23/11/2012 |
Par Elsa Varin
Le vendredi 9 novembre, nous nous sommes rendus au Palais universitaire de Strasbourg pour assister à la conférence des graphistes Thomas Couderc et Clément Vauchez, les deux membres du collectif Helmo. La rencontre était modérée par Vivien Philizot.
En ce mois de novembre, les affiches d’Helmo font partie intégrante du paysage urbain pour nous strasbourgeois, puisque les deux compères conçoivent depuis dix ans les affiches de Jazzdor, un festival de jazz qui se déroule cette année du 8 au 23 novembre.
“Un amour pervers pour les contraintes” ; cette citation de François Morellet projetée sur le mur au début de la conférence nous éclaire rapidement sur la méthode de travail d’Helmo. Selon eux, le budget restreint, le client, la diffusion ou encore l’impression sont autant de contraintes que le graphiste ne doit pas subir. Il doit plutôt s’en servir.
Bien souvent, les commanditaires dans le milieu culturel ont un budget assez bas. C’était le cas du Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape (CCNR) qui a commandé une identité visuelle à Helmo, incluant notamment le logo, le site web, les affiches et le programme. Afin de ne pas faire “exploser” le budget, l’ensemble des supports de communication est imprimé en offset monochrome à l’aide d’une vieille machine chez un imprimeur parisien habitué à travailler avec le collectif. Cette méthode d’impression, en plus d’être plus abordable que l’impression en offset “classique”, confère à l’identité du CCNR une empreinte très reconnaissable grâce à une gamme de couleurs Pantone qui se démarque des couleurs en quadrichromie beaucoup plus éteintes et ordinaires.
Thomas Couderc et Clément Vauchez sont captivés par la couleur. La sérigraphie est donc leur méthode d’impression favorite ; les couleurs y sont éclatantes, les encres peuvent se superposer, se mélanger dans le pot ou sur le papier, être mates ou brillantes. Les options sont multiples, à l’inverse de l’offset, qu’ils n’utilisent que plus rarement. Ce procédé d’impression leur permet aussi d’imprimer de très grands formats et d’expérimenter en faisant varier l’association des couches d’encre.
Avec Sonorama, Helmo fait une fois de plus l’expérience de la couleur. Sonorama est un festival bisontin qui amenait le spectateur à découvrir une ville sonore et vivante au travers de spectacles de rue, de performances ou de concerts disséminés dans Besançon. Le duo de graphistes a créé pour l’occasion une typographie dont les modules colorés se superposent et se rencontrent. Ayant pris connaissance à l’avance des dates auxquelles les affiches seraient installées dans la ville, Thomas et Clément on décidé de concevoir des visuels qui fonctionnent sur la durée : chaque semaine, une nouvelle couche sérigraphiée s’ajoutait à la précédente. Plus l’événement approche, plus les motifs, considérés par le collectif comme une sorte de “bruit visuel”, se multiplient et obstruent la lecture des informations. Les affiches passent du silence au vacarme en l’espace de quelques semaines.
L’aléatoire est un principe que l’on retrouve dans plusieurs de leurs productions. Le duo aime en effet compter sur le hasard. Il apprécie les rencontres improbables et les événements graphiques, comme dans cette série de papiers peints réalisée pour le WallpaperLab, un concours organisé par les professionnels du papier peint regroupés au sein de l’association A3P et le Musée des Arts Décoratifs de Paris. Ici, le motif n’en est plus un, au sens strict du terme. Tandis que nous sommes habitués à la répétition dans le papier peint traditionnel, Helmo brise la routine et nous propose ces murs inattendus. Les lés de papiers peints sont disposés de sorte que les raccords droits, croisés ou libres varient aléatoirement tout en rendant l’espace vibrant.
Helmo explore tous les fronts, de l’édition à l’installation, de la scénographie à l’affiche, en gardant toujours leur signature colorée et leur goût prononcé pour les impressions de qualité, l’expérimentation et la beauté de la coïncidence. Les deux graphistes mettent en valeur ces principes qui leur sont chers dans leur exposition “Stratigraphie”.
Lien : Helmo