Mot-clé : rencontre

Camille Bondon

La mesure du temps est une œuvre vidéo présentant une collection d’agendas, à partir desquels Camille Bondon interprète les traces laissées à l’intérieur par leur propriétaire. Carnet 17 est une édition retranscrivant, à la manière d’un fac-similé, les notes, les dessins, l’expression de ses pensées, contenus dans l’un de ses carnets de recherche. Camille Bondon est une artiste plasticienne, la rencontre et le partage sont au cœur de sa pratique protéiforme.
[…]
CB : Alors ça, ça m’a été utile parce que j’ai commencé une pièce sur les archives de tout ce que j’ai lu. Je voulais collecter toutes les premières pages de tous les livres que j’avais lus. Et dans les agendas, j’ai cette archive de tous les livres, tous les films, tout ce que j’ai pu emmagasiner. Ça m’a servi aussi pour retrouver quelques dates, donc je les parcours, un peu comme on parcourt des albums photos, plutôt pour cette impression générale. Ce que je vais le plus relire ce sont mes carnets de travail, où j’ai une archive plus détaillée de toute l’évolution des projets. Là, je suis en train de faire une résidence où l’on crée collectivement des nappes pour des tables, des nappes publiques. Comme archive du projet j’ai commencé à rédiger un journal. En croisant les mails, les sms, les notes dans le carnet, j’ai pu reconstituer toute la genèse du projet. Les carnets me servent plutôt à ça, et aussi pour mémoriser tous les noms qu’on peut me donner, ou que je rencontre, ainsi que d’autres informations que j’y dépose... mais je ne vais pas les chercher tout de suite. Il y a aussi des moments de transition de carnets, où je viens passer en revue ce qui s’est passé dans le précédent, pour voir si j’ai exploré toutes les pistes qui étaient notées. Donc je m’en sers plutôt pour explorer les trois mois précédents. Mais je les garde, c’est mon petit trésor.
[…]
CB : J’ai un téléphone qui est assez rudimentaire, que j’utilise principalement pour téléphoner et comme outil de notation. J’adore les mémos vocaux, l’option dictaphone est un truc que je trouve génial. Je prends des notes vocales quand je n’ai pas le temps pour noter les choses rapidement, et je demande aussi à d’autres, quand ils me parlent d’une autrice, d’une adresse, ou quand l’orthographe est compliquée. J’ai toute cette banque de petites capsules de mots que par moment je réécoute, et il y a une sorte de flou parce qu’il y a un hors champs qui est tellement fort, que parfois je n’arrive pas à retrouver quelle était la source de cette note. Par exemple, en ce moment, je collecte des récits de rencontres amoureuses, j’ai de bons enregistreurs, mais le téléphone à ce côté là de très discret, c’est quelque chose qui est camouflé pour pouvoir capturer la voix, la parole des autres. Donc je l’utilise plutôt pour le côté vocal plus qu’écrit.
[…]
La forme que je préfère pour La mesure du temps, c’est quand je projette la vidéo et que je fais la voix, qui est normalement off, en direct, de manière synchrone avec les gestes. En fait, j’aime rencontrer des gens, et le fait d’envoyer une vidéo dans une exposition, c’est une forme de monstration qui m’excite moins. J’essaye toujours de faire des formes où je suis obligée d’être là, de rencontrer des gens, que ce soit un moment convivial, moi c’est ça qui me plaît. Mais pour une exposition en Suisse, eux préféraient une version continue, diffusée au sein de l’exposition. Du coup on a enregistré en studio avec un copain la voix off pour qu’elle soit nickel et que ça devienne une vidéo autonome. Pour chacune des formes que je fais, il y a plusieurs états. Par exemple, Faire parler les livres est une collection sur les méthodologies de lecture, comment chacun va venir faire des petits points, corner les pages, recopier dans un carnet ou recopier dans des fiches... C’est une performance, mais c’est aussi une installation, et la transcription de ce que je raconte, j’aimerais bien que cela devienne aussi une édition, le contenu textuel de ma conférence en quelque sorte. Souvent dans les pièces que je peux faire, il y a plusieurs états simultanés d’une pièce, qui sont des espèces d’équivalences.Il n’y a pas une forme, je ne sais pas si c’est que je n’arrive pas ou que je ne veux pas arrêter une forme, mais à chaque fois qu’on m’invite c’est un nouveau contexte, et à partir de ce contexte je fais des adaptations.
[…]
CB : Ce serait bien aussi, mais là c’est ce qui s’est passé. Il faut continuer dans l’équilibre de toi, de ta vie personnelle. Il y a l’art et la vie personnelle, et les choses se rencontrent, s’éloignent, se rejoignent, en fonction des aléas de la vie.

Garance Dor & Vincent Menu

Dans notre processus de travail, c’était important pour nous de rencontrer les gens qui étaient derrière ces ouvrages là et de pouvoir organiser des entretiens pour avoir plus d’informations.
[…]
GD : En tout cas c’est pas un collectif, puisqu’on fonctionne avec des invitations donc les uns et les autres ne se choisissent pas entre eux : d’ailleurs la plupart ne se rencontrent pas avant la publication. Le moment un peu fédérateur et de communauté c’est ce moment des activations qui ont lieu après la publication où on déploie la revue de manière performative avec les artistes dans des temps publics, dans des théâtres, dans des centres chorégraphiques, dans différents espaces. Là effectivement il y a une rencontre : entre les artistes et avec le public. Et là peut-être que c’est un temps de communauté.

Julie Blanc & Quentin Juhel

QJ : Je vais revenir sur le terme « catalogue » : ce n’était pas vraiment un catalogue, c’était plutôt un objet manifeste. C’était le deuxième événement de PrePostPrint qui était marqué par la rencontre de différents acteurs : graphistes, développeurs, chercheurs, éditeurs, qui faisaient et qui font encore des publications imprimées avec les langages du web. Donc il s’agissait d’une réunion réelle, avec une réunion entre nous et avec le mini-festival, et cet ouvrage est à la fois un catalogue des gens présents, des potentialités du web2print ainsi que d’autres langages de programmation. Cela a été assez compliqué à mettre en place, notamment ces questions de polyfill. Tu vois ce que c’est qu’un polyfill ?
[…]
QJ : L’enjeu était déjà que Julie et moi, n’avions jamais collaboré. J’avais déjà fait un peu de web2print notamment avec des workshops avec OSP [Open Source Publishing] puis avec un stage chez Sarah Garcin. Mais je n’avais pas travaillé dans un projet de cette petite envergure : avec un éditeur, des graphistes, etc… C’était un des premiers projets indépendants dans une première collaboration avant notre rencontre à l’ENSAD Lab. C’était intéressant et aussi un peu stressant !
[…]
Quand je présente mon parcours, je dis que ce sont surtout des rencontres.

Marcia Burnier & Nelly

CD : Ça m’intéressait de savoir exactement quel était le contexte de votre rencontre qui a pu ensuite mener au zine mais c’est… ok ! Est-ce qu’il y a peut-être quelque chose en particulier qui a lancé l’idée du zine ou alors… Comment, est-ce qu’en dehors de vos…
[…]
MB : On a eu des gens qui ont contribué régulièrement, ça c’est sûr. En fait le truc c’est que ça… ça regroupe une réalité assez différente je trouve, avec des gens qu’on connaissait très bien, avec qui on a pu beaucoup discuter du zine, et de ce que ça avait pu faire pour eux et des gens qu’on a jamais rencontré en fait, et avec qui il y a eu des personnes avec qui les échanges ça a été : « Bonjour, voilà, je voulais savoir si c’était ok si vous vouliez… mettre, proposer, ce texte », on disait « bah ouais grave » les gens étaient contents et après on leur envoyait le zine fini, puis bah on avait plus trop de contacts. Et on se rencontre des années plus tard et on se rend compte que les gens sont très contents, mais pour le coup moi j’ai eu le sentiment à un moment donné que certaines personnes utilisaient ça, et il n’y avait vraiment pas de soucis, mais un peu comme un endroit où tu déposes quelque chose et ensuite tu t’en occupes plus. Voilà, et je me suis demandé si ça avait cette fonction là pour certaines personnes. Après, le truc c’est qu’il y a aussi des personnes à qui on a sollicité des textes qui avaient déjà été publiés, je pense à Daria par exemple, on avait lu son texte sur son blog et on lui avait proposé de le republier. On avait proposé ça aussi. Donc ça c’est un rapport différent. C’est des gens qui ont déjà mis leur texte quelque part. Donc ça, c’est de mon côté, je ne sais pas si toi Nelly tu avais eu d’autres retours ?
[…]
N : Mais moi j’ai plusieurs exemples qui me viennent en tête en fait. Bon, il y a des choses qui sont autour de la visibilité que ça donne et le fait que moi j’ai eu le sentiment à des moments aussi que je ne savais plus ce que les gens quand ils me rencontraient savaient de moi ou pas. Ça, c’est quand même un peu perturbant. Et puis, avec un côté un peu figé, parce que, par exemple, la personne qui a lu ton texte hier et qu’en fait toi tu l’as écrit il y a 3 ans, et qui te rencontre ensuite, avec l’impression de savoir un truc de toi hyper vrai, alors qu’en fait… Ça je trouve que c’est un peu bizarre dans les relations que ça créait, parfois. Je pense qu’il y a un truc aussi qui m’a bien fait réfléchir depuis. C’est le fait que j’ai vraiment sous-estimé, enfin comment dire. J’avais l’impression que je ne parlais que de moi, et que donc, ne parlant que de moi, j’avais le droit de dire tout ce que je voulais.

Rencontre avec Denis Tricard

Le 23 Juin 2021 à Strasbourg, Clara Deprez, Abigaïl Baccouche-Levy et Yohanna My Nguyen sont allées à la rencontre de Denis Tricard, le responsable du Desk et des pages Région des Dernières Nouvelles d’Alsace de Strasbourg pour en savoir plus sur les fameuses affichettes jaunes. Les échanges ont eu lieu au gré des déambulations au sein les locaux, d’où le caractère parfois fragmentaire de la retranscription.

Mathieu Tremblin

MT : Oui, en quelque sorte. J’avais appelé cette série « croquis d’étude », littéralement Study Sketch. Ce que je fais en peinture a un intérêt parce que je le fais dans un certain contexte. Je choisis un mur et comme je procède la plupart du temps sans autorisation, je n’ai aucune certitude que l’intervention reste ; elle va vraisemblablement générer des réponses ou des interactions multiples et inattendues à cause de cela. Si je fais ce même travail sous forme de dessins, qu’il ne reste plus à voir que le pseudonyme des tagueurs sans leur calligraphie originelle en référence, je soustrais en quelque sorte toutes les questions que l’action sur le terrain va soulever. Le dessin a son autonomie et je préfère que cette autonomie trouve une place dans le quotidien plutôt que dans un espace d’exposition. L’intérêt de l’édition, c’est qu’elle circule dans les espaces du quotidien, qu’elle a une existence dans la vie de tous les jours comme l’art dans l’espace public. On rencontre autant une œuvre urbaine de manière fortuite en marchant dans la rue, que sa documentation sous forme de publication en ligne au détour d’un blog, dans le fil d’un réseau social ou imprimée dans un magazine ou un livre. On arpente indifféremment une ville ou un livre, et l’œuvre est trouvée plutôt que montrée.

Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit END.