Sürkrüt

Blog de l’atelier de Communication graphique de la HEAR

“Faux lumes”, une exposition de sculpture au CEAAC


Faux_Lumes_blog

 

“Dans le cadre du partenariat qui rapproche chaque année le CEAAC et la HEAR, l’exposition Faux Lumes  regroupe les travaux de 25 étudiants du groupe Objet et de la Fabrique autour d’un aspect essentiel de leur démarche : l’intérêt pour la troisième dimension. L’espace plan plan ne suffit pas !
– Vous faites de la sculpture ? Sur quoi ?
– Mais sur le réel, bien sûr !”

La conception de l’affiche et autres supports de communication a été assurée par deux étudiants de l’atelier et une étudiante de l’atelier Livre (respectivement Lucas Descroix, Arman Mohtadji et Julie Deck Marsault).

Faux Lumes
du 21 au 23 février 2014, de 14h à 18h
au CEAAC
7, rue de l’Abreuvoir, 67000 Strasbourg

Catégorie: Observatoire | Laisser un commentaire


Parlons livre : le cas de “French Touch. Graphisme, vidéo, électro”


Ce livre rend compte de l’exposition éponyme qui s’est tenue au Musée des Arts Décoratifs de Paris du 10 octobre 2012 au 31 mars dernier grâce à une collection de documents originaux (flyers, fanzines, pochettes de disques…). Le contenu est riche et révèle à quel point le graphisme et la musique de la génération French Touch étaient indissociables pendant les années 1990 ou plus précisément entre 1991 et 2003. Réalisé sous la direction d’Amélie Gastaut avec H5 aux commandes de la direction artistique, cela ne pouvait donner qu’un très bel objet…

IMG_0001
À première vue, il est très séduisant et porte fièrement les couleurs du drapeau français, certes un peu revisitées et sous acide, mais quoi qu’il en soit la tranche tricolore ne nous laisse pas indifférents. Et puis il y a cette couverture imprimée en Pantone fluo qui nous attire encore plus, et enfin le petit détail qui a son importance, c’est le système de stickers sur la première et la quatrième de couverture sur lesquels sont inscrits le titre et le descriptif du livre, rappelant ainsi le côté approximatif de la communication dans l’industrie musicale pendant la grande période de la French Touch.

Très léger et maniable grâce à sa couverture souple à rabats et à choix de papier astucieux (impression sur papier bouffant), les 208 pages de ce livre se feuillettent très facilement.

Parlons désormais un peu de l’intérieur de ce livre…  Divisé en trois parties, tout comme l’exposition, nous pouvons donc tantôt nous intéresser au graphisme, à l’électro ou à la vidéo séparément grâce à de belles doubles pages introduisant chaque chapitre avec une trame de couleurs différentes. De plus chaque tête de page est habillée d’un système de pagination élégant, permettant une lecture agréable.

La grille est simple mais efficace avec de grands blocs de texte justifiés et de larges marges en haut de page, réservées pour les exergues ou les titres. Tous les documents d’origines sont mis en valeur en pleine page, ce qui est très plaisant ; parfois les scans de livres prennent une double page entière, comme une mise en abyme amusante. L’attention au détail est poussée jusqu’à l’utilisation de la cocarde française réutilisée comme gimmick pour estampiller les artistes majeurs de cette période. Ce repère visuel, tous comme les autres clins d’œil graphiques choisis par H5, appuie avec humour sur notre fierté nationale concernant la French Touch, mouvement qui s’est ensuite illustré sur la scène internationale.


French Touch. Graphisme, vidéo, électro de Amélie Gastaut
Format : 29,2 x 23 x 2,2 cm
Éditeur : Les Arts Décoratifs
Parution : octobre 2012

Catégorie: Observatoire | Laisser un commentaire


« Petite planète » : Mars ?!


Dans le documentaire Toute la mémoire du Monde (video sur YouTube ici) d’Alain Resnais, sur la Bibliothèque nationale de France, un livre est pris en exemple pour présenter le cheminement dans les dédales de l’institution menant à l’archivage d’une nouvelle parution. Il se trouve que ce livre a fortement attiré mon attention ;  j’ai rapidement reconnu une couverture de la collection de livres de voyages Petite Planète aux éditions du Seuil (collection qui avait fait l’objet d’un article l’an dernier sur ce blog), mais son titre « Mars » clochait.  En effet, je savais que ces guides concernaient des pays, mais je n’avais jamais entendu parler d’un guide de tourisme sur la planète Mars…

Quelques rapides recherches sur Petite Planète m’ont permis de confirmer mes doutes ; aucun livre répondant au titre de « Mars » n’est répertorié dans cette collection. Puis en creusant un peu, un nom est venu faire le lien entre ces publications et le film : celui de Chris Marker. En effet ce dernier dirigeait la collection Petite Planète et était également assistant de Resnais sur le tournage de Toute la mémoire du Monde, sous le nom de « Chris and Magic Marker ». Il semble donc que cet ouvrage soit un pastiche de Chris Marker par Chris Marker lui-même !

L’imitation reprend les éléments graphiques des couvertures des premières éditions de la collection, à savoir le portrait d’une femme, accompagné du nom du pays (ici donc Mars…), et d’une gravure (ici un masque de chat, animal fétiche de Chris Marker). Mais on peut découvrir également lors de la manipulation du livre par  les employés de la BNF,  la première double-page dévoilant son sommaire, qui ré-exploite le champs lexical poétique et mystérieux  propre aux sommaires de la collection (et nous laisse ainsi imaginer le contenu du livre), ainsi que la double-page suivante où l’on retrouve le titre de l’ouvrage accompagné d’une silhouette masculine et de figures féminines de la peinture classique (on reconnait la Vénus de Boticelli) portant des sortes de masques tribals. On notera au passage que le nom de l’auteur visible sur cette dernière double-page, est celui de Jeanine Garane, assistante de Chris Marker sur son film Olympia 52.

Capture d’écran 2013-12-13 à 18.26.14

Capture d’écran 2013-12-13 à 18.34.51

Capture d’écran 2013-12-13 à 18.36.03

Capture d’écran 2013-12-13 à 18.33.45

Chose assez surprenante ; si l’on s’attarde sur la fiche descriptive de l’ouvrage qui nous est rapidement montrée par la suite, on peut voir que l’ouvrage est référencé dans la catégorie « astrophysique », alors que la collection Petite Planète se définit elle-même comme présentant des livres de voyages, sans aucune visée scientifique…

Capture d’écran 2013-12-13 à 18.36.42

Cependant, Marker pousse le vice jusqu’à placer ce livre fictif à côté d’autres numéros de la collection Petite Planète (Grèce, Irlande, Hollande, Autriche, Allemagne, Suisse) et du livre de chansons pour enfants La route des oiseaux dont il est l’illustrateur, et, pour finir, va jusqu’à  jouer lui-même le rôle du brancardier chargé d’acheminer l’ouvrage jusqu’à son emplacement définitif dans la bibliothèque.

Capture d’écran 2013-12-13 à 18.31.48

Capture d’écran 2013-12-13 à 18.32.32

Capture d’écran 2013-12-13 à 18.38.28

Capture d’écran 2013-12-13 à 18.39.52

Capture d’écran 2013-12-13 à 18.40.32

Capture d’écran 2013-12-13 à 18.40.43

Capture d’écran 2013-12-13 à 18.42.52

Catégorie: Observatoire | 4 Commentaires


Thomas Huot-Marchand en conférence à la HEAR


Thomas Huot-Marchand, “Six alphabets”

Comment appréhender le dessin d’un alphabet ? Par où commencer, quelle logique appliquer ? Dans ses travaux graphiques, Thomas Huot-Marchand développe fréquemment des fontes spécifiques, pour lesquelles il s’est essayé à divers méthodes et processus. Il présentera six caractères typographiques et leurs applications dans des projets éditoriaux et des identités visuelles. 

Depuis la fin de ses études aux Beaux-arts de Besançon et de Madrid, puis à l’Atelier national de recherche typographique, Thomas Huot-Marchand (1977) partage son temps entre l’enseignement, la création de caractères typographiques et le design graphique. Après avoir enseigné pendant 9 ans à l’Institut supérieur des Beaux-arts de Besançon et à l’École d’art et de design d’Amiens, il a été nommé en 2012 directeur de l’Atelier national de recherche typographique, à Nancy.

Le Minuscule, un caractère qu’il a dessiné pour les très petits corps, a reçu de nombreux prix internationaux (Type Directors Club de New York en 2005) et a été désigné en 2010 comme l’une des “Ten typefaces of the decade”. Pensionnaire à la Villa Médicis en 2006-2007, il vit et travaille à Besançon, où son activité de graphiste se développe principalement dans le milieu culturel.

La plupart de ses travaux de commande sont l’occasion pour lui de développer de nouveaux alphabets, dont certains sont, ou seront, diffusés par le biais de sa fonderie, 256TM. Depuis 2010, Thomas Huot-Marchand est membre de l’Alliance graphique internationale.

L’affiche, réalisée par des étudiants de l’atelier (Erwan Coutellier et Lucas Descroix), utilise les caractères Minuscule 6 et Minuscule 2, respectivement en corps 6 et 2.


Jeudi 13 février 2014, à 18h00
Haute école des arts du Rhin
Auditorium, 1 rue de l’Académie,
Strasbourg
Conférence ouverte à tous

Catégorie: Observatoire | Laisser un commentaire


Voyage dans l’ancienne Russie


Le Musée Zadkine, ancien atelier du sculpteur, est situé rue d’Assas dans le 6e arrondissement de Paris. Malgré l’espace restreint, il propose chaque année des expositions temporaires qui se glissent entre les sculptures.

L’exposition en cours présente les photographies de Sergueï Mikhaïlovitch Procoudine-Gorsky (1863-1944), qui pour le compte du tsar parcourut entre 1909 et 1916 tout l’Empire de Russie.

Procoudine-Gorsky, chimiste de formation, avait mis au point une technique de photographie en couleur trichrome. Trois plaques de verre monochromes rouge, verte et bleue, exposées à partir de trois filtres différents et projetées ensuite simultanément, reconstituaient l’image en couleur. Le dispositif de projection produisait des images lumineuses dont la fidélité aux couleurs originales était sans précédent. Sur papier, les tirages lithographiques des photographies n’égalaient pourtant pas la finesse de l’image projetée.

Les plaques de verre de Gorsky, sorties de Russie à la Révolution puis oubliées, ont été exhumées du fonds de la Bibliothèque du Congrès à Washington en piteux état, puis (en partie ?) numérisées.

Mais aujourd’hui comme alors, l’impression successive des trois monochromes donne un résultat décevant. Or le dispositif de l’exposition du musée Zadkine évite cet écueil. Sans reconstituer la chambre de projection trichrome de Gorsky, les photographies, présentées sur les écrans lumineux de caissons blancs, parviennent peut-être à approcher de celles qui furent montrées au tsar. Elles font l’effet de diapositives géantes que l’on regarderait à la table lumineuse.

L’éclairage par l’intérieur redonne à ces images le caractère magique qu’elles ont dû avoir lorsqu’elles furent montrées pour la première fois à des yeux qui ne connaissaient pas la photographie couleur.

Un livre est édité à l’occasion de l’exposition. S’il ne restitue par la magie des photographies exposées, il retrace néanmoins avec précision le parcours de Procoudine-Gorsky en Russie et rassemble des images dont la nature insolite suffit à émerveiller : une Russie d’un autre temps qui s’étend jusqu’à l’Asie centrale.

Musée Zadkine
100 bis rue d’Assas
75006 Paris

Exposition jusqu’au 13 avril
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h, fermé le lundi.

Pour en savoir plus :
sur le site de la Ville de Paris
sur Dailymotion
au Musée Zadkine

Catégorie: Observatoire | Laisser un commentaire