11/04/2013 |
Par Arman Mohtadji
Sa conférence commença par un aveu, celui de ne pas être à l’aise, d’avoir besoin de temps avant de commencer. Pour se faire, il fit passer un appareil photo et demanda à chacun de prendre en photo son voisin l’un après l’autre. Le photographié devenant le photographe, créant ainsi une boucle partant de Daniel Eatock et revenant vers lui. Circulaire est bien le mot qui pourrait caractériser l’organisation de cette conférence. Totalement à l’image de son processus créatif, cette conférence aborde via soixante photos, représentatives de quelques grands thèmes de son parcours artistique complexe, efficace et prolifique. Disposées en cercle sur un immense document Indesign, elles composaient une heure de conférence soit une minute par photo. Une sorte de powerpoint low tech grâce auquel l’artiste engloba les thèmes majeurs de son travail de directeur artistique et artiste-plasticien.
« I seek alignments, paradoxes, chance circumstance, loops, impossibilities and wit encountered in everyday life. I often change my mind, go full circle, and arrive at the beginning. »
Le cercle
One Houre Circle est un cercle réalisé par douze personnes en une heure chaque personne dessinant une partie pendant 5min. C’est un projet réalisé avec des étudiants de l’Oslo National Academy of the Arts et The Oslo School of Architecture and Design. Ce travail se décline au travers de différentes durées, une minute, une seconde etc.
La fin et le commencement
Une partie du travail de Daniel Eatock interroge l’intervalle entre deux états, deux instants. Switched Off Photographs illustre cette pensée. Le photographe doit éteindre sa lampe en même temps qu’il enclenche l’obturateur de son appareil. Cette lampe n’est donc ni tout à fait éteinte ni tout à fait allumée.
Best Before October 26, 2008 aborde le même questionnement mettant en scène des aliments se périmant au même instant. Deux photos sont prises, l’une une seconde avant l’autre une seconde après la péremption.
Le sens des images
Hands met en avant l’importance du sens d’une image. D’une part, les mains donnent, de l’autre elles réclament.
Le paradoxe
Une étagère qui est supportée par les objets qu’elle porte et perd son utilité et devient un objet absurde. De même que cette boite de ciseaux nécessitant des ciseaux pour ouvrir. On voit bien que le travail artistique de l’artistique est fondé sur une mise en abîme de l’objet et de sa fonction.
Daniel Eatock a étudié au Royal College of Art et a ensuite travaillé dans l’équipe du design du Walker Art Center à Minneapolis pour enfin retourner à Londres et travailler pour des clients tels que la Serpentine Gallery ou Channel 4 Television. Inturn Poster est un poster rotatif fixé avec une punaise en son centre, ainsi faut-il tourner le poster pour lire l’intégralité des informations.
Eatock est un “poète” qui manie le langage visuel proche d’un idéal mallarméen de suggestion.
Ses assemblages d’objets du quotidien produisent un sens nouveau et dégagent une certaine étrangeté. L’objet ainsi détourné, retourné “inside/out”, mis en abîme, “résonne de l’intérieur” et se détache du mot qui lui est rattaché , se dernier perd son pouvoir de nomination pour laisser place à une nouvelle image.