Sürkrüt

Blog de l’atelier de Communication graphique de la HEAR

De l’apprentissage d’une désillusion. Quatre mois d’échange au Danemark.


Il y a 5 mois je suis parti en échange au Danemark à la Design Skolen de Kolding. Je reviens de cette expérience avec un avis assez mitigé quant à la pédagogie que j’ai pu suivre durant mon échange et sûrement une conception du graphisme qui m’était étrangère.

Je suis parti, car j’étudie à la HEAR depuis la première année et j’ai commencé à trouver routinière la vie à Strasbourg ainsi qu’à l’école. J’ai donc eu envie de voir ailleurs, curieux de vivre de nouvelles expériences. C’est ainsi que j’ai décidé de partir. Il fallait juste choisir une destination.

Pourquoi suis-je parti au Danemark : pour deux raisons. Dans un premier temps, car il me semblait que la Skolen de Kolding allait répondre à mes attentes. Les ateliers étaient nombreux et riches, le Hack lab m’intéressait fortement. De plus, la pédagogie m’avait l’air intéressante, ouverte sur le travail en groupe, « départements » d’études confondus, et avec le monde professionnel. Dans un second temps, je m’étais rendu à Copenhague l’année dernière, durant une semaine, et j’y avais apprécié le mode de vie et la culture danoise. J’étais curieux de voir si le fameux hygge (mode de vie simple) était transposé dans le graphisme danois et sa pédagogie.

Hack Lab Composant électronique en libre service. Meilleur atelier de l'école

Hack Lab
Composants électroniques en libre service. Meilleur atelier de l’école

J’ai pu donc intégrer le Master 1 (équivalent de l’année 4 à la HEAR) en communication visuelle dès le début de l’année. À la rentrée nous avons été réunis toute une matinée dans un espace nommé Work Station semblable à un espace de coworking. C’est ici que tous les départements sont regroupés et où j’ai passé la plus grande partie de mon temps.

Work Station Espace de travail dédier aux Masters

Work Station : Espace de travail dédié aux Masters

Durant le discours de rentrée, on nous a présenté les problématiques abordées au sein de la pédagogie de l’école telles que le social design et le design thinking. J’ai rapidement pu me rendre compte des réelles définitions de ces théories. Nous avons commencé l’année par 4 semaines de workshop. Nous avons eu pour intervenants des agences de publicité, des professionnels du design thinking et du marketing. Tout cela m’a vite rendu perplexe sur la conception du design graphique au Danemark. Les journées se construisent sur la recherche, les brainstormings récurrents noyés de Post-it multicolores. Chaque workshop aboutit soit à un projet sur la création d’applications pour tablette et smartphone soit à un site web.

Brainstorming

Brainstorming
J’ai vite compris que le social design était plus de l’ordre de l’étude de marché et du consommateur qu’une réelle participation des publics visés. Tout au long du programme nous sommes poussés à rencontrer les personnes qui bénéficieront de nos services pour dresser des profils types d’utilisateur afin de toucher un maximum de personnes. Le design thinking s’intéresse au management de l’innovation, et donc met en jeu le développement de recherches afin de satisfaire les attentes des utilisateurs et d’établir des solutions et des actions pour y répondre. L’application de ces théories rend le travail très cadré. La même méthodologie de recherche doit être appliquée par tout le monde, car elle est jugée la meilleure. Cette pédagogie est plus liée à l’enseignement du marketing qu’à la création. Dès lors c’est assez vite que sont venues mes désillusions.
Malgré l’ennui de cette pédagogie un peu académique et avec beaucoup de recul, j’ai pu saisir l’intérêt d’un travail de recherche de l’ordre de l’investigation. Sur la fin du semestre, j’ai travaillé pendant plus d’un mois sur un projet, j’ai tenté de mêler l’utilisation de ces méthodes rigoureuses aux miennes. Il s’agissait de travailler sur la question du jeu pour les enfants et la pédagogie enfantine. Mon but était de créer une fresque digitale, les menant à travailler au sein d’un espace de cocréation. La période de conception fut assez laborieuse. Mais j’ai été fortement poussé par l’équipe d’enseignants à tester mon dispositif avec des enfants au sein d’un espace qui leur était réservé. J’ai pu apprécier leurs comportements face à la découverte du projet et m’apercevoir de certains problèmes. C’est ainsi que j’ai pris le recul suffisant pour m’approprier certaines des méthodes de recherches que j’ai vu durant cet échange. J’ai ainsi pu apprendre, me forcer à aller vers les autres pour juger de la pertinence de mon projet et de mes problématiques. À l’heure actuelle, ce projet n’est pas fini, mais j’ai pu définir des directions beaucoup plus justes afin de finaliser mon projet et de le faire fonctionner correctement.

Il est difficile de choisir une école qui nous correspond pour un départ en Erasmus. Il y a bien les rapports d’échange présents au bureau international, mais parfois l’école vient juste d’être intégrée au partenariat ou aucun étudiant n’y a encore été. Alors l’inconnu se transforme des fois en déconvenues. Mais il est important de garder à l’esprit que l’on peut toujours s’enrichir et apprendre de ses déconvenues.

Vous pouvez trouver plus de détails quant à mon échange au sein de mon rapport d’Erasmus qui se trouve à la médiathèque de la HEAR, site de Strasbourg.

Publication d'un article dans Forbes désignant le Danemark comme meilleur pays pour étudier le "business"

Publication d’un article dans Forbes désignant le Danemark comme meilleur pays pour étudier le « business »

 

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Bruno Bachimont, « Formes, concepts, matières : quels place et rôle pour le numérique et la technique ? »


Bruno Bachimont est enseignant-chercheur, directeur à la recherche de l’université de technologie de Compiègne. Ingénieur civil des Mines de Nancy en 1985, docteur en informatique de l’université Paris 6 en 1990, docteur en épistémologie de l’École polytechnique en 1996, habilité à diriger les recherches (université de technologie de Compiègne) en 2004.

NOTRE LIVRE (URSS), livre Kindle. (Mickaël Cuhna et Florie Frayssinet, HEAR 2012)

NOTRE LIVRE (URSS), livre Kindle. (Mickaël Cuhna et Florie Frayssinet, HEAR 2012)

Après des recherches dans le domaine de l’intelligence artificielle en milieu médical (INSERM), Bruno Bachimont rejoint en 1998 l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) où il dirige la recherche de 1999 à 2002.Il devient en 2002 enseignant-chercheur à l’université de technologie de Compiègne (UTC). Il y assume la direction à la recherche depuis 2006. Il fut conseiller scientifique à l’Ina de 2002 à 2012. Ses recherches portent sur trois objets : une philosophie de la technique et du numérique, pour comprendre en quoi nos connaissances et modes de pensée sont constitués, reconfigurés par la technique de manière générale et le numérique en particulier ; une approche du document et de la mémoire, pour articuler les possibles de la technique (ingénierie documentaire, préservation numérique) avec une phénoménologie de la mémoire et du passé ; et enfin les ontologies formelles, pour comprendre comment expliciter et formaliser les cadres conceptuels de notre pensée.


3 mars 2016 – 18 h
Salle 119 Palais universitaire
Strasbourg

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Interview d’Arthur Bonifay


Peux tu te présenter en quelques mots?

Je suis Arthur, un designer graphique de 26 ans vivant et travaillant dans le onzième arrondissement de Paris. Je travaille essentiellement sur des projets d’identité et d’édition pour lesquels je m’emploie à fournir un design simple et ambitieux, mettant en lumière la force des idées. Je porte un intérêt particulier à la typographie et au dessin.

Quel est ton parcours?

Après avoir passé un bac scientifique (avec option arts plastiques) en 2006 au lycée Bellevue de Fort-de-France, je suis arrivé à Paris où j’ai fait une MANAA à l’école Estienne, puis ai passé un BTS en communication visuelle (option graphisme, publicité, édition) à l’ENSAAMA Olivier de Serres. J’ai ensuite intégré l’école des Arts décoratifs de Strasbourg (devenue HEAR durant mon passage) en équivalence en troisième année où j’ai obtenu mon DNAP puis mon DNSEP en Communication graphique.

Pourquoi as-tu choisi cette orientation, quelles ont été tes motivations?

Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours voulu travailler dans le milieu artistique. En débutant mon année de MANAA je pensais me tourner vers l’animation, cependant j’ai rapidement compris que c’était une discipline qui nécessitait un acharnement et une répétition des gestes qui ne me convenaient pas. J’adorais dessiner mais les échelles de temps de travail comparées au résultat m’ont finalement découragé. J’avais besoin de plus d’immédiateté. Je me suis alors tourné vers le design graphique sans savoir complètement ce que c’était mais avec l’idée que c’était une discipline qui en recouvrait beaucoup d’autres, et qui par conséquent me permettrait d’avoir une production très variée.

As tu eu des évènements, des rencontres qui ont joués un rôle important dans ton parcours?

Aux Arts décoratifs je retiens surtout la sensation de liberté qui m’est apparue après un BTS très professionnalisant. Les sujets que j’ai notamment pu avoir avec Christophe Jacquet (Toffe) ou Pierre di Sciullo en 3e année étaient libératoires. Aussi, l’accès aux différents ateliers était une chance que je mesure encore mieux maintenant que je n’y suis plus.

Au cours de ma première année en école d’art j’ai rencontré Geff Pellet et Emmanuel Besse, nous sommes d’abord devenus amis puis avons rapidement compris que nous partagions des  ambitions communes. Nous ne nous sommes pas éloignés pendant notre BTS alors que nous n’étions plus dans les mêmes classes. Nous débordions d’envie et voulions sans cesse nous impressionner les uns les autres. Nous nous retrouvions plusieurs fois par semaine le soir pour mener des projets communs (des éditions, des caractères typographiques, des dessins, des courts-métrages etc.) ou pour se donner un œil sur nos sujets de cours respectifs. Cette émulation productive a atteint son paroxysme lorsque nous nous sommes retrouvés dans la même classe en 3e année aux Arts décoratifs de Strasbourg. C’est à ce moment que nous avons monté Large (avec Léo Carbonnet, ami d’enfance d’Emmanuel), qui à l’époque se matérialisait surtout par la mise en relation de nos références sur un blog commun.

Plan et programme de l'exposition, Avant Première, des étudianst de la Hear.

Plan et programme de l’exposition, Avant Première, des étudiant de la Hear.

 

En sortant de l’école quels choix se sont présentés à toi?

Après le DNSEP je suis retourné à Paris. Cet été là, le rédacteur en chef d’Illimité (le magazine des cinéma UGC) venait de se séparer de sa graphiste, il avait vu notre blog et avait apprécié notre travail. Il nous a proposé de renouveler la maquette de son mensuel.
Nous avions à gérer un tirage à 360 000 exemplaires au sortir des études, à un moment où les enjeux de la «pop culture» nous motivaient énormément (nous ne souhaitions pas nous cantonner à ne travailler que pour le milieu culturel). Au final c’était l’excuse idéale pour tenter l’aventure en freelance.

Redesign d’Illimité, le magazine mensuel des cinémas UGC. Magazine, 200 × 285 mm, 44 pp. Septembre 2012 – Février 2013.

Redesign d’Illimité, le magazine mensuel des cinémas UGC.
Magazine. Septembre 2012 – Février 2013.

Peux-tu nous expliquer ce qu’est Large? Comment fonctionnez-vous?

Large est la réunion de quatre designers graphiques indépendants, nous n’avons jamais eu de structure juridique, simplement un nom déposé à l’INPI et un site commun (http://large.la/). Nous démarchons donc chacun de notre côté et quand nous avons besoin de travailler à plusieurs, nous faisons appel les uns aux autres ; cependant même si nous avons toujours un regard sur les travaux en cours, nous travaillons rarement à plus de deux sur un même projet.
Aujourd’hui notre situation a évolué, notre groupe est en pause. Après deux années de freelance à quatre, notre situation financière s’est compliquée. Nous nous sommes heurtés au manque de confiance de beaucoup de clients — et clients potentiels — envers de jeunes graphistes ambitieux mais avec peu de références. Nous étions très exigeants avec notre travail et ne comptions pas nos heures, il en résulte que nous avons des productions dont nous sommes fiers mais n’avons pas été économiquement réalistes.
J’ai depuis intégré l’atelier LM communiquer où j’y apprend la signalétique – ce que personne dans Large ne maîtrise — et m’imprègne d’une rigueur nouvelle.

Identité de Temple, studio photo spécialisé dans les nouvelles techniques de prise de vue numérique. Logotype (Polices : Bancal & Simplon BP Mono). Cartes de visite, 85 × 55 mm. Mai 2013.

Identité de Temple, studio photo spécialisé dans les nouvelles techniques de prise de vue numérique.
Logotype (Polices : Bancal & Simplon BP Mono). Cartes de visite, 85 × 55 mm. Mai 2013.

Conception graphique de La Life, le journal du Festival de l’affiche et du graphisme de Chaumont. Affiches, 750 × 1000 mm. Mai 2013.

Conception graphique de La Life, le journal du Festival de l’affiche et du graphisme de Chaumont.
Affiches, 750 × 1000 mm. Mai 2013.

Identité du festival musical Les Siestes électroniques de Toulouse. Affiches, 1200 × 1760 mm et 400 × 600 mm. Avril 2013.

Identité du festival musical Les Siestes électroniques de Toulouse.
Affiches, 1200 × 1760 mm et 400 × 600 mm. Avril 2013.

Comment articules-tu ton travail d’illustrateur avec ta pratique de graphiste?

Aujourd’hui je suis designer graphique avant d’être dessinateur/illustrateur. Avec mon poste chez LM communiquer qui m’occupe la journée, je dessine le soir et les weekends. J’ai souvent travaillé par périodes avant cela, alternant des semaines plus tournées sur un travail graphique avec des semaines plus illustratives. Mes envies restent cependant les mêmes et j’essaie d’avoir une radicalité et une économie dans les signes que je dessine ou que je que je fasse un livre. Il est selon moi naturel d’être pluridisciplinaire en tant que créateur, cela permet de ne pas s’enfermer dans des schémas de réflexions qui peuvent devenir systématiques.

J’ai vu que vous aviez pas mal de projets en collaboration, notamment tes illustration pour Building Paris qui s’occupe de la conception de INA Global et de SNATCH Magazine ou encore avec Pierre Vanni. Comment se déroulent ces collaborations? Qu’est ce qui vous réunis?

Les collaborations sont à vrai dire souvent des questions d’affinités. Le blog de Large, sur lequel nous écrivions nos réflexions sur le design graphique, nous a fait rencontrer beaucoup de personnes de ce petit milieu, avec lesquelles pour certaines nous nous sommes liées d’amitié. Au final, je connaissais chacun des graphistes que tu cites dans ta question (Benoît Santiard et Guillaume Grall, Majan Dutertre et Pierre Vanni) depuis plusieurs années avant que nous travaillions ensemble. J’imagine qu’il était plus simple pour eux de faire appel à moi sachant que nous partagions des mêmes goûts et une certaine vision du graphisme.

Illustration de l’entretien avec Bernard Stiegler l’Europe doit réinventer le web, paru dans INA Global. Magazine. Février 2014

Illustration de l’entretien avec Bernard Stiegler l’Europe doit réinventer le web, paru dans INA Global. Magazine. Février 2014

Qu’est que ce qui est important, selon toi, pour (être/un) graphiste?

Pas de secret : la curiosité.

Tu as gagné une sacrée photo de moi 😉

Arthur Bonifay

Arthur Bonifay

 

http://large.la/

http://art-bon.com/

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Verdun 11.11.15


Le 11 novembre dernier, nous étions une dizaine en route pour Verdun, prêts à photographier les commémorations de l’Armistice.

Une journée passée dans le cadre du Workshop 11.11 avec Alain Willaume et du programme de recherche Lignes de front 1914-2018.

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Kévin Donnot, « Faire avec – outils numériques et pratique du design graphique »


Kévin Donnot est designer graphique et travaille principalement pour les milieux artistiques et culturels au sein de l’atelier E+K, co-fondé avec Élise Gay en 2011.

Interface WYSIWIG du Xerox Star 8010

Interface WYSIWIG du Xerox Star 8010

Concevant des projets aussi bien sur papier que sur écran, sa pratique questionne le passage de l’un à l’autre. Cette perméabilité l’incite à penser l’imprimé de manière dynamique et à envisager les supports interactifs avec une attention particulière portée au détail typographique. Kévin Donnot est également enseignant au sein de l’option Design graphique de l’École européenne supérieure d’art de Bretagne – site de Rennes et mène régulièrement des workshops dans les écoles d’art françaises. Il est co-fondateur de la revue Back Office, à paraître prochainement, qui interroge les rapports qu’entretiennent design graphique et pratiques numériques.


4 février 2016 – 18 h
Auditorium – HEAR à Strasbourg
1 rue de l’Académie
Strasbourg

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