Sürkrüt

Blog de l’atelier de Communication graphique de la HEAR

Pieter Hugo, Galerie Stimultania (Strasbourg)


Originaire du Cap, en Afrique du Sud, Pieter Hugo présente par la photographie un visage singulier de son continent et de la vie qui s’y déroule. Ce sont des scènes qu’on ne voit habituellement pas lorsque l’on représente l’Afrique, en marge donc de l’image classique que nous en renvoie la photographie contemporaine. Pour ce faire, Pieter Hugo se concentre sur des contextes presque hors du commun, comme des anecdotes, des détails pourtant dignes d’être transmis au monde. Il en résulte des séries d’images fortes, dont le format imposant et le piqué ne sont pas sans évoquer une esthétique picturale.
L’exposition adaptée à la modeste superficie de la galerie permet tout de même d’envisager trois axes de son travail : les plateaux de cinéma de Nollywood, les dompteurs de hyènes ainsi que des portraits de familles blanches d’Afrique du Sud.

extrait de la série Nollywood

extrait de la série Nollywood

extrait de la série The Hyena and Other Men

extrait de la série The Hyena and Other Men

extrait de la série <i>The Hyena and Other Men</i>

extrait de la série The Hyena and Other Men

extrait de la série Messina / Musina

extrait de la série Messina / Musina

 Pieter Hugo – This Must Be The Place
(première exposition personnelle en France)
à la Galerie Stimultania, jusqu’au 17 mars 2013

 Galerie Stimultania

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“Regarding Warhol, Fifty Years, Sixty Artists”


Bienvenue au MET – The Metropolitan Museum of Art, un des plus grands musées d’art au monde. Situé en plein cœur de l’île de Manhattan, il présente une collection de 250 000 œuvres (contre 35 000 au Louvre pour vous faire une idée). S’il faut consacrer deux journées à la visite du musée du Louvre, il en faudrait peut-être cinq pour parcourir les 280 salles de cet immense musée.

De gauche à droite, Icebox d’Andy Warhol, Plastik-Wannen de Sigmar Polke, les Brillo Soap Pads Boxes par Andy Warhol, et Untitled (Bin with Octane Boost) par Cady Noland.

De gauche à droite, Icebox d’Andy Warhol, Plastik-Wannen de Sigmar Polke, les Brillo Soap Pads Boxes par Andy Warhol, et Untitled (Bin with Octane Boost) par Cady Noland.

Mais arrêtons nous sur l’exposition temporaire qui anime le MET depuis la rentrée. “Regarding Warhol, fifty years, sixty artists” est consacrée à l’influence de l’artiste Andy Warhol ces cinquante dernières années, au travers de plus de cent cinquante œuvres. C’est la première fois qu’un musée tente de retracer l’héritage de l’artiste au travers d’œuvres contemporaines, ce qui constitue le premier atout de l’exposition, mais également l’impressionnante collecte d’œuvres emblématiques contemporaines, venant de tous horizons.

“Regarding Warhol, fifty years, sixty artists” prend pour point de départ de la carrière de l’artiste l’exposition “The New Artists”, qui a eu lieu à New-York en 1962. L’artiste exposait alors ses expérimentations faites à la Factory, aux côtés de Roy Lichtenstein, entre autres.

La première œuvre qui nous est présentée est un double autoportrait d’Andy Warhol, pensif, en introduction aux thèmes de réflexions proposés tout au long de l’exposition. On entre ensuite dans la première salle de l’exposition,“Daily News : From Banality to Disaster”. Cette thématique propose un retour sur des œuvres majeures d’Andy Warhol telles que les boîtes Brillo Soap Pads Boxes, la série Green Coca-Cola Bottles, ou encore les boîtes de soupe Big Campbell’s Soup Can, 19¢ (Beef Noodle). Par cette accumulation d’images issues de la culture consumériste américaine des années 60, cette première salle nous rappelle les origines de l’artiste et sa première carrière dans le monde de la publicité. Mais cette salle marque également le début d’une nouvelle carrière, en tant qu’artiste. Une première progression apparaît dans cette thématique, plus on avance et plus les œuvres deviennent violentes et pessimistes. Les bouteilles de Coca-Cola sont troquées contre les chaises électriques d’Orange Disaster, que l’on retrouve aux côtés de la tronçonneuse Chanel Chain Saw de Tom Sachs et de la Burning Gas Station d’Ed Ruscha. En réutilisant ce détournement d’images et de marques instauré par Warhol, ses contemporains peignent une vision encore plus noire et militante de la société américaine.

De gauche à droite, Barbara Walters par Julian Schnabel, Red Jackie d'Andy Warhol, Liza Minnelli de Francesco Vezzoli, et Michael Jackson & Bubbles par Jeff Koons.

De gauche à droite, Barbara Walters par Julian Schnabel, Red Jackie d’Andy Warhol, Liza Minnelli de Francesco Vezzoli, et Michael Jackson & Bubbles par Jeff Koons.

La deuxième salle, d’apparence plus gaie, traite également le détournement d’images, mais cette fois tirées des tabloïds. On retrouve ici des œuvres emblématiques de l’artiste telles que les Marylin ou la Red Jackie, dans leur style reconnaissable très pop. Les immortalisations de ces célébrités par Warhol sont confrontées à des portraits contemporains au moyen de techniques différentes. On retrouve par exemple la Liza Minnelli brodée de Francesco Vezzoli, Marie Antoinette out for a walk at her petite Hermitage, France, 1750 par Karen Kilimnik représentant Paris Hilton, ou encore l’effrayant Michael Jackson and Bubbles de Jeff Koons en porcelaine blanc et or.

Après une thématique très attendue sur les séries de portraits, on arrive dans une salle un peu plus étrange, plus sérieuse et moins criarde. Le pop et le kitsch sont laissés de côté pour s’intéresser aux “Queer Studies : Shifting Identities”. Ici est questionnée la représentation du genre et de la sexualité, que Warhol avait commencé à aborder dans la période d’après-guerre. On y trouve un montage peu connu de l’artiste, Jean-Michel Basquiat, en noir et blanc, réalisé à partir de photos de Basquiat posant en sous-vêtement. Plus loin, l’œuvre Queer de Gilbert et Georges, peignant un sombre manifeste sur l’homophobie. Vient ensuite une photographie de Douglas Gordon, Self-Portrait as Kurt Cobain, as Andy Warhol, as Myra Hindley, as Marilyn Monroe, nous fait finalement sourire mais c’est loin des strass de Liz Taylor que nous quittons cette pièce.

C’est l’esprit moins léger que nous abordons la thématique suivante, “Consuming images – Appropriation, Abstraction and Seriality”. Un peu plus confuse, elle se base sur les techniques formelles qu’avait Andy Warhol pour détourner une image. Ainsi on retrouve entre autres son papier peint de vaches, Cow Wallpaper, associé au travail du motif de Christopher Wool, mais aussi des approches complètement différentes tels que les petits cadres vides Collection of Plaster Surrogates d’Allan McCollum.

La dernière thématique,“No boundaries – Business, Collaboration and Spectacle”, s’ouvre sur une pièce très pop et exubérante. Le Wall Relief With Birds de Jeff Koons répond aux sérigraphies Flowers de Warhol, sur un mur de papier peint signé Murakami, marquant l’influence des motifs décoratifs de l’artiste sur ses contemporains. Plus loin, des petits écrans de télé rappellent le fameux quart d’heure de gloire, présentant des vidéos clips de Warhol, marquant son attrait pour les collaborations, ainsi que des magazines et des travaux pour le monde de la musique.

Silvers Pillows Andy Warhol

Cow Wallpaper et Silver Pillows d’Andy Warhol

L’exposition se termine par une pièce remplie de ballons argentés flottants gonflés à l’hélium, où le spectateur peut jouer avec l’œuvre. Cette pièce est en fait une reproduction d’une exposition à la galerie Leo Castelli en 1966 où Warhol avait présenté ses Silver Pillows.

“Regarding Warhol” présente de nombreuses thématiques afin de couvrir les différentes influences de Warhol sur l’art depuis ces cinquante dernières années, au travers de nombreuses œuvres et artistes. Cela permet de se rendre compte du visionnaire qu’était Andy Warhol et ce qu’il a apporté comme questionnements à l’art contemporain. Mais cependant, vers la fin de l’exposition, on se perd dans ces thématiques qui semblent davantage être là pour justifier cet étalage d’œuvres majeures de l’art contemporain. Peut-être aurait-il été préférable d’être plus sélectif afin de servir les réelles problématiques de Warhol plutôt que d’être bien souvent dans la surenchère. Néanmoins, l’exposition restera mémorable puisqu’elle aura permis de regrouper une quantité impressionnante d’œuvres d’art qu’il est très rare de pouvoir contempler.

“Regarding Warhol, fifty years, sixty artists” au Metropolitan Museum of Art, New-York, jusqu’au 31 décembre.

Crédit photo : Librado Romero, The New York Times

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Papiers raclés 2


Deux affiches de Renovigo

Papiers raclés, c’est un événement bisontin qui célèbre l’affiche, le rock et la sérigraphie. Organisé depuis deux ans par les ateliers de sérigraphie All over (Lyon) et Superseñor (Besançon) et l’association le Club de Gym (Besançon), il avait lieu cette année du 12 au 30 novembre.

Malheureusement, je suis arrivée à Besançon après la “bataille”… et quelle bataille ! Entre les concerts, les initiations à la sérigraphie, les conférences, les projections et les expositions de posters, tout était fait pour que pendant quinze jours le public bisontin soit immergé dans le Rock’n’roll, qu’il soit sonore ou visuel. Notons que Didier Maiffredy, président de l’association “les Arts du Rock” et Christan Gfeller de Re:Surgo! (ex Bongoût) et ancien élève de l’atelier communication graphique de l’ESADS étaient les invités d’honneur de l’événement.

Re:Surgo!, c’est le nouveau nom du studio berlinois Bongoût, un atelier de sérigraphie dirigé par Christan Gfeller et Anna Hellsgård. Le duo s’attache à imprimer des affiches et des éditions de manière artisanale en collaborant avec des graphistes et des illustrateurs. Parmi les affiches d’art, les fanzines et les éditions, on trouve dans le portfolio de Re:Surgo! des visuels pour des concerts qui s’inscrivent dans la tradition de l’affiche rock ; collages, typographies manuscrites, sujets provocateurs et couleurs hypnotisantes en sont les éléments caractéristiques. Pour en savoir plus sur l’histoire de la scène poster rock, vous pouvez consulter le nouveau livre de Didier Maiffredy : Rock Poster Art, paru aux éditions Eyrolles en novembre 2012.

Pour ma part, je n’ai pu assister qu’à l’exposition Papiers Raclés qui avait lieu à la Maison Internationale. Des affiches de concert imprimées par Bongoût côtoient des posters sérigraphiés réalisés par les étudiants de l’ISBA lors d’un workshop avec Christan Gfeller.

Des événements traitant d’une culture alternative comme Papiers Raclés 2 sont assez rares en province. Pourtant à Besançon, les événements culturels prolifèrent. On pourrait presque en être jaloux… Mais le mieux serait de prendre des billets de train et de profiter tout en soutenant les associations organisatrices.

Papiers raclés
Re:Surgo!

Atelier Superseñor

Atelier All over

Le Club de Gym

ISBA

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Exposition « Affiche-Action, Quand la politique s’écrit dans la rue »


Affiche de Pierre di Sciullo

Le texte de présentation de la BDIC (Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine) donne ces informations :
« Outil de communication graphique et plastique, l’affiche est l’un des supports privilégiés de l’écrit dans la rue. Aujourd’hui très largement associée aux messages publicitaires, elle fut avant tout l’expression d’une parole publique forte. Nombreux sont les exemples qui ont marqué l’histoire : des affiches révolutionnaires de 1789 à celles de mai 68, les écrits politiques n’ont eu de cesse de recouvrir les murs de la ville, faisant de la rue le terrain d’affirmation de la démocratie.
Avec plus de 150 documents, l’exposition Affiche-action, Quand la politique s’écrit dans la rue dresse une généalogie de l’écrit urbain par le prisme des affiches texte, au cœur des révolutions qui ont façonné notre société.

Comment l’écrit investit-il la rue ? Quelles formes graphiques pour quels discours
politiques ? L’exposition revient sur autant de problématiques historiques
éclairant nos propres pratiques d’appropriation et d’investissement de l’espace public.

Sommaire du parcours de l’exposition :
1. Introduction : Mourir pour ses idées !
2. 1789-1871. l’affiche, outil d’affirmation de la démocratie.
3. L’affiche dans la ville. Imprimer, diffuser, lire.
4. Action ! Voter, résister, militer, agir.
5. Ouvrez l’œil : graphisme et affiche politique aujourd’hui. »

Affiche-Action, Quand la politique s’écrit dans la rue
Du 14 novembre 2012 au 24 février 2013
Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine
Musée d’Histoire contemporaine – Hôtel national des Invalides – Cour d’Honneur –
Paris 7e

www.expositionafficheaction.fr

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Exposition « Stratigraphie »


Le collectif Helmo a une méthode particulière d’aborder la création graphique. Leurs travaux sont constitués de plusieurs couches superposées. Ces strates peuvent être de natures différentes (photographie, typographie ou illustration), pourtant le résultat imprimé est d’une homogénéité singulière. Cette technique de stratification est le résultat d’une collaboration entre l’imprimeur LézardGraphique et les graphistes.

Pour “Stratigraphie”, la contrainte qu’ils se sont imposée était de réutiliser les affiches issues de commandes antérieures. Ces affiches sont surimprimées d’une nouvelle strate ; dix nouvelles images s’ajoutent à dix affiches. Cette couche supplémentaire imprimée en sérigraphie détériore ou complémente le visuel. La surimpression apporte une nouvelle esthétique et une nouvelle signification. Cet exercice retire la valeur commerciale de ces affiches. Le résultat de certaines affiches était planifié avec un travail PAO en amont (Jazzdor) ; pour d’autres, l’association était plus accidentelle.

Jean-Yves Grandidier (imprimeur Lézard Graphique) n’était pas surpris par cette demande. Le collectif Helmo aborde continuellement de nouvelles méthodes d’impression, il s’intéresse particulièrement à la matière, aux encres et aux supports. C’est cette expérimentation qui engendre leur “style graphique”.

Sur une table centrale sont présentés quelques travaux (des éditions en grande partie) conçus antérieurement pour des événements tels que Jazzdor, Sonorama, Siana, Pronomade(s) ou encore La Gaîté Lyrique.

Helmo, “Stratigraphie”, du 9 au 23 novembre 2012 — Palais universitaire de Strasbourg, salle 27

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