Mot-clé : logiciel
Julie Blanc & Quentin Juhel
JB : Non. Parce que PrePostPrint défend des approches libres ; donc nous n’allons pas aller dans un logiciel propriétaire, même s’il utilise du script. La base de PrePostPrint c’est de défendre le libre.
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QJ : C’est l’une de nos positions avec PrePostPrint, de ne surtout pas parler de logiciel et de logique propriétaire. Les deux fondateurs sont des libristes convaincus. Les participants de PrePostPrint viennent pour beaucoup de ce milieu. Nous n’en voyons pas trop l’intérêt.
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QJ : Oui en effet, ce n’est pas forcément structuré, contrairement au web. Je n’utilise plus de logiciel propriétaire depuis 3 ans, dans l’enseignement ou dans ma pratique professionnelle.
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FJ : Pour rebondir sur ce que tu viens de dire Quentin, et pareil Julie tu n’utilises plus de logiciel propriétaire ?
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JB : Les clients n’ont pas forcément à savoir si nous utilisons du libre ou pas. Quand nous sommes à l’aise avec ces outils et logiciels, on ne voit pas forcément qu’ils sont « libres ». Avec OSP ou Figure Libre par exemple, leurs clients ne savent pas forcément qu’ils sont dans le logiciel libre ; quand il leurs disent, ils sont contents car en général ce sont des ONG, et ils sont dans ces idées-là. Ce que tu donnes à la fin c’est un pdf, peu importe les outils ; parfois cependant les clients demandent les fichiers source pour des raisons particulières.
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FJ : Pour essayer de rebondir, Quentin, tu trouves des alternatives à chaque fois pour des logiciels propriétaires, ou c’est plus compliqué que ça ? Question très bête , est-ce qu’il y a un équivalent à photoshop, j’imagine que non, faut mixer différents logiciels ?
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JB : Parler d’« alternative », c’est aussi penser en termes de logiciel, et avec le libre, c’est bien plus hybride. Nous pouvons utiliser des logiciels en ligne de commande (sans-interface), être donc plus dans une logique d’outils. Nous sommes plus adaptés au logiciel car l’apprentissage en graphisme passe par les logiciels. Par exemple pour changer le format d’une image, tu peux le faire sur Photoshop, mais en réalité tu peux le faire en ligne de commande, et l’effectuer sur tout un dossier.
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Il y a différents outils, en fonction de ce que nous voulons faire, soit dans des logiques logicielles ou alors des outils en ligne de commande ou des outils scripts passant par un navigateur web. Il existe pleins de solutions, pas forcément dans une logique logicielle.
Mathieu Tremblin
MT : Ok, revenons à ta question. Tu l’as assez bien identifié, à l’origine les éditions Carton-pâte en 2007, ce sont des fanzines que nous pouvions réaliser avec des camarades issus de mon crew de graffiti et que nous n’avions pas les moyens d’éditer en grande quantité. Il s’agissait de tirages confidentiels diffusés de la main à la main. Ils étaient presque vendus à prix coutant parce qu’ils coutaient cher à produire. Jiem L’Hostis, lui, utilisait vraiment la photocopieuse en collant les photos et le texte pour composer sa mise en page. C’est un parti pris qui existait à cette époque dans le monde du graffiti. De mon côté, je faisais de la mise en page avec des logiciels comme QuarkXpress ou InDesign : des outils liés à la production industrielle du livre. Très vite, je me suis dit que c’était dommage que le cadre éditorial soit tributaire d’une logique marchande. Je trouvais que ce rapport à l’autoédition à l’époque d’Internet méritait d’être repensé. Le mode de production induisait une certaine rareté. Je ne voyais pas en quoi limiter le nombre d’exemplaires apportait quoi que ce soit au travail.
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À partir du moment où les gens accèdent gratuitement aux fichiers d’impression, toutes les opérations qui vont suivre vont les amener à considérer le travail que représente le suivi de production. En investissant ce temps-là, ils n’ont certes pas payé l’artiste, mais ils vont se rendre compte de ce que ça coûte vraiment de produire de l’art, de produire des affiches ou des éditions. C’est-à-dire que c’est gracieux plus que gratuit, en définitive. Le basculement du copyright vers le copyleft se joue surtout dans la responsabilité individuelle qu’induit ce droit à la mise en circulation. Transposer des logiques de logiciels libres vers l’art confère une dimension programmatique à l’œuvre, mais le réel enjeu n’est pas juste dans la libération du joug propriétaire. C’est un point de départ. L’enjeu est dans l’activation du protocole : il faut faire les choses. Cette dimension opérationnelle de la pratique artistique à travers le prisme de l’édition do it yourself, c’est une manière d’initier les gens à la créativité. Se confronter aux questions techniques et se questionner sur les moyens de production est émancipateur en soi, au-delà du contenu de l’œuvre produite même.
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La série Preliminary Sketches pourrait très bien exister sous forme de tirage A4 ou d’affiches 4 × 3. Ce sont des dessins vectoriels avec une esthétique très liée aux logiciels d’architecture : modélisations, potentialités, plans, étapes de travail. Et ils sont intéressants pour cela, parce qu’ils ne sont pas l’intervention réalisée. Ils racontent autre chose, comme le plan d’architecte qui n’est pas le bâtiment fini. Le plan devient d’autant plus intéressant qu’il y a eu une opération de construction. La construction lui donne son autonomie, lui donne son existence propre, documentaire. Le plan peut être étudié ou servir de référence quand on va revenir sur la construction. Sa valeur va être liée à ce qu’on projette comme usage plus qu’à la question esthétique. Ces croquis d’étude sont un jeu avec le dessin d’architecture et les manières de représenter et fabriquer de l’urbain. Les architectes ne dessinent jamais les potelets parce ce qu’il vienne gâcher le rythme visuel qu’ils s’efforcent d’insuffler à leur façade. Ils ne dessinent pas non plus les poubelles et les détritus qui vont venir s’insérer dans les interstices et les recoins. Ils ne dessinent pas les tags, alors que ce qui rend une ville vivante, ce sont les traces laissées par celles et ceux qui la pratique. C’est à cet endroit qu’il y a un enjeu à ces croquis d’étude, différent et autonome de l’intervention Tag Clouds : reprendre un registre graphique lié à une modélisation de la ville et réintroduire des signes présents dans la ville ; des signes qui sont gommés des représentations de la ville et occultés, recouverts ou effacés dans la ville pour obéir à un certain mode de gouvernance et de gestion de l’espace public.
Camille Bondon
CB : Si il s’agit d’une utilisation « pragmatique », je passe peut-être 70, 80 % du temps sur l’ordinateur à faire toute la gestion de projet. Par exemple, les nappes dont je te parlais, c’est beaucoup d’échange de mails, de préparation de rendez-vous... Et après ça va être les logiciels de la suite Adobe pour faire de la retouche d’image et de la composition d’édition.
Élise Gay & Kevin Donnot (E+K)
EG : Dans la majorité de nos productions, nous utilisons des programmes, des logiciels différents. Nous ne nous cantonnons pas du tout exclusivement à InDesign : nous piochons dans des outils existants, et lorsqu’ils n’existent pas, nous les développons.
Rencontre avec Denis Tricard
DT : C’est un peu complexe hein, mais bon on travaille avec le logiciel Méthode, c’est avec ça que travaille toute la presse, même internationale… Donc bon, voilà je vous montre, voici la dernière page, Strasbourg, et voyez, sur une autre édition à Molsheim c’est différent. Il y a donc un tronc commun et les pages changent selon l’endroit où l’on vit. Et les affichettes c’est le même système, le tronc commun, puis selon l’endroit où l’on vit, ça va changer tout bêtement. Strasbourg demain c’est : « Surveiller sa poubelle bleue pour payer moins d’impôts ».