Sürkrüt

Blog de l’atelier de Communication graphique de la HEAR

“Regarding Warhol, Fifty Years, Sixty Artists”


Bienvenue au MET – The Metropolitan Museum of Art, un des plus grands musées d’art au monde. Situé en plein cœur de l’île de Manhattan, il présente une collection de 250 000 œuvres (contre 35 000 au Louvre pour vous faire une idée). S’il faut consacrer deux journées à la visite du musée du Louvre, il en faudrait peut-être cinq pour parcourir les 280 salles de cet immense musée.

De gauche à droite, Icebox d’Andy Warhol, Plastik-Wannen de Sigmar Polke, les Brillo Soap Pads Boxes par Andy Warhol, et Untitled (Bin with Octane Boost) par Cady Noland.

De gauche à droite, Icebox d’Andy Warhol, Plastik-Wannen de Sigmar Polke, les Brillo Soap Pads Boxes par Andy Warhol, et Untitled (Bin with Octane Boost) par Cady Noland.

Mais arrêtons nous sur l’exposition temporaire qui anime le MET depuis la rentrée. “Regarding Warhol, fifty years, sixty artists” est consacrée à l’influence de l’artiste Andy Warhol ces cinquante dernières années, au travers de plus de cent cinquante œuvres. C’est la première fois qu’un musée tente de retracer l’héritage de l’artiste au travers d’œuvres contemporaines, ce qui constitue le premier atout de l’exposition, mais également l’impressionnante collecte d’œuvres emblématiques contemporaines, venant de tous horizons.

“Regarding Warhol, fifty years, sixty artists” prend pour point de départ de la carrière de l’artiste l’exposition “The New Artists”, qui a eu lieu à New-York en 1962. L’artiste exposait alors ses expérimentations faites à la Factory, aux côtés de Roy Lichtenstein, entre autres.

La première œuvre qui nous est présentée est un double autoportrait d’Andy Warhol, pensif, en introduction aux thèmes de réflexions proposés tout au long de l’exposition. On entre ensuite dans la première salle de l’exposition,“Daily News : From Banality to Disaster”. Cette thématique propose un retour sur des œuvres majeures d’Andy Warhol telles que les boîtes Brillo Soap Pads Boxes, la série Green Coca-Cola Bottles, ou encore les boîtes de soupe Big Campbell’s Soup Can, 19¢ (Beef Noodle). Par cette accumulation d’images issues de la culture consumériste américaine des années 60, cette première salle nous rappelle les origines de l’artiste et sa première carrière dans le monde de la publicité. Mais cette salle marque également le début d’une nouvelle carrière, en tant qu’artiste. Une première progression apparaît dans cette thématique, plus on avance et plus les œuvres deviennent violentes et pessimistes. Les bouteilles de Coca-Cola sont troquées contre les chaises électriques d’Orange Disaster, que l’on retrouve aux côtés de la tronçonneuse Chanel Chain Saw de Tom Sachs et de la Burning Gas Station d’Ed Ruscha. En réutilisant ce détournement d’images et de marques instauré par Warhol, ses contemporains peignent une vision encore plus noire et militante de la société américaine.

De gauche à droite, Barbara Walters par Julian Schnabel, Red Jackie d'Andy Warhol, Liza Minnelli de Francesco Vezzoli, et Michael Jackson & Bubbles par Jeff Koons.

De gauche à droite, Barbara Walters par Julian Schnabel, Red Jackie d’Andy Warhol, Liza Minnelli de Francesco Vezzoli, et Michael Jackson & Bubbles par Jeff Koons.

La deuxième salle, d’apparence plus gaie, traite également le détournement d’images, mais cette fois tirées des tabloïds. On retrouve ici des œuvres emblématiques de l’artiste telles que les Marylin ou la Red Jackie, dans leur style reconnaissable très pop. Les immortalisations de ces célébrités par Warhol sont confrontées à des portraits contemporains au moyen de techniques différentes. On retrouve par exemple la Liza Minnelli brodée de Francesco Vezzoli, Marie Antoinette out for a walk at her petite Hermitage, France, 1750 par Karen Kilimnik représentant Paris Hilton, ou encore l’effrayant Michael Jackson and Bubbles de Jeff Koons en porcelaine blanc et or.

Après une thématique très attendue sur les séries de portraits, on arrive dans une salle un peu plus étrange, plus sérieuse et moins criarde. Le pop et le kitsch sont laissés de côté pour s’intéresser aux “Queer Studies : Shifting Identities”. Ici est questionnée la représentation du genre et de la sexualité, que Warhol avait commencé à aborder dans la période d’après-guerre. On y trouve un montage peu connu de l’artiste, Jean-Michel Basquiat, en noir et blanc, réalisé à partir de photos de Basquiat posant en sous-vêtement. Plus loin, l’œuvre Queer de Gilbert et Georges, peignant un sombre manifeste sur l’homophobie. Vient ensuite une photographie de Douglas Gordon, Self-Portrait as Kurt Cobain, as Andy Warhol, as Myra Hindley, as Marilyn Monroe, nous fait finalement sourire mais c’est loin des strass de Liz Taylor que nous quittons cette pièce.

C’est l’esprit moins léger que nous abordons la thématique suivante, “Consuming images – Appropriation, Abstraction and Seriality”. Un peu plus confuse, elle se base sur les techniques formelles qu’avait Andy Warhol pour détourner une image. Ainsi on retrouve entre autres son papier peint de vaches, Cow Wallpaper, associé au travail du motif de Christopher Wool, mais aussi des approches complètement différentes tels que les petits cadres vides Collection of Plaster Surrogates d’Allan McCollum.

La dernière thématique,“No boundaries – Business, Collaboration and Spectacle”, s’ouvre sur une pièce très pop et exubérante. Le Wall Relief With Birds de Jeff Koons répond aux sérigraphies Flowers de Warhol, sur un mur de papier peint signé Murakami, marquant l’influence des motifs décoratifs de l’artiste sur ses contemporains. Plus loin, des petits écrans de télé rappellent le fameux quart d’heure de gloire, présentant des vidéos clips de Warhol, marquant son attrait pour les collaborations, ainsi que des magazines et des travaux pour le monde de la musique.

Silvers Pillows Andy Warhol

Cow Wallpaper et Silver Pillows d’Andy Warhol

L’exposition se termine par une pièce remplie de ballons argentés flottants gonflés à l’hélium, où le spectateur peut jouer avec l’œuvre. Cette pièce est en fait une reproduction d’une exposition à la galerie Leo Castelli en 1966 où Warhol avait présenté ses Silver Pillows.

“Regarding Warhol” présente de nombreuses thématiques afin de couvrir les différentes influences de Warhol sur l’art depuis ces cinquante dernières années, au travers de nombreuses œuvres et artistes. Cela permet de se rendre compte du visionnaire qu’était Andy Warhol et ce qu’il a apporté comme questionnements à l’art contemporain. Mais cependant, vers la fin de l’exposition, on se perd dans ces thématiques qui semblent davantage être là pour justifier cet étalage d’œuvres majeures de l’art contemporain. Peut-être aurait-il été préférable d’être plus sélectif afin de servir les réelles problématiques de Warhol plutôt que d’être bien souvent dans la surenchère. Néanmoins, l’exposition restera mémorable puisqu’elle aura permis de regrouper une quantité impressionnante d’œuvres d’art qu’il est très rare de pouvoir contempler.

“Regarding Warhol, fifty years, sixty artists” au Metropolitan Museum of Art, New-York, jusqu’au 31 décembre.

Crédit photo : Librado Romero, The New York Times

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Papiers raclés 2


Deux affiches de Renovigo

Papiers raclés, c’est un événement bisontin qui célèbre l’affiche, le rock et la sérigraphie. Organisé depuis deux ans par les ateliers de sérigraphie All over (Lyon) et Superseñor (Besançon) et l’association le Club de Gym (Besançon), il avait lieu cette année du 12 au 30 novembre.

Malheureusement, je suis arrivée à Besançon après la “bataille”… et quelle bataille ! Entre les concerts, les initiations à la sérigraphie, les conférences, les projections et les expositions de posters, tout était fait pour que pendant quinze jours le public bisontin soit immergé dans le Rock’n’roll, qu’il soit sonore ou visuel. Notons que Didier Maiffredy, président de l’association “les Arts du Rock” et Christan Gfeller de Re:Surgo! (ex Bongoût) et ancien élève de l’atelier communication graphique de l’ESADS étaient les invités d’honneur de l’événement.

Re:Surgo!, c’est le nouveau nom du studio berlinois Bongoût, un atelier de sérigraphie dirigé par Christan Gfeller et Anna Hellsgård. Le duo s’attache à imprimer des affiches et des éditions de manière artisanale en collaborant avec des graphistes et des illustrateurs. Parmi les affiches d’art, les fanzines et les éditions, on trouve dans le portfolio de Re:Surgo! des visuels pour des concerts qui s’inscrivent dans la tradition de l’affiche rock ; collages, typographies manuscrites, sujets provocateurs et couleurs hypnotisantes en sont les éléments caractéristiques. Pour en savoir plus sur l’histoire de la scène poster rock, vous pouvez consulter le nouveau livre de Didier Maiffredy : Rock Poster Art, paru aux éditions Eyrolles en novembre 2012.

Pour ma part, je n’ai pu assister qu’à l’exposition Papiers Raclés qui avait lieu à la Maison Internationale. Des affiches de concert imprimées par Bongoût côtoient des posters sérigraphiés réalisés par les étudiants de l’ISBA lors d’un workshop avec Christan Gfeller.

Des événements traitant d’une culture alternative comme Papiers Raclés 2 sont assez rares en province. Pourtant à Besançon, les événements culturels prolifèrent. On pourrait presque en être jaloux… Mais le mieux serait de prendre des billets de train et de profiter tout en soutenant les associations organisatrices.

Papiers raclés
Re:Surgo!

Atelier Superseñor

Atelier All over

Le Club de Gym

ISBA

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Avez-vous déjà rencontré un Ombledroom ?


Il faut curieusement aller le chercher au rayon enfant en librairie ; c’est un petit album de 18 x 17 cm à la couverture noire et verte aux lettres dessinées, de 64 pages en noir et blanc. Même si cette fois-ci il ne s’agit pas d’un abécédaire sous la forme d’une suite de morts d’enfants, comme dans “Les enfants fichus”* (The Gashlycrumb Tinies, 1963), avec un A pour… “Amy tombée au bas des escaliers”, un J pour “James ayant bu un poison par erreur” et un R “pour Rodha brûlée en pleine fleur de l’âge” plus joyeusement il s’agit là d’une galerie de 26 animaux fantastiques.

Cet ouvrage publié aux États-Unis en 1967, au milieu de l’une de ses périodes les plus créatrices de cet auteur-dessinateur américain, The Utter Zoo illustre à nouveau sa prédilection pour les textes en rimes et les abécédaires. Le poète Jacques Roubaud, membre de l’Oulipo, en a écrit la version française.
Total Zoo est à la fois un abécédaire et un bestiaire où l’on rencontre des Boggerslosh, des Crunk, des Epitwee, des Humglum et autres espèces du genre ; d’un trait fin, à la plume, Edward Gorey les fait défiler page après page dans un climat étrange non dénué d’un charme tout victorien voire “gothique”. L’univers est absurde, décalé, comique et inquiétant comme dans la plupart des livres de Gorey.

Total Zoo (The Utter Zoo Alphabet).
Éditions Attila, automne 2012

* édité également chez Attila en 2011

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Salon Offprint Paris


C’est la troisième année que le salon d’éditions indépendantes Offprint se tient à Paris, investissant cette fois-ci la cour intérieure de l’école des Beaux-Arts.

Ce qui saute assez rapidement aux yeux en consultant la liste des participants, c’est la proportion plus que majoritaire de stands et éditeurs étrangers, mais surtout néérlandais ! En effet outre le fait que les Pays-Bas soient un excellent et très prolifique foyer de création graphique et éditoriale, il se trouve que les organisateurs de Offprint sont basés à Amsterdam ; ceci explique…

Malgré la taille du lieu, il est assez difficile de se faufiler jusqu’aux différents stands présentant magazines, revues, fanzines, livres d’artistes et autres livres en tous genres, tellement le public est venu nombreux. Impossible pour moi donc d’avoir un aperçu total de la foire ; je me glisse un peu aléatoirement entre les autres visiteurs tentant de feuilleter le plus possible de publications et d’obtenir quelques explications…

 

1. 
Duplicata (1/2 Zine)

1/2 est un projet d’échange graphique, photographique et illustratif entre quatre artistes et graphistes françaises installées dans quatre pays différents (Autriche, Allemagne, Pays-Bas et France).

Le collectif a pour habitude de présenter ses travaux sur leur blog undemi.fr, et de publier tous les six mois un nouveau numéro de leur “zine” (sept numéros à l’heure actuelle).

Mais leur dernière publication Duplicata est née d’un workshop. 1/2 a demandé aux personnes qui suivent leur activité de leur envoyer une photo prise par leurs soins. Puis le collectif s’est réuni à Berlin durant une journée de workshop où tout le monde était le bienvenu, et pouvait réaliser une composition de ces images sur un duplicopieur en format A3. Au final, quarante posters différents, imprimés uniformément en rouge, jaune, bleu et/ou noir, pliés en deux, et assemblés en une édition. Le plus étonnant dans ce projet (hormis la beauté de l’objet), c’est que bien que le collectif n’ait ni réalisé les photographies, ni mis en page celles-ci, leur marque de fabrique (en comparaison à leurs “zines”) reste évidente.

Prochain rendez-vous en janvier 2013 pour le 1/2 numéro 8 !

 

2.
Little Joe n°2
(trois numéros du magazine sont sortis à l’heure actuelle, mais malheureusement je ne peux feuilleter que le numéro 2 pour cause de rupture de stock).
Little Joe est un magazine biannuel qui s’intéresse au cinéma et à la culture queer (gay, lesbien, transexuel…) principalement autour des années 60-70 (d’où l’allure de la maquette). Ce magazine est donc composé d’interviews, de textes et de courts résumés de films de toutes époques s’intéressant à la culture queer.

L’impression est réalisée en bichromie orange et noire (plus trois inserts de marques-pages informatifs imprimés en rouge) par Ditto Press, un éditeur londonien possédant un duplicopieur avec dix-sept couleurs.

 

3.
PrintRoom

Intéressé par les publications présentées par ce stand je commence à discuter avec Lysiane Bollenbach qui le tient et découvre rapidement qu’elle a quitté l’ESAD il y a tout juste un an ! Elle travaille depuis chez PrintRoom, structure qui collectionnait à l’origine des publications d’artistes depuis 2003, et qui depuis 2010 a acquis un lieu à Rotterdam pour vendre et promouvoir divers projets éditoriaux. De plus depuis 2012 PrintRoom met à disposition des duplicopieurs et photocopieurs pour aider des artistes à développer et imprimer leurs publications et organiser des workshops.

 

4.
Dark and Stormy présenté par Sans Sériffe,  (librairie d’art et de graphisme qui vient d’ouvrir à Amsterdam)

Dark and Stormy zines est un projet éditorial mené par Rustan Söderling et Bart de Baets, tous deux graphistes à Amsterdam. Pour l’instant deux numéros sont sortis et se présentent sous la forme de livrets de six pages A4 imprimés en noir et blanc sur papiers colorés.

L’enjeu de ces petits journaux est de stimuler la création artistique en proposant des réinterprétations et citations de textes et travaux préexixtants, tout en restant ambigu sur les sources de leurs contenus afin d’entamer des sujets, d’ouvrir des voies de réflexion sans jamais donner de conclusion.

 

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Mrcrdsgn — cycle de conférences


À l’initiative de deux enseignants, Felix Müller (designer graphique) et Alain Cieutat (architecte), Mrcrdsgn est un cycle de conférences organisé depuis 2007 par le département Arts Plastiques de l’Université Paris 8 (Saint-Denis). La plupart du temps, les intervenants issus du domaine du design — mais pas uniquement — présentent leur pratique et leur parcours ou proposent un éclairage sur un projet particulier.
Le prochain rendez-vous du 28 novembre sera consacré aux projets de la maison d’édition Ypsilon, spécialisée en littérature et en typographie. Isabella Checcaglini, la fondatrice, questionnera les relations conceptuelles et formelles qu’entretiennent ces deux domaines.
De longs extraits vidéo de certaines conférences passées sont également disponibles en ligne.

Prochaine conférence :
Mercredi 28 novembre 2012 – 18h30
Salle A1-172
Université Paris 8 – Bâtiment A
département Arts Plastiques
2 rue de la Liberté, 93 Saint-Denis
métro Saint-Denis – Université

Mrcrdsgn
Ypsilon éditeur
Vidéos de Mrcrdsgn en ligne

 

 

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