Sürkrüt

Blog de l’atelier de Communication graphique de la HEAR

“Petite planète”, découvrir le monde autrement


Dès 1952, la collection Petite planète parait aux éditions du Seuil sous la direction de Chris Marker. Celle-ci se démarque du paysage des livres de voyage et de géographie, à la fois par son contenu et sa mise en forme. En effet, elle est pensée comme « l’équivalent, plutôt, de la conversation que vous aimeriez avoir avec un homme intelligent et connaissant bien le pays qui vous intéresse ». Les sujets abordés ne sont pas ceux du tourisme de base et des notions arrêtées, mais la vision de pays en changement dans le contexte d’un monde résolument moderne. Marker entend « renseigner dès l’abord ses lecteurs sur les problème humains qui se posent dans les pays » en question.

L’accent est également mis sur l’image (quasiment la moitié des pages) et son articulation dans l’espace du livre. Certaines utilisations sont osées, parfois jusqu’à devenir incommodes, voire illisibles. Juliette Caputo, en charge de la maquette, n’hésitait pas, ainsi, à jouer de superpositions, de rotations ou de recadrages forcés. Chaque numéro se voit associé une couleur, utilisée tant pour les reproductions photographiques que les illustrations (d’animaux, en majeure partie).

L’ensemble ainsi créé est fort et tout en modestie. Il se distingue par une qualité à tous les niveaux, contenu textuel et visuel, mais également mise en forme, impression et façonnage. La collection Petite planète est une invitation a redécouvrir les productions d’une autre époque et à trouver l’inspiration dans une édition qui, bien que destinée à un public étendu, se risque à de l’inattendu et du nouveau.

Chris Marker, collection “Petite Planète”

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Cartoguide Shell, du graphisme à la carte


CartoGuideShell (1)

Comme beaucoup de productions graphiques et éditoriales de cette époque, nous disposons de très peu d’informations sur cette collection de cartoguides distribuée par Shell en 1971.
La mise en page de ces cartes, produites par Foldex France, a été sous-traitée à une société basée dans les environs de Marseille, dont le nom n’apparaît ni sur les documents ni dans aucune archive. Les illustrations de couverture sont cependant signées par Daniel Hamot.
La France y est divisée en 14 grandes régions, le tout réuni dans une pochette en cuir.
Au dos de chaque carte est proposée une liste des principales agglomérations de la région et de leurs spécialités (gastronomie, lieux, cadeaux souvenir).

 

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Papier-monnaie


Proposé par Yohanna My Nguyen et Philippe Delangle, ce sujet réalisé par des tandems d’étudiants permettait de réfléchir à ce qu’est un sytème graphique avec la mise en place de codes (format, typographie, couleurs et iconographie) pour un support qui sert d’instrument pour le paiement et que l’on connaît tous : le papier-monnaie.
Cette réflexion devait se situer dans un cadre : celui d’un pays réel ou imaginaire qui pouvait se tourner vers des utopies ; il fallait imaginer une monnaie d’échange pour un monde dont restait à trouver la cohérence et les références visuelles.
L’ensemble des propositions ressemble à un inventaire à la Prévert : des Mèmes, des Paper, des Secondes, des OK, des Lices, des Revels, des UB/IK, des El Quilla provenant d’un monde planétaire, d’un présent parralèle, d’une Europe dans un futur proche, de la planète terre, de République démocratique fédérale de Mars, du Pays de Cocagne, d’un roman (UBIK de Philip K. Dick) et de l’Eldorado… Petites et grandes coupures allant de 5 à 29 billets ont été réfléchies, âprement discutées, travaillées, histoire de réimaginer le monde dans une période de crise économique… et monétaire.

Voici une sélection de projets :

 

Arman Mohtadji & Lucas Descroix, Federal Democratic Republic of Mars

Nous avons basé notre projet sur l’utopie d’une conquête de la planète Mars (vidéo de présentation). Cette idée de colonisation, de découverte, nous a inspiré l’image d’une cartographie en constante évolution. L’empilement des différents billets transparents permet la représentation de ce mouvement d’expansion.

la Lice / 5 billets / 14 × 7 cm / impression laser sur rhodoïde

 

 

Quentin Le Roux & Léna Robin, Le Revel : monnaie du Pays de Cocagne

Nous avons imaginé une monnaie pour le Pays de Cocagne, utopie médiévale du XIIIe siècle. Le travail y est proscrit et contrairement au contexte de l’époque, la vie menée est oisive, faite de nourriture, de repos et de fêtes.
En nous basant sur la géographie du lieu et sur le principe d’ascension divine, nous avons réalisé trois frises de neuf billets, chacune étant destinée à un emploi : nourriture, boisson, repos.
Nous avons pris le parti d’en faire une interprétation graphique à la fois illustrative et précieuse.

le Revel / 27 billets / 13,2 × 6,6 cm / gravures d’après clichés polymères sur papier type bible

 

 

Erwan Coutellier  & Alexis Sadowski, La 2nde 

La 2nde est une monnaie complémentaire venant s’ajouter à l’Euro sur le territoire français dans un futur proche. L’unité de cette monnaie se calque sur le temps, des biens alimentaires, industriels, de loisirs et culture et des services pourront être consommés par quarts d’heures.

Cette monnaie ne fonctionne pas sur le principe de billets mais sous forme de carnets dont les pages sont validées par un système de tampons.

La 2nde / 1 carnet de 24 feuilles / 9,5 × 9,5 cm / impression laser, sérigraphie et tampons

 

 

Zoé Quentel  & Anthony Millotte, Ubik

Ce système monétaire s’appuie sur le roman Ubik écrit par Phillip K. Dick. Le récit évolue dans une société ultra-capitaliste où le quotidien de chaque personnage est dicté par l’argent.

Nous nous sommes tout d’abord intéressés à la réversion du temps à laquelle sont confrontés les personnages. Les variations temporelles conduisent à de brusques changements monétaires, ce qui nous a amenés à créer une monnaie convertible en produisant des billets grattables. Chaque billet correspond à un passage du roman, dans un lieu précis, dont les valeurs correspondent à la pagination. Nous avons également choisi de garder des éléments existants de l’édition comme le format, afin de pouvoir intégrer nos billets au livre.

UB/IK / 7 billets / 10,5 × 17,5 cm / impression laser et sérigraphie

 

 

Julie Deck Marsault & Caroline Lambert, Une monnaie universelle, une monnaie planétaire

Nous sommes parties de l’envie d’une monnaie utilisable dans le monde réel d’aujourd’hui mais sous un fonctionnement planétaire utopique, qui n’existe pas actuellement. Un monde qui serait prêt à avoir des valeurs financières communes et un nouveau langage lors des échanges financiers. Comme si tout le monde était analphabète, une monnaie utilisable par tous.
Nous avons cherché des signes qui pourraient correspondre à ces critères. Nous nous sommes inspirées de l’alphabet phénicien, qui n’est plus utilisé aujourd’hui et qui est construit à partir de signes représentants des objets.
Chaque billet correspond à une valeur indiquée par un signe qui représente lui même un objet. Nous avons classé nos billets à l’aide des tailles des objets d’origine. La valeur augmente et diminue en fonction de la taille de l’objet. Sur chaque billet, le signe forme la trame de fond, les éléments décoratifs et l’information première.
Nous pourrions désormais classer tout ce qui s’achète dans de grandes catégories de prix. Il n’y aurait que 5 ordres de grandeur pour toutes les valeurs marchandes de la planète.

OK / 5 billets / 10,2 × 7,4 cm / impression laser et gaufrage sur papier cartonné

 

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Conférence de Daniel Eatock


Sa conférence commença par un aveu, celui de ne pas être à l’aise, d’avoir besoin de temps avant de commencer. Pour se faire, il fit passer un appareil photo et demanda à chacun de prendre en photo son voisin l’un après l’autre. Le photographié devenant le photographe, créant ainsi une boucle partant de Daniel Eatock et revenant vers lui. Circulaire est bien le mot qui pourrait caractériser l’organisation de cette conférence. Totalement à l’image de son processus créatif, cette conférence aborde via soixante photos, représentatives de quelques grands thèmes de son parcours artistique complexe, efficace et prolifique. Disposées en cercle sur un immense document Indesign, elles composaient une heure de conférence soit une minute par photo. Une sorte de powerpoint low tech grâce auquel l’artiste engloba les thèmes majeurs de son travail de directeur artistique et artiste-plasticien.

« I seek alignments, paradoxes, chance circumstance, loops, impossibilities and wit encountered in everyday life. I often change my mind, go full circle, and arrive at the beginning. »

oneHourCircle

Le cercle
One Houre Circle est un cercle réalisé par douze personnes en une heure chaque personne dessinant une partie pendant 5min. C’est un projet réalisé avec des étudiants de l’Oslo National Academy of the Arts et The Oslo School of Architecture and Design. Ce travail se décline au travers de différentes durées, une minute, une seconde etc.

SwitchedOffEatock

La fin et le commencement
Une partie du travail de Daniel Eatock interroge l’intervalle entre deux états, deux instants. Switched Off Photographs illustre cette pensée. Le photographe doit éteindre sa lampe en même temps qu’il enclenche l’obturateur de son appareil. Cette lampe n’est donc ni tout à fait éteinte ni tout à fait allumée.

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Best Before October 26, 2008 aborde le même questionnement mettant en scène des aliments se périmant au même instant. Deux photos sont prises, l’une une seconde avant l’autre une seconde après la péremption.

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Le sens des images
Hands
met en avant l’importance du sens d’une image. D’une part, les mains donnent, de l’autre elles réclament.

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Le paradoxe
Une étagère qui est supportée par les objets qu’elle porte et perd son utilité et devient un objet absurde. De même que cette boite de ciseaux nécessitant des ciseaux pour ouvrir. On voit bien que le travail artistique de l’artistique est fondé sur une mise en abîme de l’objet et de sa fonction.

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Daniel Eatock a étudié au Royal College of Art et a ensuite travaillé dans l’équipe du design du Walker Art Center à Minneapolis pour enfin retourner à Londres et travailler pour des clients tels que la Serpentine Gallery ou Channel 4 Television. Inturn Poster est un poster rotatif fixé avec une punaise en son centre, ainsi faut-il tourner le poster pour lire l’intégralité des informations.

Eatock est un “poète” qui manie le langage visuel proche d’un idéal mallarméen de suggestion.
Ses assemblages d’objets du quotidien produisent un sens nouveau et dégagent une certaine étrangeté. L’objet ainsi détourné, retourné “inside/out”, mis en abîme, “résonne de l’intérieur” et se détache du mot qui lui est rattaché , se dernier perd son pouvoir de nomination pour laisser place à une nouvelle image.

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Conférence de Nicolas Beaupré “Guerre et littérature : les milieux littéraires dans la Grande Guerre, écrivains, éditeurs et revues en France et en Allemagne 1914-1918”


Die Aktion n. 1-2, 1915 illustration de Ludwig Meidner

La conférence se propose de présenter la réaction des milieux littéraires (au sens large) à l’éclatement du premier conflit mondial puis à son installation. Au front comme à l’arrière, écrivains, poètes, éditeurs, directeurs de revues, critiques, jurys de prix littéraires, etc. durent s’adapter à la situation nouvelle qui avait dans un premier temps profondément désorganisé le champ littéraire. Pour beaucoup, cette adaptation se traduisit par une mobilisation pour la patrie qui alla parfois jusqu’à la mort au front. Pour d’autres, moins nombreux, elle se transforma en désillusion et en refus de la guerre. Pour d’autres enfin, la Grande Guerre se traduisit par de nouvelles recherches formelles comme le montrent par exemple l’éclosion ou le développement de revues littéraires d’avant-garde en tant que réponse à la guerre. Cette conférence offrira un panorama comparatif franco-allemand.

Nicolas Beaupré
Nicolas Beaupré (1970) a étudié à Nancy, à Lille et à Nanterre. Il est agrégé (1995) et docteur en histoire (2002) avec une thèse intitulée Les écrivains combattants français et allemands de la Grande Guerre,1914-1920 (essai d’histoire comparée). Depuis 2006, il est maître de conférences à l’université Blaise Pascal (Clermont-Ferrand). Il est également membre du comité directeur du centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre de Péronne depuis 2007 et en 2010, il a été nommé membre junior de l’Institut Universitaire de France (IUF). Spécialiste d’histoire contemporaine de la France et de l’Allemagne, il a notamment publié Le Rhin, une géohistoire, Paris, La documentation française, 2005 et Écrire en guerre, écrire la guerre, France-Allemagne 1914-1920, Paris, CNRS édition, 2006, ouvrage qui a obtenu trois prix. En 2012, il a publié chez Belin Les Grandes Guerres (1914-1945) un ouvrage de près de 1200 pages dans la collection Histoire de France dirigée par Joël Cornette ainsi qu’un ouvrage intitulé Le Traumatisme de la Grande Guerre, histoire franco-allemande de 1918 à 1933 parue en allemand en 2009 et en français en 2012, ouvrage couronné du Prix parlementaire franco-allemand 2013.

11 avril 2013 – 17 h 30
Auditorium de l’École supérieure des arts décoratifs
Haute école des arts du Rhin

1, rue de l’Académie, Strasbourg
Entrée libre

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