Sürkrüt

Blog de l’atelier de Communication graphique de la HEAR

La rencontre avec Helmo


Le vendredi 9 novembre, nous nous sommes rendus au Palais universitaire de Strasbourg pour assister à la conférence des graphistes Thomas Couderc et Clément Vauchez, les deux membres du collectif Helmo. La rencontre était modérée par Vivien Philizot.

En ce mois de novembre, les affiches d’Helmo font partie intégrante du paysage urbain pour nous strasbourgeois, puisque les deux compères conçoivent depuis dix ans les affiches de Jazzdor, un festival de jazz qui se déroule cette année du 8 au 23 novembre.

“Un amour pervers pour les contraintes” ; cette citation de François Morellet projetée sur le mur au début de la conférence nous éclaire rapidement sur la méthode de travail d’Helmo. Selon eux, le budget restreint, le client, la diffusion ou encore l’impression sont autant de contraintes que le graphiste ne doit pas subir. Il doit plutôt s’en servir.

Bien souvent, les commanditaires dans le milieu culturel ont un budget assez bas. C’était le cas du Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape (CCNR) qui a commandé une identité visuelle à Helmo, incluant notamment le logo, le site web, les affiches et le programme. Afin de ne pas faire “exploser” le budget, l’ensemble des supports de communication est imprimé en offset monochrome à l’aide d’une vieille machine chez un imprimeur parisien habitué à travailler avec le collectif. Cette méthode d’impression, en plus d’être plus abordable que l’impression en offset “classique”, confère à l’identité du CCNR une empreinte très reconnaissable grâce à une gamme de couleurs Pantone qui se démarque des couleurs en quadrichromie beaucoup plus éteintes et ordinaires.

Thomas Couderc et Clément Vauchez sont captivés par la couleur. La sérigraphie est donc leur méthode d’impression favorite ; les couleurs y sont éclatantes, les encres peuvent se superposer, se mélanger dans le pot ou sur le papier, être mates ou brillantes. Les options sont multiples, à l’inverse de l’offset, qu’ils n’utilisent que plus rarement. Ce procédé d’impression leur permet aussi d’imprimer de très grands formats et d’expérimenter en faisant varier l’association des couches d’encre.

Avec Sonorama, Helmo fait une fois de plus l’expérience de la couleur. Sonorama est un festival bisontin qui amenait le spectateur à découvrir une ville sonore et vivante au travers de spectacles de rue, de performances ou de concerts disséminés dans Besançon. Le duo de graphistes a créé pour l’occasion une typographie dont les modules colorés se superposent et se rencontrent. Ayant pris connaissance à l’avance des dates auxquelles les affiches seraient installées dans la ville, Thomas et Clément on décidé de concevoir des visuels qui fonctionnent sur la durée : chaque semaine, une nouvelle couche sérigraphiée s’ajoutait à la précédente. Plus l’événement approche, plus les motifs, considérés par le collectif comme une sorte de “bruit visuel”, se multiplient et obstruent la lecture des informations. Les affiches passent du silence au vacarme en l’espace de quelques semaines.

  

L’aléatoire est un principe que l’on retrouve dans plusieurs de leurs productions. Le duo aime en effet compter sur le hasard. Il apprécie les rencontres improbables et les événements graphiques, comme dans cette série de papiers peints réalisée pour le WallpaperLab, un concours organisé par les professionnels du papier peint regroupés au sein de l’association A3P et le Musée des Arts Décoratifs de Paris. Ici, le motif n’en est plus un, au sens strict du terme. Tandis que nous sommes habitués à la répétition dans le papier peint traditionnel, Helmo brise la routine et nous propose ces murs inattendus. Les lés de papiers peints sont disposés de sorte que les raccords droits, croisés ou libres varient aléatoirement tout en rendant l’espace vibrant.

Helmo explore tous les fronts, de l’édition à l’installation, de la scénographie à l’affiche, en gardant toujours leur signature colorée et leur goût prononcé pour les impressions de qualité, l’expérimentation et la beauté de la coïncidence. Les deux graphistes mettent en valeur ces principes qui leur sont chers dans leur exposition “Stratigraphie”.

Lien : Helmo

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Exposition « Stratigraphie »


Le collectif Helmo a une méthode particulière d’aborder la création graphique. Leurs travaux sont constitués de plusieurs couches superposées. Ces strates peuvent être de natures différentes (photographie, typographie ou illustration), pourtant le résultat imprimé est d’une homogénéité singulière. Cette technique de stratification est le résultat d’une collaboration entre l’imprimeur LézardGraphique et les graphistes.

Pour “Stratigraphie”, la contrainte qu’ils se sont imposée était de réutiliser les affiches issues de commandes antérieures. Ces affiches sont surimprimées d’une nouvelle strate ; dix nouvelles images s’ajoutent à dix affiches. Cette couche supplémentaire imprimée en sérigraphie détériore ou complémente le visuel. La surimpression apporte une nouvelle esthétique et une nouvelle signification. Cet exercice retire la valeur commerciale de ces affiches. Le résultat de certaines affiches était planifié avec un travail PAO en amont (Jazzdor) ; pour d’autres, l’association était plus accidentelle.

Jean-Yves Grandidier (imprimeur Lézard Graphique) n’était pas surpris par cette demande. Le collectif Helmo aborde continuellement de nouvelles méthodes d’impression, il s’intéresse particulièrement à la matière, aux encres et aux supports. C’est cette expérimentation qui engendre leur “style graphique”.

Sur une table centrale sont présentés quelques travaux (des éditions en grande partie) conçus antérieurement pour des événements tels que Jazzdor, Sonorama, Siana, Pronomade(s) ou encore La Gaîté Lyrique.

Helmo, “Stratigraphie”, du 9 au 23 novembre 2012 — Palais universitaire de Strasbourg, salle 27

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Helmo – Rencontre et exposition



Le vendredi 9 novembre à 16 h au palais universitaire à Strasbourg (salle 119) 
le Master design de l’Université de Strasbourg organise une rencontre avec le collectif de graphistes Helmo dans le cadre de Design Dialog.
La rencontre sera suivie à 18 h du vernissage de leur exposition intitulée “Stratigraphie” (salle 27).
lien: Helmo

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Archives d’un passé proche


Applications iPad réalisées dans le cadre d’un workshop pendant la semaine Hors-limites proposé par Philippe Delangle, Jérôme Saint-Loubert Bié et Dominique Auerbacher et avec comme intervenant extérieur Kévin Donnot (suivi des projets et développement).

L’avènement du numérique a modifié considérablement notre rapport à la production, à la diffusion, et à la conservation des images. Les supports d’archives photographiques ont été renouvelés, adaptés à l’ère du numérique, parallèlement à la démocratisation des ordinateurs, ou plus récemment, des tablettes. L’utilisation des diapositives, par exemple, largement répandues jusque dans les années 90, n’est plus d’actualité.

À partir de ce constat, il s’agissait de concevoir à partir d’images d’archives (qu’elles soient privées ou publiques, et familiales, commerciales, pédagogiques, ou artistiques) choisies par les étudiants, des projets qui permettait de les rendre à nouveau consultables, avec une lecture spécifique, sous la forme contemporaine d’une application pour tablette de type iPad.

Cliquer sur les titres pour voir les vidéos.

DUPLI_0000Mickaël Cunha et Eva Coste, Dupli

Pour réaliser ce projet, nous avons puisé dans le fonds conséquent et diversifié des archives de diapositives de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. C’est dans l’intention de donner une seconde vie à un médium aujourd’hui délaissé, que nous avons créé une application iPad qui permet de consulter ce fonds. La navigation d’un nombre limité de diapositives se fait de manière ludique, tout en conservant les propriétés de transparence et de projection de cet objet aujourd’hui méconnu ou oublié des nouvelles générations. Plusieurs niveaux de lecture s’offrent à l’utilisateur : dans un premier temps, une vision brute de l’objet ; sa matière, sa forme et ses annotations, principalement manuscrites. Dans un deuxième temps, l’activation de l’éclairage de l’arrière plan fait apparaitre les images qui étaient masquées initialement. Un double clic sur celles-ci lance un diaporama, d’une courte séquence d’images, où l’objet disparait au profit de sa projection.

MGMBI_0001Marie L. et Charlotte Parisse, MGMBI – Ma grand-mère en bikini sur Internet

La question qui a orienté notre projet est la suivante : quelle manipulation des images du passé proposer dans un dispositif interactif ?

Les photographies qui ont servi de base, sont issues d’un vieil album de famille. Quel sens, quel effet produirait la vision de ces images intimes au sein d’une application publique ? L’idée du voyeurisme est venue ainsi.

Le principe de l’application est simple. Deux photographies de ma grand-mère (jeune) apparaissent sur la page d’accueil de l’application, qui reprend une page de l’album d’origine pour fond. La première est une photo d’identité, l’autre la présente en pin-up, allongée au bord de la mer. Superbement dénudée, le regard pétillant, le sourire au lèvre, la photographie attire l’attention du spectateur, qui s’empresse de zoomer pour voir un peu mieux la chose. Hélas, lorsque ses doigts glissent en s’écartant sur l’écran de l’Ipad, la photographie tend à disparaître et se métamorphose en une autre photographie.

Les photographies qui succèdent au zoom sont issues de Google Images. Il s’agit d’images similaires proposées par le moteur de recherche, lorsque que l’on soumet une image. Google procède en fait par des analogies de couleurs et de compositions.

Chaque nouvelle image sélectionnée selon ce principe est soumise à son tour à Google, qui nous propose une série voisine, et ainsi de suite.

Cette méthode nous a permis d’obtenir une suite photographique inattendue, et dont le passage d’une image à l’autre s’opère de manière progressive. L’application fonctionne en boucle.

Uroboros_0005Florian Veltman, Ouroboros

Ouroboros est une application permettant d’explorer, tel un archéologue, un monde disparu. Le monde en question est celui d’un jeu vidéo massivement multijoueur défunt, nommé Ragnarök Online. Avec la disparition d’un jeu de ce type, de nombreuses histoires et des relations entre joueurs disparaissent.

En récupérant des données brutes du jeu, une carte a pu être reconstituée, qui est accessible de manière dénuée de son habillage d’origine. Sur la carte, on peut voir le parcours d’un joueur, avec des points clés montrant des captures d’écran du jeu. L’idée est de montrer certaines histoires que vivaient les joueurs, en mettant en avant l’idée qu’avant, ces histoires se déroulaient dans un « monde persistant ».

Photos et vidéos des projets : Mickaël Cunha et Eva Coste

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Corner College + Motto Zurich


Après la superbe exposition 100 Years of Swiss Graphic Design au Museum für Gestaltung, nous nous dépêchons de rejoindre le local de la librairie Motto de Zurich [aujourd’hui fermée – NDLR], qui abrite aussi les éditions Rollo Press dont Urs Lehni est l’initiateur et Corner College. L’échoppe est étonnamment cachée dans la ville. Il faut connaître l’endroit pour trouver.

Après un temps d’hésitation, nous entrons et nous nous ruons vers la quantité d’ouvrages impressionnante. Il s’agit pour la plupart, me semble-t-il, d’auto-publications. Les projets sont originaux et variés. On trouve de tout, du fanzine au gros pavé précieux. Les expérimentations sont alléchantes, tant au niveau des concepts éditoriaux, des techniques d’impressions et des reliures. Nous avons trouvé LA caverne d’Ali Baba graphique.

Stefan Wagner nous reçoit au nom de Corner College et nous invite à nous asseoir. Ce collectif informel réunit des graphistes, des historiens d’art, des écrivains, ou encore des artistes et organise des discussions-débats autour de l’édition, de l’art contemporain, du graphisme. Il se définit comme “an open space for occasional pseudo-academic activities : workshops, exhibitions, lectures, talks, movie-screenings, lunch-clubs, etc.” Le processus collectif de réflexion/création apparaît au travers du mobilier-même du lieu. Ainsi, il nous montre cette curieuse chaise, formée à partir d’une chaise d’un stade et de débris de bois trouvés dans la rue. L’association d’idées, les assemblages intellectuels sont générateurs de productions. Chaque discussion donnera lieu à une petite publication récapitulative.
Qu’est ce que le graphisme ? Stefan Wagner évoque sa proximité avec l’art, et, avec une pointe de pessimisme, la mort éventuelle du graphiste. Les graphistes aujourd’hui questionnent beaucoup leur rôle et leur démarche, nous dit-il. La tendance est à l’auto référentialité d’où, sans doute, la multiplication des livres sur les livres…
Qu’en pensons-nous ? La timidité mêlée à la fatigue inhibe le débat (en anglais). Dommage. Stefan Wagner reste souriant, et nous montre certains flyers dont nous pouvons admirer la qualité graphique.

Certains élèves repartent avec quelques ouvrages, comme le génial Stack of books (photo).

Liens :
Corner college
Motto
Rollo Press

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