Les images se délivrent de leur fonction pour être confrontées et saisies dans leur matérialité même et ainsi donner à voir ce que semble être ce “lieu mental” ce “domaine de formes” qu’est notre musée imaginaire.

 

Mes résonances, de Charlotte Parisseresonance3-reducedToutes ses images collectionnées, déposées, empilées sur le sol ou dans ma tête. Beaucoup d’œuvres qui défilent, qui se superposent, qui me frappent en pleine figure comme des coups de poing. Des images qui me dérangent, qui m’émoustillent, qui me réveillent, qui m’amusent, qui me mortifient, qui par dessus tout m’inspirent.

[…]
Tout est sentiment, ressenti, émotions face aux images. Des images dont je suis amoureuse. Des images intrigantes, des images me laissant perplexe et mal à l’aise. Des images de vie. Des images de mort.

J’aime les dossiers et les livres ouverts à certaines pages, à certaines places, toujours sur le sol. Images protectrices. Images imaginées. Secrets de polichinelle. Secrets de petites filles. Secrets de jeunes filles.

[…]

resonance2-reducedMaintenant, je deviens un livre ouvert.

Pour une fois, cela glisse entre vous et moi, et c’est tout.”
Extrait de l’introduction

Cette édition a été réalisé avec plusieurs papiers différents, chaque papier symbolisant le sentiment que m’inspire les images que j’affectionne (la jalousie, le rire, le malaise…).

 

Macrocosme — microcosme, de Valentin Robinet

Partant de l’espace pour finir à l’Homme, ce livre est organisé comme une frise spatiale. Il regroupe toute sorte d’œuvres (art, architecture, design, littérature, graphisme). Ces images sont agencées tel un parcours visuel dans lequel les images se confrontent et se répondent. Au fur et à mesure de la progression les pages s’éclaircissent et les légendes rétrécissent. La composition est pensée comme une frise, le pliage à la japonaise fragmente les images et donne le rythme de lecture.

 

Dans mon œil, de Elsa Varin

Ce livre n’est pas un condensé de références trouvées dans mes cours d’histoire de l’art. Ce livre ne résume pas les numéros du magazine Étapes que j’ai pu parcourir. Ce livre n’a rien à voir avec les fast food de l’image tel que le site ffffound.com.

Ce qui m’a entourée dans mon enfance comme des jouets, des formes ou des livres influence ma vision actuelle du graphisme ainsi que mon travail : je porte un intérêt aux choses brutes, parfois simples et désuètes, mais surtout porteuses d’expression. Ce sont des souvenirs fuyants, que l’on n’est pas toujours conscient d’avoir en soi, et pourtant je me rends compte ici que leur place dans mes références de graphiste est considérable.

Aujourd’hui ma culture graphique s’est développée et je me nourris toujours de ce qui m’entoure : les typographies des enseignes dans la rue, les motifs d’un tapis, la forme d’un sapin ou l’intérieur d’un chou rouge.

Pour moi, le meilleur moyen afin de s’imprégner d’une image est de la dessiner. Bien sûr, certains éléments disparaissent : dans ce cas, c’est qu’ils n’ont pas retenu mon attention. Je ne garde que ce qui m’a marquée, et c’est ce processus que j’ai souhaité retranscrire dans ce livre. C’est le meilleur moyen pour moi de montrer la façon dont mon œil et mon cerveau interceptent et gardent les images.

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Workshop “Lectures urbaines” avec Toan Vu-Huu


Dans l’espace urbain nous croisons, parfois inconsciemment, des lieux qui ont vu défiler à travers les époques divers événements. Certains ont fait l’histoire et selon leur importance, la ville leur consacre une statue, une plaque commémorative, une inscription au sol etc., dans le but d’en garder trace. (Extrait du texte de présentation de Toan Vu-Huu)

Les douze participants au workshop (étudiants de 2e année Communication et 3e année Didactique visuelle et Communication graphique) devaient travailler en groupe pour créer une installation typographique temporaire dans l’espace public à partir d’un lieu qu’ils associaient à une histoire importante, un micro-événement, une découverte ou un souvenir d’ordre social, politique ou poétique.

Workshop :  “Lectures urbaines”, appropriation typographique d’un lieu
Intervenant : Toan Vu-Huu
Dates : 29 mai — 1 juin 2012

 

Connais-tu le pays où fleurit le citronnier, de Cédric Boulanger et Elvire Volk Léonovitch

La statue de Goethe est une œuvre du sculpteur Berlinois Ernst Waegener. Un monument se trouvant place de l’Université, à Strasbourg. Une sculpture actuellement peu mise en avant.

L’idée était de faire revivre cette statue par la typographie. Des citations de Goethe ont été disséminées aux alentours. Ces phrases ont été disposées de manière à attirer le passant/spectateur vers le point central de l’œuvre. Du point de vue de Goethe, une citation apparaît dans l’espace “tout ce que j’ai publié n’est que des fragments d’une grande confession”. Une phrase représentative de l’auteur, le mettant en relief dans l’espace, le faisant ainsi revivre d’une manière symbolique.

Tout l’intérêt du projet n’est pas de retranscrire toutes les facettes de ce personnage historique, il s’agit plutôt d’un appel à la curiosité face cette statue qui s’efface dans l’espace urbain moderne.

 

L’amour dure 37 mètres, de Marie Ringenbach et Jérémie Boeglin

Les parapets grillagés du pont situé au niveau du numéro 35, quai des Bateliers, sont le support de nombreux cadenas accrochés par des couples : ce sont des cadenas d’amour. Ils comportent en général les initiales des deux amoureux, la date à laquelle le cadenas a été accroché, et éventuellement un petit message.

L’origine de cette pratique est assez floue : elle est apparue en Europe de l’Est dans les années 1980 et 1990, puis s’est propagée en Europe Occidentale dans les années 2000.

Par l’intermédiaire d’une installation in situ, notre projet est de revisiter le “pont des amoureux”. Nous souhaitons dévoiler la face cachée de l’amour, souligner l’envers pervers qu’implique une relation amoureuse. Les cadenas accrochés par les couples de passants sont initialement prévus pour sceller un amour, symboliser l’union d’un couple et l’harmonie de la vie à deux.

C’est cette assurance envers un engagement anodin qui nous poussent à agir dans le sens inverse : notre but est d’interpeller les passants sur la symbolique même du cadenas et le lien direct qui l’unit au mot “amour”. D’un point de vue plus sombre, le cadenas est synonyme d’enfermement, et d’enchaînement ; c’est exactement cette approche de l’amour qui nous intéresse. Lorsqu’ils scellent le grillage du pont à l’aide d’un cadenas, les amoureux s’engagent au meilleur, mais également au pire.

Cependant, montrer l’envers du décor permet peut-être d’apprécier d’autant plus les joies amoureuses…

 

Morse, de Corentin Bertho, Pierre Chevalier et Simon Jacquin

En 1938, le port d’Austerlitz est victime d’un incendie qui ravage la moitié des infrastructures

Par la suite, il sera réhabilité.
Aujourd’hui, un centre commercial y a pris place. Quelques bâtiments d’époque restent encore désaffectés. Mais ils seront bientôt détruits, faute de moyens pour les rénover.
Nous avions trouvé notre lieu d’intervention. Reprenant les codes du monde maritime, nous avons voulu faire resurgir l’espace d’un instant le passé historique de ce lieu, reproduire la sensation qu’il disparaît lentement.

 

Déclarations Urbainesde Elsa Varin, Marisol Godard et Léopoldine Charon

Durant notre déambulation dans la ville de Strasbourg, nous avons observé la saturation de l’espace par une multitude d’inscriptions vernaculaires, laissées par des gens désireux de laisser leur trace. Nous avons voulu mettre en valeur ces messages trop petits perdus dans l’espace en leur redonnant une ampleur et une puissance visuelles. Sorties de leur contexte et associées à d’autres déclarations, ces inscriptions reprennent tout leur sens

et deviennent incongrues.

31 affiches A1 sur papier de couleur
et 31 affichettes A4 sur papier recyclé
Impression laser noire

 

Culturez-moi, de Laure Cohen, Nicolas Bailleul et Paul Cabanes

Nous nous sommes lancés comme défi de partager publiquement un savoir privé, brut et spontané. Dans un premier temps, les participants étaient invités à envoyer des informations personnelles par le biais d’un message vocal ou SMS à notre équipe. Un interlocuteur, un numéro de téléphone, s’est révélé être un moyen de communication moins intimidant pour les participants à ce projet, qu’une confrontation directe. Dans un second temps ces messages ont été imprimés et collés sur les pavés devant l’Université de Strasbourg, haut-lieu de transmission de connaissances.

 

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Signature de 36.05.89 de Jean-Marie Krauth


Ju-Young Kim, enseignante de l’atelier Livre, et éditrice de livres d’artistes, organise dans son atelier à Strasbourg une rencontre avec Jean-Marie Krauth, qui signera le portfolio 36.05.89.

Ce portfolio, édité à 100 exemplaires, est réalisé par les éditions Ju-Young Kim.

Le texte de présentation indique que : “Depuis ce cinq juin mille neuf cent quatrevingt-neuf, l’image de cet homme à la chemise blanche, les mains nues, immobilisant par sa seule présence une colonne de blindés venant de la place Tiananmen, est gravée dans notre mémoire. Vingt ans après, malgré la censure toujours en vigueur, Jean-Marie Krauth a souhaité aller à sa rencontre, avenue Chang’an, à Pékin.”

Jean-Marie Krauth, artiste, ancien enseignant et ancien directeur de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, a notamment publié Le Monde aux éditions de l’Observatoire, en 1995, et aux éditions Ju-Young Kim, Judith et le bouffon, en 2011.

Jeudi 29 novembre 2012 de 18 h à 21 h
Éditions Ju-Young Kim

10, rue des Planches – 67000 Strasbourg

Une deuxième signature aura lieu à Paris à la librairie Florence Loewy …by Artists, au 9, rue de Thorigny, le samedi 8 décembre 2012 de 16 h à 21 h

Ce portfolio est également disponible chez &: Christophe Daviet-Thery (Paris)

www.atelierjuyoungkim.com

www.florenceloewy.com

www.davietthery.wordpress.com

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Archives d’un passé proche


Applications iPad réalisées dans le cadre d’un workshop pendant la semaine Hors-limites proposé par Philippe Delangle, Jérôme Saint-Loubert Bié et Dominique Auerbacher et avec comme intervenant extérieur Kévin Donnot (suivi des projets et développement).

L’avènement du numérique a modifié considérablement notre rapport à la production, à la diffusion, et à la conservation des images. Les supports d’archives photographiques ont été renouvelés, adaptés à l’ère du numérique, parallèlement à la démocratisation des ordinateurs, ou plus récemment, des tablettes. L’utilisation des diapositives, par exemple, largement répandues jusque dans les années 90, n’est plus d’actualité.

À partir de ce constat, il s’agissait de concevoir à partir d’images d’archives (qu’elles soient privées ou publiques, et familiales, commerciales, pédagogiques, ou artistiques) choisies par les étudiants, des projets qui permettait de les rendre à nouveau consultables, avec une lecture spécifique, sous la forme contemporaine d’une application pour tablette de type iPad.

Cliquer sur les titres pour voir les vidéos.

DUPLI_0000Mickaël Cunha et Eva Coste, Dupli

Pour réaliser ce projet, nous avons puisé dans le fonds conséquent et diversifié des archives de diapositives de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. C’est dans l’intention de donner une seconde vie à un médium aujourd’hui délaissé, que nous avons créé une application iPad qui permet de consulter ce fonds. La navigation d’un nombre limité de diapositives se fait de manière ludique, tout en conservant les propriétés de transparence et de projection de cet objet aujourd’hui méconnu ou oublié des nouvelles générations. Plusieurs niveaux de lecture s’offrent à l’utilisateur : dans un premier temps, une vision brute de l’objet ; sa matière, sa forme et ses annotations, principalement manuscrites. Dans un deuxième temps, l’activation de l’éclairage de l’arrière plan fait apparaitre les images qui étaient masquées initialement. Un double clic sur celles-ci lance un diaporama, d’une courte séquence d’images, où l’objet disparait au profit de sa projection.

MGMBI_0001Marie L. et Charlotte Parisse, MGMBI – Ma grand-mère en bikini sur Internet

La question qui a orienté notre projet est la suivante : quelle manipulation des images du passé proposer dans un dispositif interactif ?

Les photographies qui ont servi de base, sont issues d’un vieil album de famille. Quel sens, quel effet produirait la vision de ces images intimes au sein d’une application publique ? L’idée du voyeurisme est venue ainsi.

Le principe de l’application est simple. Deux photographies de ma grand-mère (jeune) apparaissent sur la page d’accueil de l’application, qui reprend une page de l’album d’origine pour fond. La première est une photo d’identité, l’autre la présente en pin-up, allongée au bord de la mer. Superbement dénudée, le regard pétillant, le sourire au lèvre, la photographie attire l’attention du spectateur, qui s’empresse de zoomer pour voir un peu mieux la chose. Hélas, lorsque ses doigts glissent en s’écartant sur l’écran de l’Ipad, la photographie tend à disparaître et se métamorphose en une autre photographie.

Les photographies qui succèdent au zoom sont issues de Google Images. Il s’agit d’images similaires proposées par le moteur de recherche, lorsque que l’on soumet une image. Google procède en fait par des analogies de couleurs et de compositions.

Chaque nouvelle image sélectionnée selon ce principe est soumise à son tour à Google, qui nous propose une série voisine, et ainsi de suite.

Cette méthode nous a permis d’obtenir une suite photographique inattendue, et dont le passage d’une image à l’autre s’opère de manière progressive. L’application fonctionne en boucle.

Uroboros_0005Florian Veltman, Ouroboros

Ouroboros est une application permettant d’explorer, tel un archéologue, un monde disparu. Le monde en question est celui d’un jeu vidéo massivement multijoueur défunt, nommé Ragnarök Online. Avec la disparition d’un jeu de ce type, de nombreuses histoires et des relations entre joueurs disparaissent.

En récupérant des données brutes du jeu, une carte a pu être reconstituée, qui est accessible de manière dénuée de son habillage d’origine. Sur la carte, on peut voir le parcours d’un joueur, avec des points clés montrant des captures d’écran du jeu. L’idée est de montrer certaines histoires que vivaient les joueurs, en mettant en avant l’idée qu’avant, ces histoires se déroulaient dans un « monde persistant ».

Photos et vidéos des projets : Mickaël Cunha et Eva Coste

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