Sürkrüt

Blog de l’atelier de Communication graphique de la HEAR

Des nouvelles du Dr. Schott


 

 

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“C’est une bien triste chose que de nos jours, il y ait si peu d’informations inutiles.” Oscar Wilde

Benjamin Schott nous présente son nouveau livre :
Schottenfreude. German Words for the Human Condition.

Vous souvenez-vous de son ouvrage phare ?
Les Miscellanées du Dr.Schott

Les Miscéllanées du Dr Schott est un petit livre édité par les éditions Allia en octobre 2005, son auteur Ben Schott, photographe de sa profession, en a également assuré la mise en page.

 

Cet ouvrage est une sorte de pot-pourri dans lequel on trouve une myriade d’informations et de données toutes exactes mais pas toutes utiles. Un concentré (bouillon) de culture en quelque sorte. Sa particularité repose sur le principe de sérendipité, selon lequel nous trouvons ce qui nous intéresse sans le chercher (principe très à la mode depuis 2005, qui régule l’empire des blogs et autres tumblr).

Il s’agit d’un petit bouquin de 158 pages de format 19,4 x 11,4 x 1,6 cm. La couverture papier est illustrée par Alison Lang. Passé cet emballage on découvre un bel objet relié de tissu rouge broché-relié. Le papier utilisé, fin et opaque, finalise la mise en forme de ce contenant dont le contenu est tout aussi délectable.

La typographie utilisée, de type Garalde,  procure à l’ouvrage un aspect raffiné tout en servant le sérieux de ces informations pas si sérieuses dans leur ensemble. La mise en page de toutes ces données est un véritable tour de force, car il s’en dégage une impression d’unité et d’élégance rare parmi les ouvrages de ce genre.

En somme, un bel objet.
Fonctionnel ? Non.
Mais comme l’a dit ce monsieur au long nez :
“C’est bien plus beau lorsque c’est inutile.”

Dr Schott, Schottenfreude. German Words for the Human Condition, Blue Rider Press, 2013

Dr Schott, Les Miscéllanées du Dr Schott, Allia, 2005 (Schott’s Miscellany, Bloomsbury, 2002)

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Drawing


Erwan & Ronan Bouroullec, Cornel Windlin, Drawing, JRP|Ringier, Zürich, 2013

 

Entre 2011 et 2013, deux expositions monographiques présentent pour la première fois au public les dessins de Ronan et Erwan Bouroullec*. Les frères Bouroullec, qui travaillent en duo depuis quinze ans, sont aujourd’hui au cœur de l’actualité internationale du design. Ils conçoivent des formes originales, colorées, souvent modulaires ; à la fois organiques et oniriques, leurs créations sont quelque part entre esprit pratique, vision futuriste et jeu d’enfant.

Mais leurs dessins me semblent plus révélateurs de cet univers que les objets eux-mêmes. Dans la temporalité du processus créatif, ils sont plus proches de l’imagination que du meuble fini : je crois (peu de précisions sont données à cet égard) qu’il s’agit pour beaucoup des premiers dessins, ceux qui amènent doucement l’idée dans le réel. Destinés non à la communication mais à la réflexion, ce sont des tentatives pour amener l’idée hors de l’abstraction et lui faire épouser sa première forme tangible. Pouvant s’apparenter à des “images de pensées”**, ils nous plongent dans l’intimité des designers dont ils prolongent l’imagination.

À l’occasion de ces expositions et de la rétrospective qui vient de s’achever en septembre aux Arts Décoratifs à Paris, la maison d’édition JRP|Ringier a publié l’ouvrage Drawing, qui rassemble près de neuf cents dessins des frères Bouroullec réalisés entre 2004 et 2012. La conception du livre a été confiée au graphiste et typographe suisse Cornel Windlin, dont les partis pris radicaux font de Drawing, plus qu’une simple présentation de leurs dessins, une véritable plongée dans l’univers des frères Bouroullec. L’ouvrage a été primé au concours des plus beaux livres suisses de l’année 2012.

Drawing mesure 21 par 28,5 centimètres. Fait assez rare pour être noté, le livre commence par un texte de Cornel Windlin, qui explique sa rencontre avec les frères Bouroullec et sa démarche face à leur incroyable production graphique : le graphiste est auteur à part entière. Cette production graphique nous est montrée à l’état brut en deuxième et troisième de couverture : piles de carnets, caisses de feuilles volantes soigneusement triées. Les dessins sont présentés sans légendes, hors contexte, rapportés tous à la même échelle à raison d’un dessin par page. Le dessin pour lui-même : une façon de garder une part de mystère dans le travail des frères Bouroullec, mais aussi un aveu de modestie de la part du graphiste, démuni devant l’ampleur du matériau brut.

Dans une couverture souple, les 864 pages intérieures imprimées sur un papier couché très fin (51g/m²) obligent le lecteur à poser le livre sur une table. Ce n’est pas un livre que l’on transportera pour le feuilleter en chemin : il faut le manipuler avec délicatesse, en invités respectueux de l’univers presque intime des frères Bouroullec. Les grands rabats de la couverture enveloppant des pages qui ne s’ouvrent pas complètement renforcent ce registre de l’intimité.

Les folios, placés à l’intérieur près de la reliure, ne renvoient à aucun index. Leur rôle minimal est de permettre au lecteur de retrouver une page dont il a noté le numéro. Seul signe d’un classement, les dessins sont regroupés par année — comme dans les archives des frères Bouroullec. Des ouvertures de chapitre épurées énoncent ainsi “2004”, “2005”, “2006”, mais encore faut-il tomber sur l’une de ces dix pages esseulées parmi les 864 autres !

Le titre enfin joue sur l’ambiguïté du mot anglais drawing : au lieu du pluriel drawings qui eût insisté sur la quantité des dessins reproduits, drawing au singulier désigne la pratique du dessin constante et commune aux deux frères depuis le début de leur carrière. Le nom se confond alors avec le verbe to draw, dont la forme propre à l’anglais du “présent continu” accentue encore l’idée d’un processus ininterrompu, en cours, ongoing.

Ce qui fait de Drawing un livre inscrit dans le temps, mais témoignant d’un processus non limité par lui. À explorer avec étonnement.

 

*L’exposition “Bivouac” au Centre Pompidou de Metz puis au MCA de Chicago et l’exposition “Album” au Vitra Design Museum de Weil am Rhein.

**Marie-Haude Caraës & Nicole Marchand-Zanartu, Images de pensée, RMN, Paris, 2011.

 

Sources :

www.bouroullec.com

www.lespressesdureel.com

www.vitra.com

www.centrepompidou-metz.fr

texte d’introduction de Drawing, Cornel Windlin.

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Algerien/L’Algérie de Dirk Alvermann : un petit livre inconnu en France, et pour cause!


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Ce petit livre en format poche amorce l’exposition de la collection Protest Book de Martin Parr dans l’espace Livre ouvert de Paris-Photo au Grand Palais. Cet espace met à l’honneur chaque année un ouvrage culte ou un ensemble d’ouvrages pour découvrir ce champ spécifique d’expression de la photographie et cette année Protest Book se penche sur l’histoire du livre protestataire.

Algerien est un livre contre la guerre autant que contre la France ; il est conçu par sa petite taille pour passer de main en main, à la manière d’un tract. Sur près de deux cents pages plus de cent cinquante photographies en noir et blanc de gros plans, de zooms de la même photo, sans légendes ni commentaires, défilent sur le mode de plans-séquences dans l’esprit des films russes des années 1930. Autres influences notables : William Klein et le cinéma de la nouvelle vague française.

En 1957, Dirk Alvermann, jeune Allemand (de la République Fédérale d’Allemagne), âgé de 20 ans, photographie l’Algérie en guerre aussi bien aux côtés des combattants du FLN (Front de Libération National) dans ses rudes combats du début des années 1960 que les exactions des colons français. Ce qui peut s’avérer être un véritable exploit. À son retour, il imagine ce violent pamphlet en images pour démonter, point par point, la propagande française ; un éditeur de Hambourg accepte de publier l’ouvrage mais se rétracte rapidement afin de ne pas indisposer la France ; il est finalement édité en RDA en 1960, en format poche.

Dirk Alvermann tournera en parallèle un documentaire : Algerische Partisanen.
Depuis une trentaine d’années, il vit quasiment reclus en Mecklembourg-Poméranie-occidentale. Il n’apprécie pas la télévision et n’aime pas beaucoup parler de ses photos. Redécouvertes depuis peu, ses œuvres sont désormais re-publiées* et les collectionneurs s’arrachent ses ouvrages des années 1960.

*Algerien et Streiflichter, 1956-65 (composé de divers photo-reportages sur l’Espagne, l’Albanie, l’Italie et l’Angleterre), ont été réédités aux éditions Steidl en 2012.

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Autour du “Musée imaginaire”, 2012-2013


Nouvelle sélection de travaux pour le sujet de Musée imaginaire dans le cadre du cours “Design graphique éditorial” par les étudiants de l’atelier Communication graphique, année 3.

Cette édition 2012-2013 (premier semestre) fait suite à celle des travaux réalisés au deuxième semestre 2011-2012 (accompagnées d’un descriptif plus complet ici).

La réalisation des projets (impression et reliure) a été suivie par Ju-Young Kim de l’atelier Livre et par Pierre Speich de l’atelier Numérique.

 

Des originaux, de Nicolas Bailleul3

Une œuvre évolue avec le temps. La peinture ternit, le métal rouille, la pierre casse, l’encre s’estompe et les pages finissent par se déchirer. La matière est en constante évolution et la durabilité de l’image qu’elle transcende dépend uniquement de notre mémoire.
La reproduction d’une œuvre permet de diffuser l’image à un grand nombre de regardeurs, qui ainsi perdure le plus longtemps possible dans notre imaginaire collectif. Numériser l’image ou simplement la photographier c’est lui permettre de se dématérialiser et d’empêcher le temps de la détériorer. Mais suivant la façon dont elle a été scannée, photographiée, recadrée, retouchée et compressée, l’image numérisée évolue tout autant qu’une œuvre physique. Une fois mise sur le Web, une image peut être récupérée puis remise en ligne très facilement.
Entre ces changements d’espace, rien n’empêche l’auteur de cette action de renommer l’image mais aussi de la modifier directement. C’est ce qu’il se passe avec la démocratisation d’Internet. Pour une même image, il existe des milliers de pages différentes, dont les contenus sont très souvent détachés de ce que voudrait transmettre l’auteur de cette œuvre.

Cet ouvrage présente une série de chefs d’œuvres qui m’ont particulièrement marqué. Plutôt que de montrer des reproductions imparfaites, je présente autant de dérivés de ces œuvres qui ont été déplacées et remaniées dans un vaste espace virtuel.

Associer au numérique l’idée d’immatérialité est-il justifié ? Peut-être que ces captures d’écrans sont autant d’œuvres différentes dans autant d’espaces d’expositions qui de plus en plus, ignorent le ressentis du spectateur face à l’œuvre originale.

 

J’aurais vraiment aimé que Kesselskramer n’existe pas, de Julie Deck Marsault

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Texte d’introduction de la publication :

La génération de mes parents a accédé à l’art à travers les livres, les magazines ou les diapositives, quand ils ne pouvaient voir les œuvres dans des musées. Je fais partie d’une génération qui, à travers l’écran d’ordinateur, accède à une multitude d’images sans avoir à se déplacer. Nous consommons des images chaque jour lors de balades sur la planète Web, en masse et à une vitesse folle. En fait, on ne consomme même
 plus, on survole les images, on les prend et les replace ailleurs. Nous avons développé un besoin d’accumuler, de rassembler et de mélanger des images d’origines diverses, images d’auteurs et images vernaculaires, images anciennes et images neuves, travail personnel et travail des autres, photographies, dessins, vidéos, etc., pour nous re-créer un univers visuel propre.
La plate-forme de micro-blogging Tumblr en particulier a fait exploser cette pratique par son accessibilité et sa facilité d’utilisation. Nous pouvons tous constituer des paysages d’images rassemblées, complètement désolidarisées de tout contexte d’origine. Les sources et informations deviennent secondaires, souvent il est même difficile de les obtenir. Nous fabriquons virtuellement des murs de musée mais sans les cartels. Nous rendons les images anonymes.

Ce phénomène a sûrement été influencé par des artistes qui utilisent ce système d’accumulation. Par exemple, Hans Peter Feldmann décida que son travail d’artiste serait d’accumuler des images déjà produites, déjà créées par d’autres. Une grande collection constituée d’une multitude de petites collections. Il semblait dire «ceci, ceci et ceci m’intéressent autant les uns que les autres et je leur donne une valeur égale en les présentant au public». Il a fait entrer dans des musées des images que l’on classe habituellement dans des catégories plus ou moins valorisées. Cette démarche questionne le statut de celui qui l’entreprend. Quelle est sa place face aux œuvres qu’il utilise, face aux sources, face à
la reproduction, face à la ré-appropriation ?
 Sur Tumblr, la démarche se rapporte à une accumulation muette. Pas de confrontation, pas de mise en parallèle.

En réaction à cet accès facile aux images, j’ai fabriqué un livre dans lequel on ne trouve que des images issues de livres que je possède ou que l’on m’a prêtés. Mais je photographie ces objets avec la webcam de mon ordinateur pour garder cette étape supplémentaire de reproduction qui est le passage par l’écran. Les images deviennent moins lisibles, moins visibles. Je me suis inspirée de la mise en page des blogs Tumblr, il sera possible d’ajouter de nouvelles images encore et encore. Et j’ai provoqué deux vitesses de lecture, ainsi vous pouvez le feuilleter pour voir les images rapidement mais si vous voulez accéder aux légendes correspondantes, il faudra déplier les pages du livre.

 

Octets, de Lucas Descroix

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Cette publication de mes références s’appuie sur l’observation suivante : la quasi-totalité des images que nous entourent aujourd’hui sont – ou ont été – des fichiers numériques. Elles sont alors un ensemble de données codées, un format de compression, un nombre d’octets. Cette réalité, celle d’une fragilité, m’a amené à mettre à jour une structure et à la questionner. Des images.jpg à la typographie.ttf, tout est altéré, abîmé, voire détruit. Les références utilisées sont celles des fichiers plus que de leur contenu.

 

\| \not\!\|, de Léna Robin

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Mon édition s’appuie sur un constat : chacune des mes références peut être rattachée soit à la notion d’ordre (graphisme épuré à la Kenya Hara, images religieuses tribales, listings de John Baldessari…) soit à la notion de désordre (performances de Ewa Partum, groupes de graphistes engagés, street-art…). Rassemblées dans un volume unique, elles sont initialement classées dans l’une des deux parties désignées par des symboles géométriques et universels : \| et \not\!\|.
L’ensemble des pages est remanié de façon aléatoire et re-disposé au hasard. La reliure accidentelle vient troubler l’ordre initial du livre et propose un vis-a-vis d’images parfois inattendu. Chaque édition devient unique.
Un poster glissé dans le livre, à la manière d’un erratum, permet de reconstituer grâce à un chemin de fer l’agencement des pages, tel qu’il était prévu au début.

Extrait de l’introduction :

« Cette édition est le fruit d’un constat. En tentant de rassembler mes différentes expériences visuelles, je me suis rendue compte que l’ensemble qui résultait était d’une grande hétérogénéité. Quelques jours plus tard, je remettais la main sur le dépliant d’une exposition à laquelle je m’étais rendue un an auparavant. Je regardai à nouveau attentivement le document ; il expliquait la façon dont certaines tribus canalisaient par la pratique de rituels spécifiques les esprits et forces négatives, présents dans leur vision de l’univers. Or, cette fois-ci, ce ne furent pas les images et leur description qui m’interpellèrent, mais le nom de l’exposition elle-même : « Les Maîtres du Désordre ».
Immédiatement, j’établis un parallèle entre cet oxymore et des lectures et réflexions personnelles que j’avais eues récemment. Cette dualité entre chaos et organisation allait être déterminante dans la suite de mes recherches.

De ce brassage d’images hétéroclites résultait une constante. De chacune de ces images se dégageait à chaque fois la notion de \| ou de \not\!\|, que ce lien soit rationnel ou subjectif, qu’il s’exprime par la forme ou par le sens.

Mêler \| et \not\!\| dans un même ouvrage s’est avéré compliqué. Un livre relié étant régi par un ordre de pages établi, il fallait que le \not\!\| puisse lui aussi s’exprimer dans une structure si rigide. J’ai donc choisi de laisser le hasard opérer et de laisser les pages se réorganiser par elles-mêmes pour déstructurer cette édition, la court-circuiter.
Je voulais que la couverture du livre soit blanche, salissante. Pour être bientôt défraichie.
Dans un livre où règne le \not\!\|, le \| vient reprendre sa place. »

 

Cinégénie, d’Iris Winckler

CINEGENIE

Parmi toutes les formes d’expression artistique, le cinéma tient une place privilégiée dans mon imaginaire. Souvent, une œuvre artistique retient mon attention lorsqu’elle entre en résonance avec un film. J’ai décidé de structurer mon musée imaginaire autour d’un circuit de réseaux regroupant motifs, figures ou thèmes qui me sont chers.

Le format à l’italienne rappelle celui de la pellicule 35mm, il s’impose comme une évidence tant du point de vue de la prise en main que de la référence à l’image filmique.

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Conférence d’Alexandre Laumonier


Le 7 février dernier, Alexandre Laumonier, graphiste et éditeur Bruxellois, nous a rendu visite à l’auditorium de la HEAR pour une conférence pendant laquelle il nous a présenté son travail en tant que fondateur des éditions Zones sensibles.

Zones sensibles est une toute jeune maison d’édition, son premier livre ayant vu le jour il y a tout juste deux ans, en février 2011. Elle est spécialisée dans les sciences de l’homme, c’est-à-dire, comme il est écrit sur son site : “un vaste domaine se rapportant à l’humain dans ses divers modes d’existence (sociale, artistique, politique, culturelle vs naturelle, etc.)”. Faire lire de l’anthropologie à des gens qui ne connaissent pas l’anthropologie, voilà un peu son mot d’ordre. Zones sensibles est diffusée et distribuée par les Belles Lettres, même diffuseur que B42 notamment. Cela semble être, d’ailleurs, une vraie fierté pour Alexandre Laumonier de travailler avec eux, car comme il le dit : “ce sont des gens qui savent lire”, et avec qui le “texte prime sur l’emballage”. Alexandre Laumonier est autodidacte dans sa pratique du graphisme et de l’édition. Il a grandi avec les premiers Macintosh et a appris en “bidouillant” dessus. Il fait même un petit clin d’œil à Steve Jobs, en reprenant pour ses livres le concept du créateur des mac selon lequel “l’intérieur des ordinateurs doit être propre”.

Dans la production de ses livres pour Zones sensibles, Alexandre Laumonier s’impose une contrainte, celle de garder toujours la même chaîne de production ; autrement dit, avoir toujours le même brocheur, le même sérigraphe, le même imprimeur… Cela lui permet d’avoir une totale confiance en eux, de pouvoir exécuter les bons réglages et de contrôler entièrement la chaîne de fabrication.

Après cette présentation un peu générale de son travail, Alexandre Laumonier nous parle plus particulièrement de quelques livres :

Tim Ingold, Une brève histoire des lignes

Il s’agit d’une histoire anthropologique des lignes. Véritable best-seller des éditions Zones sensibles, il en est déjà à sa quatrième édition, et a servi de modèle à une exposition au centre Pompidou de Metz. Sur la couverture on peut voir des lignes en pointillés en défonce reproduisant un schéma de Darwin.

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Adrian Johns, La mort d’un pirate

La mort d’un pirate est un livre historique sur les radios pirates anglaises des années 1960. La couverture reprend donc la figure du vinyl, par un vernis UV autour d’un Pantone jaune qui fait l’étiquette centrale du vinyl où apparaissent le titre et le logo de Pirate Bay.

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Edwin Abbot, Flatland (1894)

Flatland est une sorte de monde allégorique en deux dimensions où vivent des formes géométriques, qui plus elles ont de côtés, plus elles sont haut placées dans la société, jusqu’à arriver à la forme parfaite, le cercle, qui représente les prêtres. Mais un jour, toutes les croyances de ce monde sont chamboulées lorsqu’ils reçoivent la visite d’une sphère, en volume. D’où cette belle couverture où les lettres composant le titre sont découpées et peuvent se relever, entrant dans la troisième dimension.

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Actuellement Alexandre Laumonier travaille sur la réédition du Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle, ouvrage qui préfigure l’Encyclopédie et publié pour la première fois en 1697.

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