Sürkrüt

Blog de l’atelier de Communication graphique de la HEAR

Media Print


Livres algorithmiques imprimés de l’atelier de Communication graphique de la HEAR, 2015-2017

Pendant trois années consécutives, il a été proposé aux étudiants de troisième année en Communication graphique de la HEAR de concevoir des projets éditoriaux imprimés : des livres en papier générés à partir de corpus de données massives, traitées à l’aide d’algorithmes et de processus d’automatisation.

On parle aujourd’hui de “convergence des médias” car les outils informatiques permettent de traiter des contenus et d’adapter automatiquement la mise en forme à différents supports de lecture, sur écran (moniteurs, smartphones, tablettes) ou papier. Tous les livres – imprimés comme numériques – sont aujourd’hui produits à l’aide de logiciels. Ils sont donc tous, à un moment de leur élaboration, à un état « numérique », ce qui offre des possibilités de traitements inédits, notamment pour des masses d’informations considérables qu’il était autrefois laborieux et long de mettre en forme (par exemple : dictionnaires, annuaires, catalogues de vente tels celui d’Ikea, manuels techniques, etc.)

Il s’agissait à travers ces ateliers de proposer aux étudiants d’exploiter au maximum les possibilités du numérique, comme celles de trier des donnés, de les baliser, de les mettre en forme automatiquement, de créer des index, des références croisées, d’aller piocher des textes ou des images dans des bases de données – pratiques qui rejoignent celle du Web et de l’hypertextualité.

Ces méthodes qui se développent dans l’industrie font également actuellement l’objet de pratiques plus expérimentales et/ou artistiques. Elles questionnent les rôles de « concepteur de livres » et de ceux qui les mettent en forme : les livres ne sont plus seulement mis en pages, ils sont programmés. L’un des enjeux est d’interroger la manière dont les étudiants travailleront demain et leur rôle dans un domaine qui reste largement à défricher, dans des métiers soumis à des évolutions rapides, et dont certains sont encore à inventer.

Les sujets proposés ont été :

  • 2015 “leWeb.imprimer()” : concevoir une publication en partant du code source d’un site web de son choix.
  • 2016 “db.print()” : concevoir une publication à partir du catalogue informatisé des bibliothèques de la Ville de Strasbourg
  • 2017 “Mon Catalogue” : concevoir un “catalogue” (dans tous les sens du terme) imprimé, basé sur la récupération d’un nombre important de données.

 

 

Des étudiantes et étudiants participeront également à un hackathon avec des éditeurs le 21 avril au Shadok.

Une partie de ce travail est expliqué dans un article du 2e numéro de la revue Back office.

L’identité et la mise en espace de la présentation ont été réalisés par : Lyne Ea, Julien Gatard, Clara Luzolanu, Sabrina Muschio et Caroline Sorin.


Le cabinet de curiosité numérique
Salle de conférence
Médiathèque André Malraux
Strasbourg

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Pre post print


Le 21 octobre aura lieu à la Gaité Lyrique un salon de l’édition alternative et libre proposé par PrePostPrint.

PrePostPrint

PrePostPrint

PrePostPrint se présente comme un laboratoire et groupe de recherche autour des des systèmes de publication libres et alternatifs. Parmi les membres fondateurs, on retrouve Sarah Garcin et Raphaël Bastide, qui étaient déjà à l’origine de l’initiative Outils libres alternatifs (avec Bachir Soussi Chiadmi).

Chez les participants on notera également la présence de différents intervenants du cycle de conférences Graphisme technè (programmé l’année scolaire 2015-2016, et qui va se poursuivre cette année) ou de workshops organisés à la HEAR : Kevin Donnot, Anthony Masure, Open source publishing ; mais également des anciens étudiants de l’atelier de communication graphique : Bonjour monde (Arman Mohtadji et Lucas Descroix), Léna Robin (dont le projet de diplôme est cité dans les références).


Prepostprint
à la Gaité lyrique
21 octobre 2017

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Haunted by Algorithms


Dans le cadre de l’exposition Haunted by Algorithms, les étudiants d’année 3 Communication graphique de la HEAR présenteront à partir de samedi les projets d’édition qu’ils ont développés pour cette occasion.

Faces in the Mist, 2017 © Nicolas Gourault et Antoine Chapon

Haunted by Algorithms convoque une multitude d’entités non-humaines, des formes de vie organiques et artificielles qui communiquent et agissent dans le monde – animaux, végétaux, machines, robots, esprits, extra-terrestres. Comment donner forme à cette infinité de relations inter-espèces, traduire des sensoriums si différents des nôtres ? Sur fond d’une algorithmisation généralisée, une diversité de modes d’écriture va tenter d’y répondre, tissant des liens entre ces différents univers.
http://hauntedbyalgorithms.net/

Conception, commissariat, coordination : Jeff Guess et Gwenola Wagon

Exposition
21 janvier – 5 mars 2017
Vernissage – 21 janvier 2017 18 h

A Constructed World, Jean-Louis Boissier, Astrid de la Chapelle, Antoine Chapon et Nicolas Gourault, Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon, fleuryfontaine, Nicolas Giret, Jeff Guess, Martin Howse, Lou-Maria Le Brusq, Nicolas Maigret et Maria Roszkowska, Arnaud Mirman, Clara Pacotte, Olivier Perriquet, Sébastien Rémy, rybn.org, Gauthier Tassart
Mobilier : Romain Best

YGREC ENSAPC
Les Grands voisins – Bâtiment Lelong
82, avenue Denfert-Rochereau, 75014 Paris
Du mercredi au samedi de 13 h à 19 h, dimanche de 13 h à 18 h

Plateforme web <> Publication
Conception : Jeff Guess, Loïc Horellou, Jérôme Saint-Loubert Bié, Gwenola Wagon
Iconographie : Lou-Maria Le Brusq
Contributions : Angélique Buisson, Pierre Cassou-Noguès, Antoine Chapon et Nicolas Gourault, Yves Citton et Anthony Masure, Stéphane Degoutin, Frédéric Dumond, fleuryfontaine, Jeff Guess, Emmanuel Guez, Martin Howse, Jean-Noël Lafargue, Lou-Maria Le Brusq, Marie Lechner, Nicolas Maigret et Maria Roszkowska, Emanuele Quinz, rybn.org, Jeffrey Sconce, Noah Teichner, Suzanne Treister, Gwenola Wagon, Anne Zeitz

Recherche
Avec la participation des étudiants de :
ENSAPC, Conversations : communication animale et non-humaine – Etienne Ackerman, Ismail Alaoui Fdili, Yann Bougaret, Aurélia Garay, Sacha Golemanas, Ángela Jiménez, Wanda Kot, Rosalie Le Forestier de Quillien, Arnaud Mirman, Samuel Nicolle, Claire Olivelli, Clara Pacotte, Samah Slim, Charli Tapp
ENSAD, Data Fiction, Internet of Ants – Jean Gegout et Baptiste Lavigne, Hugo Hu
HEAR, atelier de Communication graphique – Marie Damageux, Lynne Ea, Basile Fournier, Inès Hosni, Yi-Chin Lai, Jean Laniau, Magali Lebon, Alexandre Lescieux, Clara Luzolanu, Margaux Montfort, Barbara Oppelt, Elie Partouche, Ambre Quemin, Caroline Sorin, Sophia Streit, Élise Vallet, Lucile Weber
Université Paris 8, département Arts plastiques – Alice Caratozzolo, Anna Consonni, Diego Del Rio, Marie Lorieux, Thy Nguyen, Thomas René

Événements
Vernissage Samedi 21 janvier, 18 h
Concert de Gauthier Tassart
Performance de Martin Howse
Vendredi 24 février, 18 h – 21 h 30
Conférence de Vinciane Despret en dialogue avec Clémence Seurat
Performance de A Constructed World avec les étudiants du séminaire Conversations : communication animale et non-humaine
Vendredi 3 mars, 18 h – 21 h 30
Dialogue cybernétique avec Pierre Cassou-Noguès et Julien Prévieux
Performance de rybn.org
Performance de Nicolas Maigret et Maria Roszkowska (disnovation.org)

En partenariat avec
Labex Arts-H2H
École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy
Équipe de recherche Théorie Expérimentation Arts Médias et Design TEAMeD de l’Université Paris 8

Ce projet bénéficie d’une aide de l’État gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre du programme Investissements d’avenir (convention attributive d’aide ANR-10-LABX-80-01).
http://www.labex-arts-h2h.fr

Avec le soutien de
Synesthésie
Haute école des arts du Rhin (HEAR)
Avec l’aide à la maquette du DICREAM – CNC pour Predictive Art Bot
La ressourcerie créative des Grands voisins

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Altars of madness, art contemporain & heavy metal


Le jeudi 24 novembre 18h, aura lieu à l’auditorium de la HEAR la conférence Altars of madness de Jérôme Lefèvre.

Quels liens le metal et l’art contemporain peuvent-ils entretenir ? Le public de l’art aura pu noter depuis les années 1990 un nombre croissant de références assez explicites à ce genre musical des plus singuliers. De leur côté, les amateurs du genre auront pu voir leurs groupes préférés collaborer avec des artistes visuels. Le genre lui-même, marqué par une contente évolution, a pu révéler des langages proches de l’expérimentation. L’esthétique déployée par les courants contemporains du metal et le caractère extrême de leurs langage ont marqué en profondeur une génération d’artiste.

La conférence analysera d’abord les fondements de la culture metal, puis l’évolution du genre, afin d’étudier en détail les raisons et les manières dont les artistes d’aujourd’hui se sont approprié ses codes.

Altars of madness, art contemporain & heavy metal – conférence Jérôme Lefèvre

Altars of madness, art contemporain & heavy metal – conférence Jérôme Lefèvre, affiche de Marianne Plano et Lisa Pagès

 

Jérôme Lefèvre (né en 1977) est commissaire d’exposition indépendant et critique d’art membre de l’AICA.

En tant que curateur, il a organisé plusieurs expositions parmi lesquelles Sound Games (Centre Noroit, Arras) Meanwhile in the Real World (FRAC Ile de France – Le Plateau, Paris), Pearls of the North (Palais d’Iéna, Paris), Far in Out (Triangle Bleu, Stavelot, Belgique) et Altars of Madness (Casino Luxembourg, Luxembourg, et Confort Moderne, Poitiers), ainsi que plusieurs projections de cinéma expérimental.

En tant que critique d’art, il a collaboré à de nombreuses revues comme Art Press, Archistorm, Crash et Dust Distiller ainsi qu’à de nombreuses monographies d’artistes et ouvrages thématiques publiés dans plusieurs langues.
Il est par ailleurs le fondateur de la publication monographique C.S. Journal en 2009 avec Damien Deroubaix qui a consacré ses numéros à des artistes tels qu’Élodie Lesourd, Mark Titchner aussi bien que Steven Shearer pour sa participation à la Biennale de Venise en 2011.

Jérôme Lefèvre est également conférencier et enseigne l’Histoire de l’Art à l’École Supérieure d’Art de Cambrai (ESAC), ainsi que le commissariat d’exposition à l’Institut d’Études Supérieures des Arts (IESA) à Paris.


Conférence de Jérôme Lefèvre
“Altars of madness, art contemporain & heavy metal”

Jeudi 24 novembre 2016, 18 heures
Auditorium de la Hear (Strasbourg)

 

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De la production assistée par ordinateur à la création réalisée par l’ordinateur


Cet article est une tentative de prédiction catastrophiste de ce que pourraient devenir nos métiers d’ici quelques années.

Les métiers du design graphique seront-ils à l’abri d’une certaine forme d’Uberisation ?

Je ne parle pas ici de ce qu’Uber est déjà : une société qui fait du crowd-working, et qui a réussi à faire baisser ses coûts d’exploitation au détriment d’une certaine protection sociale grâce à des algorithmes et une interface facilitant la mise en relation entre un passager et son chauffeur. Mais plutôt de ce qu’Uber va devenir à court ou moyen terme : une société utilisant une flotte de voitures autonomes dont les intelligences artificielles auront été considérablement améliorées par les millions de trajets effectués par des conducteurs humains. On peut raisonnablement estimer que les chauffeurs sont en train de couper la branche sur laquelle ils sont assis. Mais ainsi va le monde, et comme l’avait rappelé Jean-Noël Lafargue lors de son intervention du cycle de conférence «graphisme technè» : les métiers naissent et disparaissent.

Les spécialistes en intelligence artificielle savent depuis un moment que pour voir apparaître la première forme d’intelligence dite singulière, il faudra une quantité de données faramineuse. Pour le moment, seuls quelques grands groupes informatiques disposent d’un tel trésor de guerre et en particulier Google qui indexe le web depuis maintenant plusieurs années.

Depuis la révélation des techniques de deep learning, il y a moins de deux ans, la programmation liée à l’intelligence artificielle vit une révolution. Il est maintenant possible pour un programme d’apprendre de ses erreurs si on le nourrit d’exemples pertinents qui lui permettent de différencier un bon résultat d’un mauvais. On peut alors enseigner à un programme à détecter le contenu d’une image, à comprendre une signalisation routière, à faire de la traduction en se basant sur des dialogues de roman à l’eau de rose ou encore battre un champion de go de niveau mondial (ce jeu était réputé très difficile pour les programmes informatiques).

C’est ainsi que des artistes nouveaux médias ont produit des vidéos générées par des programmes inspirées par les styles picturaux de grands maitres occidentaux dont Picasso, Van Gogh (pour public averti, Kyle McDonald, par exemple, avec sa reprise d’un extrait du film érotique fantastique I.K.U traité selon la période cubiste de Picasso, notamment La jeune fille à la mandoline ), en utilisant l’algorithme Deepdream.

Une image réalisée via l’algorithme deepdream. On a ici demandé au programme de générer des têtes de chiens où il en détectait et on a répété l’action plusieurs fois de suite. L’image utilisée est une reproduction du tableau «Waterloo» de la série «Dogs Playing Poker» de Cassius Marcellus Coolidge.

Une vidéo présentant un extrait de «2001, l’Odyssée de l’espace» de Stanley Kubrick, réalisée par Bhautik Joshi avec un traitement imitant le style de Picasso.

Du côté du design graphique, on trouve de plus en plus de gabarits et de patterns prêts à l’emploi : des gabarits pour des sites Internet, des gabarits pour des animations ou titrages vidéo, des gabarits de cartes postales, des compositions typographiques ou encore, des projets comme Prototypo qui rendent les polices paramétriques accessibles à tout un chacun.

Il y a deux ans, une plateforme internet comme thegrid.io proposait de créer des sites complets avec quelques paramètres à l’aide d’algorithmes adossés à de l’intelligence artificielle. Les placements, cadrages, flux de textes sont alors optimisés automatiquement. En effet, un programme qui sait imiter le style de Van Gogh n’a aucun mal à décortiquer et générer un graphisme minimaliste basé sur un système de grille, qui repose au final sur quelques dizaines de paramètres (largeur et nombre de colonnes, réglages de césures et justification, marges internes et externes, corps de texte, etc.)

thegrid.io propose de réaliser des sites Internet de manière paramétrique et algorithmique en utilisant le contenu que vous téléchargez.

Par ailleurs, quand on est abonné à la suite Creative Cloud d’Adobe, on reçoit leurs newsletters, et une part croissante de ces e-mails ne concerne pas tant des questions de création graphique avec leurs outils, mais plutôt de gestion de campagnes marketing. On y traite de ROI, de stratégie cross canal, ou encore de parcours d’achat du client connecté mais surtout pas de création d’image ni de sens.

Les cibles ne sont plus les concepteurs visuels, mais des commerciaux et des responsables marketing. On peut ainsi deviner un glissement des activités d’Adobe vers une part de moins en moins négligeable de marketing pur.

Ces outils permettront d’automatiser au maximum les processus de création, comme c’est de plus en plus le cas dans les différents logiciels de la suite. Un nombre croissant d’options et de filtres avec des préréglages, de nombreux gabarits prêts à l’emploi pour réaliser des publications, des animations motion design, des habillages sonores sont en vente. Il suffit d’ouvrir le fichier que l’on a acheté, de manipuler quelques curseurs pour changer une couleur et le positionnement d’un titre et on obtient un rendu bien réalisé qui ressemble à des dizaines ou des centaines d’autres projets. Mais à l’heure de l’uniformisation des styles à travers la planète, qui s’en soucie ?

Pour les gens qui souhaiteraient encore un peu plus d’originalité, avec Behance, Adobe a en sa possession une base de contenus alimentée par une quantité gigantesque de projets de graphistes, illustrateurs, typographes, animateurs, étudiants à travers toute la planète. Ces projets sont décrits, tagués, commentés, augmentant ainsi la qualité et la quantité des métadonnées permettant de se livrer à une analyse initiale de ces données.

Cette base de contenus pourrait à terme être analysée, étudiée et disséquée par des algorithmes d’analyse d’images de type deep learning, et enfin permettre à des logiciels de proposer des compositions modifiables à travers l’utilisation de quelques curseurs.

Behance est un réseau social créé en 2006, ensuite acheté par Adobe, utilisé comme portfolio en ligne par de nombreux utilisateurs des logiciels de l’éditeur.

Quel salut face à un avenir qui pourrait s’avérer compliqué ? Ne pas rester candide et passif face aux outils que nous utilisons. Avoir une conscience fine des enjeux et problèmes posés par des groupes qui se retrouvent en situation de quasi monopole. Ne pas délaisser le code et une capacité à inventer ses propres outils. Et toujours aborder un outil pour son potentiel de détournement et d’usage allant à l’encontre de ce pour quoi il a été pensé. Les outils et leurs concepteurs ne devraient jamais formater les usages, mais encore faut-il avoir conscience qu’ils le font trop souvent.

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