Sürkrüt

Blog de l’atelier de Communication graphique de la HEAR

Html sauce cocktail


Une fondue de mise en page web et papier d’hiver ou un cocktail de class pour l’été.

Par ses contraintes de tailles d’écrans la mise en page web se doit d’être adaptative, quelque part consciente de l’environnement dans lequel elle s’installe. De ce point de vue, elle s’oppose au design imprimé où la plupart des interfaces traditionnelles tiennent nos mains sur les blocs durs hérités de Gutenberg.
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L’atelier proposé par OSP approche la mise en forme d’un texte de manière liquide. À partir d’un manuel de cuisine belge publié dans le domaine public et disponible en HTML, chaque équipe a travaillé sur des mises en forme papier visant différents formats de sortie : poster, fiches, magazine, livret de poche, etc.
En définissant un ensemble de media queries les étudiants construisent ensemble une feuille de style commune, mais posent chacun les conditions qui permettent de “typographier” leur format.

L’ensemble des fichiers est disponible sur le Github de l’école.

Html sauce cocktail

Pyramide des formats

Html sauce cocktail

Aperçu des résultats du workshop OSP

Intervenants : Stéphanie Vilayphiou, Colm O’Neill et Ludi.
Avec les étudiants en communication graphique : So-Hyun Bae, Laura Burucoa, Charlotte Chowdurry, Victor Donati, Montasser Drissi, Angéline Girard, Romain Goetz, Manon Hachad, Quentin Juhel, Théophile Martin, Arman Mohtadji, Clara Neumann, Lisa Pagès, Benjamin Riollet, Lena Robin, Hugo Serraz, Caroline Sorin.

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Portrait de Simon Renaud


Simon Renaud est originaire de Nancy, il y a passé le bac arts appliqués.
Il est allé ensuite à Lyon pour faire un BTS graphisme, édition, publicité
à la Martinière-Diderot. Formation qui lui laissait peu de temps pour expérimenter. Alors, il décide de se tourner vers des écoles d’art pour poursuivre ses études. Arts décos de Strasbourg, Beaux-arts de Nancy ? Finalement son intérêt pour les ateliers de l’école (sérigraphie, livre…) et le travail de Pierre di Sciullo le pousse à aller à Strasbourg. Comme beaucoup d’entre nous, il regrette un peu le manque d’accessibilité de ces ateliers.

Il est donc diplômé des Arts décos en Communication graphique en 2004. En trois ans à Strasbourg, il pousse son autonomie. Cette autonomie qui est bien plus difficile à obtenir en BTS. Il commence aussi à découvrir le travail en collaboration, avec d’autres étudiants de l’école.

Communication pour l'exposition des diplômes de la HEAR, en 2012. Avec Jérémie Nuel

Communication pour l’exposition des diplômes de la HEAR, en 2012. Simon Renaud et Jérémie Nuel

Il a apprécié l’ouverture de l’école vers la pluridisciplinarité. Ainsi, il élargit son panel : animation, photographie, vidéo. Pour enrichir son travail d’expérimentation autour de nouvelles techniques, il fait un post-diplôme à Cracovie. Là-bas, il s’essaie à la gravure sur zinc, au film d’animation, au dessin à la plume… À son retour de Pologne, il retourne à Strasbourg pour mettre en place un atelier avec un ami rencontré aux Arts décoratifs, Jérémie Nuel. Ils ont commencé à travailler sur des projets collectifs dès la troisième année. lls partent s’installer à Lyon. Ils y restent trois-quatre ans, puis ils partent à Paris : A is a Name est né. Aujourd’hui, après 10 ans de collaboration le duo s’arrête

Maintenant Simon est freelance, à Paris. Il essaie d’avoir des clients à l’international. Depuis qu’il a travaillé avec Dazed & Confused, il se rend compte de l’ouverture d’esprit des pays étrangers sur le design graphique. Il peut développer avec eux des travaux conceptuels et en adéquation avec son propos. Celui-ci s’oriente autour de l’écriture, des codes et des machines numériques. Il tient d’ailleurs un tumblr « languages as symbols ». Il y rassemble des systèmes d’écritures du monde entier. Aujourd’hui c’est presque devenu ses obsessions. Ainsi, les workshops qu’il initie tournent beaucoup autour de ces deux thèmes. Par exemple, ce semestre en tant que prof aux Beaux-arts d’Amiens, il a proposé un sujet autour du livre électronique « Livre machine, tête de lecture » .

On en vient ainsi à parler de l’importance de la scénographie des projets de graphisme. L’exposition du design graphique devient primordiale aujourd’hui.

D’ailleurs en parlant d’exposition, Simon Renaud expose du 25 février au 20 mars au Toutouchic à Metz. Il y présentera sa typographie l’Anamorphosis qu’il avait commencé à créer en post diplôme à Cracovie. Il y aura aussi des lettres en volume, des photographies…

À bientôt à Metz.

Simon Renaud, typography & graphic design
Workshops
Languages as symbols

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Rémi Jimenes, « La typographie, source et objet d’histoire : l’historien du livre face au design graphique »


Compte-rendu de la conférence de Rémi Jimenes, dans la cadre du colloque « Design graphique, les formes de l’histoire ».

Fraîchement diplomé d’une thèse sur Charlotte Guillard, veuve des imprimeurs Berthold Rembolt et Claude Chevallon, Rémi Jimenes est un doctorant au Centre d’études supérieures de la Renaissance. Mais c’est aussi un ingénieur d’études aux Bibliothèques virtuelles humanistes.

Le livre, un concept global

Pour Rémi Jimenes, le design graphique est une science auxiliaire de l’histoire du livre. Selon lui, il y a trois manières indissociables d’aborder le livre :

1) L’ornement
2) La composition du texte/la mise en page
3) Le choix typo

La composition doit être adaptée à chaque objet. Mais à la renaissance ce n’était pas forcément possible donc il n’y a pas de grille/de design à analyser de manière individuelle. Cependant à cette époque, tout est à faire, à inventer. C’est l’âge héroïque du livre. Il va donc y avoir toute une période de construction de l’histoire de l’objet livre. La bible à 42 lignes de Gutenberg va ainsi être un matériel très utilisé par les imprimeurs. C’est une véritable mine d’informations pour eux évidemment. Et la bible à 42 lignes inspire encore aujourd’hui. Les Éditions B42 lui rendent par exemple un hommage par leur nom…

L’histoire du livre comme pratique et comme enseignement est très peu développée (voire n’existe pas du tout) dans les universités françaises alors qu’il y a de plus en plus de chercheurs qui traitent de ce sujet aujourd’hui. C’est une pratique qui se développe officieusement.

Lucien Febvre (1878-1956), par exemple, est le rénovateur de la science historique c’est-à-dire que pour lui l’histoire c’est aussi la sociologie, l’économie, la politique, la culture… Et il commence donc à voir l’apparition du livre comme faisant partie intégrante de l’histoire.

Mais le père fondateur de cette démarche est Henri-Jean Martin. C’est un historien français spécialisé dans l’histoire du livre et de l’édition. Il aborde ainsi le livre sous différents aspects : le commerce, la sociologie, l’économie… Il s’attache à l’étude de ses interactions, sa fonction d’archives, les conditions socio-économiques qui l’entourent, mais aussi les conditions de lecture.

Ainsi, l’approche graphique du livre serait juste un angle d’attaque parmi tant d’autres : l’aspect littéraire, technique, social ou encore économique. Le livre serait donc un projet bien plus global que ce que pourrait imaginer un néophyte.

L’excellence typographique, moteur de renouvellement

L’histoire de l’excellence typographique contribue aussi nettement au développement du livre. Les pères fondateurs de cela sont les typographes humanistes comme Alde Manuce ou Claude Garamond. Puis plus tard, des personnes comme Francis Thibaudeau ou Stanley Morison vont mettre en lumière les évolutions typographiques. Claude Garamond a commencé à être actif dès 1530. Il grava par exemple pour Estienne deux caractères : un gros Canon et un gros Romain. On pensait à l’époque que c’était lui le typographe le plus influent. Mais d’après Rémi Jimenes, on s’est rendu compte depuis que le Garamond aurait en fait été inventé avant Claude Garamond lui même. Cette découverte d’erreur dans l’histoire est possible grâce aux systèmes d’analyse et d’identification de fontes et d’archives.

La bibliographie, comme élément fondateur de l’histoire du livre

L’importance de l’identification de l’imprimeur par le matériel typographique est une notion inhérente au travail de Rémi Jimenes. Identifier est presque devenu une nécessité pour l’époque des Elzévirs qui ont souvent été contrefaites. Henry Bradshaw, un bibliothécaire britannique a par exemple créé la première liste de typographies en développant des recherches minutieuses à travers les incunables. Robert Proctor s’est lui aussi lancé dans la bibliographie et a ainsi catalogué des incunables par pays et villes d’impression puis par imprimeurs et éditions. Entre 1906 et 1911, sous la direction de Konrad Haebler, un vaste inventaire d’incunables est créé. Il puise des informations dans 676 bibliothèques allemandes et recense 145 000 exemplaires d’incunables. Tout cela va créer un fond documentaire très important qui sert encore aujourd’hui.

L’identification permet donc de pouvoir reconnaitre les presses de tel ou tel imprimeur et de savoir à quel imprimeur appartient telle typographie. Même s’il y a eu des périodes plus complexes pour l’identification. En effet, au XVIe siècle, beaucoup d’imprimeurs s’échangeaient leurs caractères typographiques. Mais chacun composait différemment et c’est cela qui permet d’identifier un imprimeur précis.

C’est justement un système d’analyse du matériel typographique qu’a développé Rémi Jimenes : les Bibliothèques Virtuelles Humanistes. C’est un projet ambitieux de numérisation et de reconnaissance d’ouvrages de la renaissance. Il permet d’extraire le texte, les lettres ornées, les marques imprimeur etc. Peut-être que ce projet pourrait être une bonne base de matériaux pour les graphistes et typographes. Mais le site mériterait un bon rafraichissement visuel…

À lire/voir :

Le site des Bibliothèques virtuelles humanistes
Roger Chartier et Henri-Jean Martin, L’histoire de l’édition Française
Sous la direction de Dominique Varry, 50 ans d’histoire du livre : 1958-2008
Alain Cavalier, La relieuse

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Onze.Onze (14), des regards singuliers sur l’armistice du 11 novembre


Je viens de passer voir l’exposition « Onze.Onze ». Enfin « passer ». Elle n’est pas de celles où l’on passe mais plutôt de celles où l’on reste. À travers des vidéos, des installations, des applications et des photographies, les étudiants de l’atelier de Communication graphique y explorent depuis 2012 la commémoration de l’armistice du 11 novembre.

Je dois avouer que ces cérémonies m’ont toujours un peu ennuyée. Trop sérieuses. Mais là, c’est différent. Est-ce parce j’ai été accueillie à bras ouverts par des soldats en délire sur le portail ? Peut-être… Forcément le soldat en uniforme, ça fait toujours son effet. Même la cour avec ses nombreuses tentures m’évoque une fête.

 

Les festivités se poursuivent à l’intérieur avec des guirlandes lumineuses ! Ça détonne. Plus loin, le ton est plus grave. Des photographies brumeuses et funestes se heurtent à la première sensation joviale.

 

À droite, un pan de mur m’intrigue. À première vue, il semble être recouvert de photographies prises par la même personne. Mais il n’en est rien. Les élèves ironisent. Ils mettent en exergue l’ennui. Et la scénographie pensée par Alain Willaume me glisse dans la peau du photographe. Je ressens sa frustration. J’ai envie d’escalader ces barrières qui m’empêchent de m’approcher.

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Puis j’emprunte l’escalier. Rouge. Rouge coquelicot. Ces derniers sont un des symboles de la première guerre mondiale. À l’étage, je suis frappée par le chaos visuel. Jusqu’alors, le calme et la discipline régnaient. Mais ce désordre est en total adéquation avec les sujets photographiés. En effet, au plein cœur d’une manifestation, un mouvement anarchiste semble protester contre la violence de la guerre et la propagande militaire.

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Je fais le tour de l’escalier. Ici, je suis maire. Une des applications pour Ipad me permet de construire un monument aux morts pour ma propre ville. Un rêve se réalise.

 

Au fur et à mesure, l’exposition m’éloigne loin des banalités que j’appréhendais. Je découvre l’armistice sous des regards singuliers et je me dis… peut-être bien que cette année, moi aussi je vais y assister, juste pour voir ce que ça donne en réalité. »


Exposition « Onze.Onze (14) » dans le cadre du programme de recherches Lignes de front 1914-2018.
La Chaufferie, Haute école des arts du Rhin, Strasbourg
Du 11 octobre au 11 novembre 2014.

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