Sürkrüt

Blog de l’atelier de Communication graphique de la HEAR

Portrait de Simon Renaud


Simon Renaud est originaire de Nancy, il y a passé le bac arts appliqués.
Il est allé ensuite à Lyon pour faire un BTS graphisme, édition, publicité
à la Martinière-Diderot. Formation qui lui laissait peu de temps pour expérimenter. Alors, il décide de se tourner vers des écoles d’art pour poursuivre ses études. Arts décos de Strasbourg, Beaux-arts de Nancy ? Finalement son intérêt pour les ateliers de l’école (sérigraphie, livre…) et le travail de Pierre di Sciullo le pousse à aller à Strasbourg. Comme beaucoup d’entre nous, il regrette un peu le manque d’accessibilité de ces ateliers.

Il est donc diplômé des Arts décos en Communication graphique en 2004. En trois ans à Strasbourg, il pousse son autonomie. Cette autonomie qui est bien plus difficile à obtenir en BTS. Il commence aussi à découvrir le travail en collaboration, avec d’autres étudiants de l’école.

Communication pour l'exposition des diplômes de la HEAR, en 2012. Avec Jérémie Nuel

Communication pour l’exposition des diplômes de la HEAR, en 2012. Simon Renaud et Jérémie Nuel

Il a apprécié l’ouverture de l’école vers la pluridisciplinarité. Ainsi, il élargit son panel : animation, photographie, vidéo. Pour enrichir son travail d’expérimentation autour de nouvelles techniques, il fait un post-diplôme à Cracovie. Là-bas, il s’essaie à la gravure sur zinc, au film d’animation, au dessin à la plume… À son retour de Pologne, il retourne à Strasbourg pour mettre en place un atelier avec un ami rencontré aux Arts décoratifs, Jérémie Nuel. Ils ont commencé à travailler sur des projets collectifs dès la troisième année. lls partent s’installer à Lyon. Ils y restent trois-quatre ans, puis ils partent à Paris : A is a Name est né. Aujourd’hui, après 10 ans de collaboration le duo s’arrête

Maintenant Simon est freelance, à Paris. Il essaie d’avoir des clients à l’international. Depuis qu’il a travaillé avec Dazed & Confused, il se rend compte de l’ouverture d’esprit des pays étrangers sur le design graphique. Il peut développer avec eux des travaux conceptuels et en adéquation avec son propos. Celui-ci s’oriente autour de l’écriture, des codes et des machines numériques. Il tient d’ailleurs un tumblr « languages as symbols ». Il y rassemble des systèmes d’écritures du monde entier. Aujourd’hui c’est presque devenu ses obsessions. Ainsi, les workshops qu’il initie tournent beaucoup autour de ces deux thèmes. Par exemple, ce semestre en tant que prof aux Beaux-arts d’Amiens, il a proposé un sujet autour du livre électronique « Livre machine, tête de lecture » .

On en vient ainsi à parler de l’importance de la scénographie des projets de graphisme. L’exposition du design graphique devient primordiale aujourd’hui.

D’ailleurs en parlant d’exposition, Simon Renaud expose du 25 février au 20 mars au Toutouchic à Metz. Il y présentera sa typographie l’Anamorphosis qu’il avait commencé à créer en post diplôme à Cracovie. Il y aura aussi des lettres en volume, des photographies…

À bientôt à Metz.

Simon Renaud, typography & graphic design
Workshops
Languages as symbols

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Le graphisme.
Pour qui ? Pourquoi ?


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Nous nous sommes tous assis, ce samedi midi, autour de la grande table de travail de l’Atelier de création graphique, fondé en 1990, après la fin du collectif Grapus. Pierre Bernard est revenu avec nous sur l’histoire de son atelier et de ses différentes collaborations au fil des années. De ses débuts au magazine Jeune Afrique dont il réalisait la maquette jusqu’à l’identité visuelle du parc de la Villette, Pierre Bernard nous a présenté ses projets avec le recul nécessaire et une fine analyse du métier de graphiste et son évolution.

Diplômé de l’Ensad en tant que décorateur spécialité art graphique, il voyage ensuite en Pologne où il est admiratif des affiches libérées de la rigueur formelle constructiviste, et libératrices par leur caractère contestataire et poétique. Ce langage qui s’est développé en réaction à la censure et au diktat de l’esthétique dominante, a nourri Pierre Bernard, notamment grâce à l’enseignement de Henryk Tomaszewski et l’école polonaise.

Quelques années après, il participe activement au mouvement de mai 68 qu’il considère comme un moment « magique » et « éblouissant », et rencontre Gérard Paris-Clavel et François Miehe, bientôt collaborateurs du collectif Grapus. L’utilité sociale du graphisme, toujours présente dans son travail constituait le fil directeur de sa présentation. Le souci de rendre l’information et la culture accessibles à toutes et à tous se reflète dans des projets comme l’identité du parc de la Villette, du musée du Louvre ou encore des commandes pour des institutions publiques. D’autres projets, comme la collaboration avec le Parti communiste ou le Secours populaire français, révèlent un besoin criant de s’exprimer sur des causes sociales et politiques.

Un brin nostalgique des années où l’engagement était plus ancré dans les consciences collectives, Pierre Bernard n’est pas pour autant pessimiste quant à l’avenir du graphisme engagé. Bien que l’Atelier de création graphique se soit créé selon lui dans une période régressive où l’individualisme prenait le pas sur la conscience collective, Pierre Bernard voit émerger aujourd’hui plusieurs collectifs dont le travail fait écho à nos problématiques contemporaines.

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Rémi Jimenes, « La typographie, source et objet d’histoire : l’historien du livre face au design graphique »


Compte-rendu de la conférence de Rémi Jimenes, dans la cadre du colloque « Design graphique, les formes de l’histoire ».

Fraîchement diplomé d’une thèse sur Charlotte Guillard, veuve des imprimeurs Berthold Rembolt et Claude Chevallon, Rémi Jimenes est un doctorant au Centre d’études supérieures de la Renaissance. Mais c’est aussi un ingénieur d’études aux Bibliothèques virtuelles humanistes.

Le livre, un concept global

Pour Rémi Jimenes, le design graphique est une science auxiliaire de l’histoire du livre. Selon lui, il y a trois manières indissociables d’aborder le livre :

1) L’ornement
2) La composition du texte/la mise en page
3) Le choix typo

La composition doit être adaptée à chaque objet. Mais à la renaissance ce n’était pas forcément possible donc il n’y a pas de grille/de design à analyser de manière individuelle. Cependant à cette époque, tout est à faire, à inventer. C’est l’âge héroïque du livre. Il va donc y avoir toute une période de construction de l’histoire de l’objet livre. La bible à 42 lignes de Gutenberg va ainsi être un matériel très utilisé par les imprimeurs. C’est une véritable mine d’informations pour eux évidemment. Et la bible à 42 lignes inspire encore aujourd’hui. Les Éditions B42 lui rendent par exemple un hommage par leur nom…

L’histoire du livre comme pratique et comme enseignement est très peu développée (voire n’existe pas du tout) dans les universités françaises alors qu’il y a de plus en plus de chercheurs qui traitent de ce sujet aujourd’hui. C’est une pratique qui se développe officieusement.

Lucien Febvre (1878-1956), par exemple, est le rénovateur de la science historique c’est-à-dire que pour lui l’histoire c’est aussi la sociologie, l’économie, la politique, la culture… Et il commence donc à voir l’apparition du livre comme faisant partie intégrante de l’histoire.

Mais le père fondateur de cette démarche est Henri-Jean Martin. C’est un historien français spécialisé dans l’histoire du livre et de l’édition. Il aborde ainsi le livre sous différents aspects : le commerce, la sociologie, l’économie… Il s’attache à l’étude de ses interactions, sa fonction d’archives, les conditions socio-économiques qui l’entourent, mais aussi les conditions de lecture.

Ainsi, l’approche graphique du livre serait juste un angle d’attaque parmi tant d’autres : l’aspect littéraire, technique, social ou encore économique. Le livre serait donc un projet bien plus global que ce que pourrait imaginer un néophyte.

L’excellence typographique, moteur de renouvellement

L’histoire de l’excellence typographique contribue aussi nettement au développement du livre. Les pères fondateurs de cela sont les typographes humanistes comme Alde Manuce ou Claude Garamond. Puis plus tard, des personnes comme Francis Thibaudeau ou Stanley Morison vont mettre en lumière les évolutions typographiques. Claude Garamond a commencé à être actif dès 1530. Il grava par exemple pour Estienne deux caractères : un gros Canon et un gros Romain. On pensait à l’époque que c’était lui le typographe le plus influent. Mais d’après Rémi Jimenes, on s’est rendu compte depuis que le Garamond aurait en fait été inventé avant Claude Garamond lui même. Cette découverte d’erreur dans l’histoire est possible grâce aux systèmes d’analyse et d’identification de fontes et d’archives.

La bibliographie, comme élément fondateur de l’histoire du livre

L’importance de l’identification de l’imprimeur par le matériel typographique est une notion inhérente au travail de Rémi Jimenes. Identifier est presque devenu une nécessité pour l’époque des Elzévirs qui ont souvent été contrefaites. Henry Bradshaw, un bibliothécaire britannique a par exemple créé la première liste de typographies en développant des recherches minutieuses à travers les incunables. Robert Proctor s’est lui aussi lancé dans la bibliographie et a ainsi catalogué des incunables par pays et villes d’impression puis par imprimeurs et éditions. Entre 1906 et 1911, sous la direction de Konrad Haebler, un vaste inventaire d’incunables est créé. Il puise des informations dans 676 bibliothèques allemandes et recense 145 000 exemplaires d’incunables. Tout cela va créer un fond documentaire très important qui sert encore aujourd’hui.

L’identification permet donc de pouvoir reconnaitre les presses de tel ou tel imprimeur et de savoir à quel imprimeur appartient telle typographie. Même s’il y a eu des périodes plus complexes pour l’identification. En effet, au XVIe siècle, beaucoup d’imprimeurs s’échangeaient leurs caractères typographiques. Mais chacun composait différemment et c’est cela qui permet d’identifier un imprimeur précis.

C’est justement un système d’analyse du matériel typographique qu’a développé Rémi Jimenes : les Bibliothèques Virtuelles Humanistes. C’est un projet ambitieux de numérisation et de reconnaissance d’ouvrages de la renaissance. Il permet d’extraire le texte, les lettres ornées, les marques imprimeur etc. Peut-être que ce projet pourrait être une bonne base de matériaux pour les graphistes et typographes. Mais le site mériterait un bon rafraichissement visuel…

À lire/voir :

Le site des Bibliothèques virtuelles humanistes
Roger Chartier et Henri-Jean Martin, L’histoire de l’édition Française
Sous la direction de Dominique Varry, 50 ans d’histoire du livre : 1958-2008
Alain Cavalier, La relieuse

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visite à l’arche


Jeudi 27 Novembre 2014 : l’atelier de communication graphique part à Paris.

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Au programme de notre séjour :

Jeudi et vendredi : colloque international sur le design graphique et ses formes dans l’histoire organisé par Catherine de Smet, André Baldinger et Philippe Millot et modéré par Patricia Falguières avec des interventions de Gerard Unger, Teal Triggs, Rick Poynor, Olivier Lugon, EnsadLab Type, Gordon Bruce, Fred Smeijers, Christopher Burke, Rémi Jimenes, et Alice Twemlow.

Samedi : visites d’ateliers au choix entre Pierre Bernard, Frédéric Teschner ou Laptop.

Nous avions aussi la possibilité de nous rendre à d’autres expositions lors de ce voyage. Nous allons partager ici notre expérience sur celle de la passerelle de l’Arche Cafétéria à Verdun, de loin notre préférée !

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Située à Haudiomont, près de l’aire de Verdun-Saint Nicolas sur l’autoroute A4, ce chef d’œuvre architectural est une institution polyculturelle originale entièrement vouée à la création moderne et contemporaine où les arts plastiques côtoient les livres, la cuisine, le design et la grisaille.

Lors de notre visite matinale, nous avons pu découvrir plusieurs galeries toutes plus intéressantes les unes que les autres. À l’entrée de l’Arche, s’érige une majestueuse sculpture cubiste en hommage au conflit de la guerre 14-18, entourée de totems au design épuré. Ce premier aperçu nous laisse imaginer la subtilité de la collection permanente.

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Le parcours s’amorce au rez-de-chaussée, l’Arche propose une expérience hors-norme et unique en son genre : le spectateur est invité à gravir les marches ou à emprunter l’escalier mécanique afin de se confronter à la première galerie d’œuvres permanentes. Celle-ci présente une série de tableaux surréalistes particulièrement sensibles : violentes dans le dessin et dans l’application des pigments, ses lignes volantes éclaboussent avec intensité les couleurs chaudes et froides, qui se confrontent pour créer des constructions vigoureuses et sculpturales emprisonnées dans des formes organiques.

Ce qui n’est pas sans nous rappeler l’action painting incarnée par Jackson Pollock.

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Il faut aussi noter avec quelle attention la scénographie de l’Arche révèle le travail des artistes, le dôme vitré surplombant cette galerie offre une lumière zénithale optimale qui participe à l’instant contemplatif, tout en étant une œuvre magistrale à part entière.

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Au bout de ce long couloir baigné de lumière, qui se veut un trait d’union entre le début et la fin du parcours, se trouve un espace de relaxation dans lequel le spectateur fait partie intégrante de l’œuvre. Il est invité à interagir avec les différents dispositifs tel que le « Siège Massant ».

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Pour finir, un restaurant ainsi qu’une librairie-boutique dans laquelle on trouve une grande sélection dans le domaine des éditions d’art. Toutes les disciplines de la création moderne et contemporaine y sont représentées : presse politique, journaux à sensations, romans, sudoku…


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Hélas, pris par le temps, nous n’avons pas eu l’occasion d’apprécier la totalité des œuvres exposées à l’intérieur mais aussi à l’extérieur de l’Arche. Ce qui nous laisse une bonne occasion d’y revenir très prochainement. En conclusion, nous vous recommandons chaudement la visite de l’Arche Cafétéria pour son originalité et sa sélection artistique qui n’a rien à envier aux plus grands musées d’art contemporain.

Merci à Quentin C, Clémentine, Josué, Benjamin, Quentin L, et à Estelle pour leurs photos de l’exposition.

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Le Maroc médiéval, exposition au Louvre


Panneau de Zellige (détail), Fès (Maroc), madrasa Bu'inaniya, XIVe siècle. Céramique glacée polychrome, H: 160cm, l: 77cm. Fès, musée des Arts et Traditions, Dar Batha.

Panneau de Zellige (détail), Fès (Maroc), madrasa Bu’inaniya, XIVe siècle.
Céramique glacée polychrome, H: 160cm, l: 77cm.
Fès, musée des Arts et Traditions, Dar Batha.

 

Jusqu’au 19 janvier le Louvre accueille l’exposition Le Maroc médiéval. Un empire de l’Afrique à l’Espagne. Traversant différentes périodes politico-culturelles du XIe siècle au XVe siècle, près de 300 objets (ou œuvres?) sont réunis à la lumière d’un éclairage historique précis et détaillé qui rend l’exposition particulièrement instructive.

Mais la beauté et sans doute aussi la rareté des pièces exposées, souvent prêtées par des collections ou musées internationaux, valent seules le détour. Chefs-d’œuvre de marqueterie, motifs remarquables de décors architecturaux, livres calligraphiés, enluminés, annotés, tissus brodés, grands tirages de photographies couleur du début du siècle, font le bonheur des yeux du visiteur, surtout s’il est graphiste.

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Hall Napoléon, sous la pyramide, du 17 octobre 2014 au 19 janvier 2015.
Tous les jours sauf le mardi, de 9h à 18h.
Nocturnes les mercredi et vendredi jusqu’à 21h45.
Étudiants de moins de 26 ans, vous paierez moins cher en prenant la carte jeune du Louvre (en ce moment à 12€) qui offre une année complète de gratuité pour toutes les expositions du musée ainsi que d’autres avantages, plutôt qu’en payant l’entrée de l’exposition à 13€…
En parallèle: le Maroc contemporain, à l’Institut du monde arabe et jusqu’au 25 janvier.

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